
affeéloit de méprifer, parce qu'ils étoient fans cavalerie
& fans nobleffe , qu'ils n'avoient pour chef
qu'un tiflerand, qui avoit pour lieutenant un bouclier
, 8c qu'ils n'oppofhjent à cinquante mille
hommes de troupes aguerries , que vingt - cinq
mille artifans tirés des boutiques de G and & de
Bruges, ou des laboureurs arrachés pour un tems
à la charrue. Cependant les Flamands s'étoient
avantageufement retranchés entre Bruges 8c Cour-
tray j ils étoient défendus , au nord , par la Lys j au
midi 3 par un large canal qu'on n'appercevoit que
quand on étoit fur le bord > au levant & au couchant,
par des fofifés profonds. Cette bataille elt
une des premières où l'on apperçoive un plan, une
aûiète de camp, choifie & fécondée par un art fen-
fible. Le connétable de Nefle étoit d'avis, ainlî
que plufieurs autres chefs, de refpe&er la polition
des Flamands, de ne point combattre & de fe
contenter de les affamer dans leur camp. Le comte
d'Artois jugea indigne de fa gloire d'ufer de mé*’
nagement avec ce qu'il appeloit une populace fédi-
tieufe. Le connétable influant, le comte d'Artois
lui reprocha en public de vouloir épargner les
Flamands , parce qu'il avoit marié fa fille à un des
fils du comte de Flandre. Non 3 répondit froidement
le connétable , je ne fuis point un traître ,• fui-
vc^-moi feulement 3 & je vous mènerai f i avant 3 que
nous n en reviendrons ni tun ni l'autre. 11 tint parole.
Le connétable Raoul de Nefle ou Néelle étoit
de la Maifon de Clermont en Beauvoifis. ( Voyer
l'article Clermont 3 dans le Dictionnaire. )
N E TTER ( T homas ) , ( Hift. litt. mod. ) 3
théologien canne des quatorzième & quinzième
fiècles , fut plus connu fous le nom de Thomas
aldenfis ou Thomas de Walden 3 du nom d'un
village d'Angleterre où il naquit. 11 difputa beaucou
p, au concile de Confiance , contre les Wi-
cléntes & les Fluffites,. & les terrafla, fi l'on en
croit les écrivains catholiques. Il étoit la terreur
de ces hérétiques, & le moindre difputeur pouvoir
l'être en~ tramant à fa fuite des bûchers & des
bourreaux. 11 eft fâcheux que ce concile de Conf-
tance, dont la mémoire eft; refpeCiable à d’autres
égards, rappelle toujours l'infidélité de l'empereur
Sigifmond & la cruauté des théologiens. On a de
Netter quelques ouvrages favans , entr'autres le
Doctrinale antiquitatum fidei Ecclefia catholica . en
trois volumes in-folio, & cependant imprimé plu-
fieurs fois. L'auteur mourut en 1430.
N IC É A R Q U E , ( Hift. anc. ) , l'un des plus
grands peintres de l'antiquité. Les auteurs anciehs
vantent furtout à l’envi trois morceaux de lu i ,
qu'ils repréfentent comme des chefs-d'oeuvre :
une Vénus au milieu des trois G râces, un Cüpidon,
un Hercule vaincu par l'Amour.
NICON ( Sa in t ) , ( Hifi. eccl. & litt. ) , moine
du dixième fièclei furnommé Métanoïte, travailla «
; beaucoup 8c utilement à la converfîon des Armé-
» niens. On a de lui, fur la religion de ces peuples, j un Traité qu’on trouve dans la bibliothèque des
I Pères. Mort à Corinthe en 95/8.
