
frères que lailïbit ce fils du comte de Pembrock.
L'aine de ces frères , qui lui-même étoit beau-
frère d'Henri j outté d'une telle injuftice , fe jeta
dans~larévolte3 & en ravageant les terres du Roi,
fe fit rendre les fîennes. Telle étoit l ’adminiftra-
tion de de Burgh > des entreprifes, des.violences,
de la foiblefife, de la baflefiè. Le gouvernement
outrageoit tout le monde, & demiandoit pardon à
tout 1 1 monde, parce qu'il n'avoit pas aifez de vigueur
pour foutenir fes injuftices. De Burgh ten-
toit tou t, dans l'efpérance que quelque c’hofe rëuf-
firoit, que quelque ufurpation refteroit impunie,
& l’enrichiroit, ainlî que Ton maître, toujours
avide 8c toujours pauvre. Au refte, il entouroit,
comme nous l’avons d it, le Roi de voluptés , de
peur qu'une inquiétude, qui lui étoit naturelle,
ne l’arrachât à l’indolence. Henri avoit prefque
toutes lês foiblefi.es du roi Jean fon père ; il en
•avoir furtout i’inconftance. On lui confeilla d’éloigner
de Burgh, & de rappeler l'évêque de Win-
chefter > il le fit. L'évêque donna au Roi quelques
fêtes , lui fit quelques préfens : il n'en fallut pas
davantage pour le faire rentrer dans toute fon ancienne
faveur j mais l ’évêque ne fe contentoit pas
de la difgracé de de Burgh 5 il vouloir fa mort 5 il
fit rechercher, fon adminiftration , 8c s’emprefia
de lui trouver des accufateurs. On chargea le malheureux
de Burgh de tous les crimes poiïibles 8c
impofiibles; il étoit forcier, il avoit pris dans le
tréfor de la couronne une pierre qui avoit la vertu
descendre invifible 8c invulnérable, & il l’avoit
envoyée au prince de Galles, ennemi de l ’Etat.
De Burgh fe retira dans un prieuré , efpèce d’aftle
où il s’a ttendoit cependant d’être forcé ou tue :
l ’ordre étoit donné. Un ennémi de de Burgh, le
comte de Chefter, eut feul la génércfité de repré-
fenter au Roi qu’ il fe mariquoit à lui-même en
privant fon miniftre du droit acquis à tout citoyen
d’être jugé félon les lois. De Burgh eut donc la
liberté de fe défendre > mais à. peine étoit-il forti
de fa retraite pour préparer fa juftification , qu'au
mépris du droit d’anle & de la charte des libertés,
on l’arrêta dans une chapelle, où il fut trouvé
armé d’une croix dans une main 8c du faint facre-
ment dans Fautre. On le chargea de fers. Le peup
le , qui le déteftoit dans fa gloire, prit pitié de lui
dans fon abaifiement. Un forgeron, à qui on ordonna
de ferrer fes fers , refufa fon miniftère.
De Burgh ayant tant de fois violé la grande charte
des libertés., avoit perdu le droit de la réclamer}
mais c’étoit. toujours avec peine que le peuple la
y oyoit violer fi ouvertement, même dans la personne
de fon plus grand infraCteur. Les évêques
firent bien plus de bruit encore fur la violation du
droit d'afîle : ouparla d’excommunication. Le Roi
8c l'évêque de Winehefter trouvèrent un expédient
qui parut admirable pour appaifèr ces clameurs
; ce fut de remettre de Burgh dans fa chapelle,
& de l'y bloquer. Quand il fut près de
mourir de faim , il fortit : on l’arrêta 8c jon l’enferma.
Le.Roi lui pritsune partie de fon bien, &
déclara qu'il lui lailïbit l'autre avec la yie } mais
l’évêque de Winehefter, qui s'obftinoit à vouloir
fa mort, follicita le gouvernement du château où
fon ennemi étoit renfermé. De Burgh le fut, & fe
jugea perdu 5 il fit part de fes allarmes à fes gardes,
qui, touchés de fon fort, le laiflerent échapper.