| . NIGIDIUS. ( Hifi. litt. de Rome. ) Publius-Nigi-
I dius-Figulus, contemporain de Cicéron & de C é -
j far, eft regardé comme le plus favant des Romains
après Varron $ il s'occupoit principalement de la
phyfique & des fciences qu’on appelle exactes, au
nombre defquelles il mettoit, comme on l'a fait
fi long-tems, l'aftrologie judiciaire. Il profefToit
hautement cette fcience chimérique, & Suétone,
qui ne la dédaignoit pas, rapporte que Nigidius
ayant été -informé de l ’heure à laquelle Augufte
étoit né , déclara que cet enfant deviendroit un
jour le maître du monde. Suétone ne s’étoit vrai-
femblablement pas fait informer aflfez exactement
de l'époque précife 8c des circonftances de cette
prédiction. Ce Nigidius, qui avoit fi bien prédit
ou prévu les deftinées futures d'Oétave, avoit été
moins clairvoyant fur la fienne ; il avoit cru que
le parti de la République triompheroit, & en con-
féquence il avoit fuivi Pompée contre Céfar. Après
la bataille de Pharfale, il vécut dans l'exil comme
les autres partifans de Pompée. Cicéron, qui s'é-
toit attaché au même p a r t i, qui confervoit les
mêmes fentimens, mais q u i, par fon mérite, &
plus encore peut-être par un effet de fes irréfo-
lutioiis & de fâ foiblefle, avoit trouvé grâce devant
le vainqueur, quoique fans obtenir fa faveur
& fa confiance, Cicéron écrit à Nigidius fon ami,
pour lui donner des confolations & des efpérancesi
Il loue Céfar > il fe loue de fes égards & de fes
ménagemens > mais il déplore la dureté des tems 3
les nombreux abus de la viêtoire, les inconvéniens
du pouvoir fouverain auquel on n'étoitpas accoutumé}
cartes Romains étoient alors, à l'égard de
Céfar, ce que les Athéniens avoient été à l’éeard
de Pififtrate :
Cum triftem fervitutemferent Attici ,
Non quia crudelis ille 3fed quoniam grave
Omninà infuetis omis , &c.
On entrevoit, dans ces plaintes de Cicéron ,
que la chute de fon crédit paffé n’eft pas ce qiii
le touche le moins dans la chute de la Republique.
« Autrefois, d it-il, je pouvois adoucir lefort d'un
»3 malheureux, je pouvois même fauver un cou-
»> pable ( il faut croire qu’il ufoit fobrement de ce
" dernier pouvoir ) j aujourd’hui je me vois dans
»3 l'impuiffance de fervir même un homme, un ami
33 du mérite de Nigidius. Qui anteà aut obfcuris ho mi-
33 nibus , aut etiam fontibus opitulari poteram, nunc
»3 Publio-Nigidio 3 uni omniumdottijfimo &fanciijfîmo3
33 Ô* maximâ quondamgratiâ, 6* mihi cert'e amicijfimo,
33 ne benignè quidem pollketi pojfum. »3 II déplore
furtout, avec une jufte amertume, la perte de tant
de bons citoyens, de tant d’amis.iUuftres ou morts
dans
dans les combats, ou écartés & difperfés par la
tempête, 8c dépouillés de leurs biens. Careo enim
çùmfamiiiarijftmis multis, quos aut morseripuit nobis3
aut diftraxitfuga ; tiim omnibus amicis quorum bene- .
volentiam nobis conciliârdtper me quondam t e so c io
d e f en sa R e s p u b l ic a . Verforque in eorum naufrages
& bonorum direptionibus. Nec audio folum quoft
ipfum ejfet miferum 3fed etiam video quo nihil eft acer-
bius , eorum fortunas dijjipari 3 quibus nos ohm adju-
toribus illudincendium extinxijnus; &in quâurbe modo
gratiâ , automate , gloriâ floruimus , in eâ nunc iis
quidem omnibus caremus.
Ces mots, te foçio defenfa Refpublica, femblent annoncer
que Nigidius n’avoit pas une part médiocrë
aux affaires de fon tems j mai^ c'eft furtout comme
favant qu'il eft célèbre } c'eft à ce titre qu'il eft
vanté par tous les anciens : il avoit écrit fur la
grammaire, fur l’ aftrologie ,. fur diverfes autres
fciences. 1 a lettre touchante que Cicéron lui
adrefle, eft la .treizième duTivre IV des Lettres
ou Epîtres dites familières , & cette lettre eft un
monument de gloire pour Nigidius.
NIGRISOLÏ.' ( Hiß. litt. mod. ) Jérôme & François
Marie, père & fils, tous deux médecins àFer-
rare, & tous deux fayans médecins. L’un mort en
1685), l'autre en 1727, font auteurs : le premier,
; d'un ouvrage intitulé Progymnafmata medica ; le
fécond , d'un Traité du quinquina en latin , de la
P hat macopAa ferra/ienfis 3 8c d'autres ouvrages qui
ont eu du fuccès. v
NIHUSIUS ( Ba r t h o l d ) , ( Hift. litt. mod. ) ,
favant Allemand, né en 1589 , à Wolpe dans les
. Etats de Brunfwick, d'une famille luthérienne, fe
fit catholique à Cologne vers l’ an 162!. Sa con-
yerfîon ne fut pas inutile à fa fortune : d'emplois
en emplois il devint fufffagant de l’archevêque de
Mayence , fous le titre d'évêque de Myfie. On a
de lui les livres intitulés Annotâtiones de communione
Orientalium fub fpecie unicâ3 & Traclatus chrorogra-
phicus de nonnullis A fia provinciis ad Tigrim , Eu-
phratém 3 & c . & plufieurs autres ouvrages de con-
troverfe & d'hiftoire. Mort en 1657.