Ôn le reprit encore dans une églife } les éveques
crièrent encore, 8c lè gouvernement trouva fi ingénieux
l’expédient dont il s’étoit déjà fervi, qu’ il
s'en fervit encore. On remena de Burgh dans fon
églife, 8c on l’y bloqua de nouveau > mais le fuccès
ne fut pas le même. Des amis de de Burgh vinrent
à fon feepurs, le délivrèrent, 8c il alla dans
le pays de Galles fe joindre au comte de Pembrock
, qu’ il avoit perfécuté autrefois , mais qui,
Te yoyant malheureux & opprimé à fon tour, lui
pardonna top*:.
De Burgh du moins ne s’étoit permis, dans fa
faveur, que des violences fourdes : l'évêque de
Winehefter en exerçoit d’ éclatantes ; il renverfoit
avec mépris toute la conftitution. Ses principes,
oppofés à ceux de de Burgh, tendoient à pouffer
la Nation à bout ; il vouloit que le Roi entreprît
tout 8c foutînt tout. Le R o i, en comparant la vie
agitée que fon nouveau tyran lui faifoit mener,
avec 1 a vie molle, oifive, qu’il ayoit menée fous
la domination de de Burgh, fe déclara enfin contre
l'évê^ue de Winehefter} il fut renvoyé ; fa dignité
lui epargna les traitemens que de Burgh avoit
j eifuyés. De Burgh rentra en grâce, même en faveur,
8c en abufa m oinsmais fon crédit fut bientôt
| éclipfé, .d'abord par celui.de Guillaume deSavoie,
éveque de Valence, oncle de la Reine, enfuite par
celui du comte .de Leicefter, qui furpafia dans la
faveur, 8c de Burgh, & les évêques de Winehefter
& de Valence.
De Burgh retomba dans la difgracé : le Roi voulut
renouveler l’ancien procès} de Burgh fe juftifià aux
yeux des pairs, & appaifa le Roi par le don de
quatre châteaux.
Depuis ce tems l’Hiftoire ne s’ occupe plus de
lui. Sa faveur & fes difgraces rempliffent tout le
• milieu du treizième fiècle.
C A B C A J
C a BRAL. ( Biß. de Portugal. ) A l’ article Cabrai,
dans le Dictionnaire, nous n’avons parlé que de
Pierre Alvarès , qui découvrit le Bréfil en 1500.
L’origine de la Maifon de Cabrai remonte jufqu’au
tems des fables 8c des oracles. Solin 8c Juftin,
auteurs aifez remplis de ces fortes de fables, rapportent
que Caranus, roi de Macédoine, conful-
tant l’oracle de Delphes fur le lieu où il devoit
s'établir, 8c fixer fa petite cour errante, il lui
fut enjoint de choifir la place où deux chèvres le
meneroient} elles le menèrent en Portugal, 8c
c'eft de ce Caranus que defeend la Maifon de Cabrai
: on en allègue pour preuve les armes de cette
Maifon, qui font de gueules aux deux chèvres pajfant,
armées de pourpre & de fable.
L'antiquité eft re mplie de ces fituations de villes,
indiquées à leurs fondateurs par des animaux, 8c
qui femblent dépofer d’ une fuperftition particulière
& propre â ces anciens chefs de colonies. C'eft
ainu que la fituation de Thèbes eft indiquée à
Cadmus.
B os tibi , Phoebus a it, folis ocCurret in arvis
Nullum pajfajugum3 curvique imfnunis aratri :
Hâc duce carpe vias, & auâ requieverit herbâ,3
Meenia fac coudas Boeotiaque ilia vocaco.
C ’ eft ainfi que la fituation d’Albe eft indiquée à
Enée par Hélénus.
Cum tibi follicito fecreti ad fiuminis undam
Littoreis ingens inventa fub ilicibus fus ,
Triginta capitum foetus enîxa, jacebit
ALba3 folo recubans 3 albi circum ubera nazi ,
ls locus urbis eri.t, requies ea certa laborum.
C e qu’ il y a de certain , c ’eft que la famille de
Cabrai poiïede depuis très-long-tems la châtellenie
de Belmonte, dans la province de Beira, que
Gil Alvarès Cabrai y fit des fondations à la fin du
douzième fiècle ou au commencement du treizième
, 8c que cette famille a le privilège fingulier,
dans une monarchie, de ne prêter de ferment.& de
ne rendre d’hommage à perfonne.
i ° . Alvaro Gil Cabrai, arrière-petit-fils de Gil
Alvarès, fe diftingua beaucoup fous le roi Jean I
à la bataille d'Aljubarrota. Ayant perdu fon équipage
, 8c avec cet équipage les titres des concef-
fîohs faites par les rois de Portugal à fa Maifon,,
le Roi lui en fit expédier de nouveaux, portant déclaration
que les originaux luiavoient été enlevés
à la guerre par les Efpagnols.
2°. Ferdinand Alvarès Cabrai fon petit-fils fut
tué au fiége de Tanger en Afrique.
30. Ferdinand Cabrai mourut en exil^Sur avoir
coupé les oreilles à un gentilhomme des Indes
orientales, nommé François de Mello.
4°. Un autre Ferdinand Cabrai, neveu du précédent,
fe diftingua dans la guerrecontre l’Efpagne,
née delà révolution qui mit la Maifon de Bragance
fur le trône en 1640. Il fut gouverneur de Fer*
nambuc ou Fernambouc au Bréfil.
c°. Ferdinand Alvarès Cabrai, fils du fameux
Pierre Alvarès, qui avoit découvert le Bréfil, périt
fur mer à fon retour des Indes.
6°. Pierre Alvarès Cabrai, fils du précédent^
fut tué en 1578, à la funefte journée d'Alcaçer,
où périt le roi dom Sébaftien.
7°. JeanGomès Cabrai, frère de Pierre Alvarès,
capitaine de la garde des rois Jean III 8c Sébaftien ,
fut aulfi tué en Afrique. -
8°. Un troifîème frère, Ruy-Dias Cabrai, fut tué
aux Indes orientales dans la guerre du Malabar.
C A JETAN. ( Hift. d’ha l. ) La Maifon Cajetan ,
qui a donné à l’Eglife le trop fameux pape Boni-
face VIII 8c une foule de cardinaux, éto it, à ce
qu'on croit, originaire d'Efpagne 5 elle vint s’établir
à Gaëte ou Cayette en Italie, 8c elle prit de
là le nom de Cajetan.
Nous remarquerons dans cette Maifon :
i° . Mathias, qui commandoit les armées de
Mainfroi, roi de Sicile. Le pape Boniface V l j l
(voyez fon article.à ce nom dans le Dictionnaire)
etoit ion petit-fils.
2° . Dans la branche des ducs de Laurenzano ,
Louis, colonel 3 tué à la guerre.
30. Dans la branche des ducs de Sermonette ,
Honoré Cajetan, créé duc de Sermonette, 8c qui fut
dépouillé de fes biens par le pape Alexandre VI j
Honoré 8c fa famille furent en butte aux perfécu-
tions de ce Pape criminel, 8c c'eft pour eux un
titre de gloire ou du moins d’intérêt..
4°. Berardin Cajetan, petit-fils d'Honoré, fut
étranglé par l’ ordre de ce même Pape , en 1495?.
5°. Et on croit que Jacques Protonotaire, fils
d’Honoré, oncle de Bérard, fut auflï empoifonné
par l’ordre du même Pape, dans la même année
I4 9 9 * |1 | ! A
6°. Guillaume, frère aîné de Jacques, & ffls
d’Honoré , fut rétabli dans tous fes biens par le
pape Jules II.
7 ° . Nicolas, l’un de fes petit-fils, fut créé cardinal
à l ’âge de dix ans, par le pape Paul UI_, en
1î l 6'
j ' 8°. Henri fon neveu eft le fameux cardinal