. NOATLLES. À cet article, tome I V , partie Jre.,
n°. 9 , colonne 2 , on lit ces mots : « Anne-Jules ,
33 maréchal duc dé Noailles : c'eft le premier de
»3 quatre maréchaux de France confécutifs, dont
»3 deux le ’ font actuellement ( en 1790) , & par
w une diftinciion dont i l ne parole pas qu'il y ait eu
•• d'exemple depuis les maréchaux de Lautrec & deFoix3
30 fous Franfois I , ces deux maréchaux de France font
»» frères. » ! ■ ! :
Ce qui eft foufligné ici eft une erreur qu'il faut
corriger : les deux derniers maréchaux de France
ont été nommés en même tems par une feule 8c
même promotion (en 177J ). Voilà tout ce qu’il
y a , fur ce point, de particulier à la Maifon de
Noailles ; car il y a plufieurs exemples, depuis les
Hiftoire, Tome Fri . Supplément.
de Foix - Lautrec ,.de frères q u i, fans avoir été
compris dans une même promotion ( non plus que
les maréchaux de Lautrec & de F oix , le premier
nommé par Louis XII , le fécond par François I ,
le 6 décembre 1518 ) , fe font vus cependant revêtus
en même tems de la dignité de maréchaux
de France. ' : r <
La Maifon de Montmorenci, qu’il faut toujours
mettre à la tête de toutes les autres, non-feulement
pour fon ancienneté, mais pour fes fervices 8c
pour les dignités militaires accumulées fur elle &
toujours méritées , la Maifon de Montmorenci a
e u , depuis les de F o ix , cette diftin&ic>n de deux
frères , maréchaux de France en même tem s ,
quoique nommés à différentes époques. François ,
fils aîné du connétable Anne, fut nommé maréchal
de France en 1 $■ f 9 } 8c Henri, fécond fils du même
connétable Anne, 8c lui - même connétable dans
le fuite, fut nommé maréchal de France le 10 février
1 yéé. Depuis cette époque jufqu’à la mort
de François, arrivée le 6 mai 1 ^79 3 ces deux
frères furent enfemble maréchaux de France.
Il n’y eut pour ainfi dire qu’un moment, dans
la Maifon de Lhôpital- V itry , deux frères maré-
chaux de France enfemble. Nicolas de Lhôpital-
Vitry fut fait maréchal de France, en 1 6 1 7 , à la
place du maréchal d’Ancre : il mourut le 28 fep-
tembre 164^. François de Lhôpital, feigneur du
Ra llier, fon frère, avoit été nommé maréchal de
France deux ans avant la mort de Nicolas , en
1643.
Mais le duc de Duras, Jacques-Henri de Dur-
fort , 8c Gui-Aldonce de Durfort fon frère , tige
des ducs de Lorges 8c de Randan , furent très-
long-tems maréchaux de France enfemble, le premier
ayant été nommé le 30 juillet i 6j ) 3 8c étant
mort le 12 octobre 1704, & le fécond ayant été
nommé en 1676 , 8c étant mort le 22 octobre 1702.
Nos pères ont vu , dans la Maifon d’Eftrees ,
une autre diftinétion remarquable , le père , maréchal
de France , voir fon nls élevé à la même dignité.
( V o y e i, dans le Di&ionnaire, l’article Ef-
trées ) , tome I I , partie I I , pag. 494 8c 495-.
Nous avons vu , de nos jours , la même chofe
arriver dans la Maifon de Biron, aux deux derniers
maréchaux de Biron , père 8c fils.
Pour revenir à la Maifon de Noailles, outre cette
fuite non interrompue de maréchaux de France ,
elle compte une fuite aufli non interrompue de
cinq premiers capitaines des gardes-du-corps j &
ies petits-fils de M . le maréchal de Mouchi, branche
cadette, font aufli fils d’un capitaine des gardes
ils font encore petits-fils, par madame leur mère ,
d’ un autre maréchal de France, capitaine des gardes,
M. le maréchal-prince de Beauvau, & ils peuvent
dire comme Ulyfle dans les métamorphofes :
Eft quoque per matrem Cyllenius addita nobis
Altéra nobilitas , Deus eft in utroque parente.
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