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l ’ Académie j 8c un jour qu’on le vit répondre avec
uelqu’ aigreur & quelque vivacité aux objections
’un de Tes confrères , on en fut furpris comme
d’un phénomène inattendu r, & frappé comme d’uné
altération de fon tempérament', qu’il fallait peut-
être attribuer à un mouvement extraordinaire de
fes nerfs.
BERGER ( Claude ) , (H iß. des Sciences')3
de l’Académie des fciences, né le 20 janvier 1679,
eut le même nom.& la même profeflion que fon
père : tous deux furent médecins. Le fils foutint,
tous la préfidence de M. Fâgon, premier médec
in , une thèfe contre l’ ufage du'tabac : cette théier,
fit du bruit, 8c lui valut l ’amitié; & la protection
de'M. Fagon.
M. de Tournefort, fous lequel M. Berger fe
îivroit à l’étude des plantés, le fit entrer en qualité
de fon .élève à l’ Académie des fciences, en 1699.
i l devint depuis élève de M. Homberg, & fe partagea
entre la botanique 8c la chimie. Son père
ëtoit fort employé comme médecin 5 ilmenoit fon
fils chez les malades , 8c à fa mort, arrivée en 170 j ,
ce fils fe trouva fort employé 3 prefqu’ à titre ,hé-:
réditaire. En 1709;, M. F agon, quiavoitla chaire
de profeffeur en chimiè au Jardin-Royal , 8c qui ne
pouvoit l’ occuper, en chargea M. Berger. Mais
fa complexion délicate fuccomba bientôt à fes
différens travaux. Son poumon fut attaqué. Il
mourut le 12 mai 1712 , à trente-trois ans, ayant
joui de l’ eftime, 8c emportant les regrets des
hommes les plus célèbres de fon tems.
- BERINGHEN/. (Miß, de F r .) Cette famille^
originaire du duché de Gueldres, vints’ établireh
France fous le règne de Henri IV . Pierre de Bé-j
ringhen ( bifaïeul du dernier marquis de Bering^
hén ) , grand-bailli & gouverneur d’EtapIes, fut
employé en plufieurs affaires importantes au dedans
8c.au dehors du royaumèyfurtout auprès de. divers
princes d’Allemagne. Les Mémoires de jSully
Je reprëfentent partout comme; honcrréide la confiance
intime de Henri I V 8 c comme très-digne
de cette confiance yfuivant le.témoignage,que lui
en rendit Henri IV lui-même dans une occafion
éclatante. Ge Prince foupçonnant Sully de n’avoir
pas peut-êtire attaché afiez d’impprtance à un fe-
cret qu il lui avoir confié pour n’ en avoir laifle
rien échapper', Sully; lui demanda,s’il n’en avoit
point parlé à d’autres. Le Roi avoua en avoir
parlé au P .'Cotton 8c à Beringhen, 8c il ajouta :
Pour celui-cr.3 je répondrai bien qu'il n’en a dit. moi.
Gomme dans lune/ autre occafion il dit , en parlant
du prëfident Jpannin : Je. réponds pour le bon homme $
oefi.aux, autres, a s'examiner , il fe trouva que c’étoit
le P. Gotton qui avoit été l’indiferet, . fi même
il* n’ avoit été qu’indiferet. •
En 1Ö02 î, Pierre Beringhen.fut fait contrôleur-
général des mines §c minières du roy aume , emploi
qu’en çtoyôit alors devoir être fort .confidérablei
car on avoit conçu de ces mines de grandes efpé-
rances qui ne fe réaliferent pas.
Henri, comte de Beringhen, fils de Pierre, :
fut un des premiers favoris du roi Louis XUI, &
s’attacha véritablement à la perfonne de ce monarque.
On prétend que forfque Louis fut malade
à Lyon en 1630, 8c qu’ il fe crut en danger de
mourir, il confia un fecret à fon ami Beringhen,
fous la condition exprefle de ne le jamais révéler
de fon vivant. Le cardinal de Richelieu ^ qui ne
vouloit pas permettre à Louis XII! d’avoir des
fecrets, 8c qui ne prétendoit pas qu’il y eut de
fecrets pour le premier miniftre, voulut favoir ce
que Louis XIII avoit confié à Beringhen 5 celui-ci
eut la fidélité courageufe de réfifter à Richelieu;
& comme Louis XII1 facrifioit touj ours ceux , qu’il
aimoit au cardinal qli’ il n’aimoit pas , Beringhen
fut obligé de quitter non-feulement la cour, mais
le royaume ; il alla fervir en pays étranger 3 mais
du moins il ne fervit que des puiflances alliées
de la France. C e fut au grand Guftave qu’il s’attacha
d’abord, 8c il fe diftingua tellement :à fon
fe rv ice , qu’il devint capitaine ^des gardés’ de ce
Prince quelque tems avant la bataille de Lutzen
(d u 16 novembre ) , où il aflifta? 8c ou Guftave.
1 fut tué ; il alla enfuite commander les cuirai-
fiers de Frédéric-Henri, prince d’Orange, le plus
fameux capitaine de fon fiëcle , engagé d’ailleurs
dans la même caufe dans les mêmes intérêts.
HeUoris hicmagni fucrat cornes.....
Pdjiquàm ïllum y iftor vitâ-fpoliavit Achilles ,
Dardanio Eneâ fefe fortïjfirAus keros
. Adaiderai Jocium non infèriqm.fecutus.
C ’ eft àinfi que Henri de Beringhen fut mettre
à profit fa ’glorieufe difgrace , früit dé fa vertu ,
toujours combattant fous des héros 8c toujours
férvantfôn pays. A la mort du cardinal de Richelieu
, le Roi dévefiu libre, fe Hâta de le ’rappelér,
oc' Beringhén de fe rendre auprès de lui 5 mais il
n’avôjt pas lông-tems à jouir de la juftïce 8c de la
fayëürde fon maître: Louis XIII fuivit de près au ;
tôfnb'eau fon miniftre & fon tyran,
r Le fecrétaire de l’Académie des inferiptions &
bellèsjlettres dit que Henri de'Beringhen avoit |
éjte pourvu d,e la charge‘de premier écuyer dès le
tems!de Louis XIil. Le préfident Hénault dit que i
le duc de Sainti Simon fe démit de cettè charge en j
faveur de Beringhen, . en 1645, fous lé règne de
Louis XIV ; peut-être, Beringhen en avoit-il la I
furyivance dès lé tems de Louis XIII.
. Il mit un intervalle entre la vie. 8c la mort, ce
que fi peu de gens fa vent faire; & fur la fin de fes
jours il fe retira de la cour avec l’agrément du Roi.
Il mourut le 30 mars 169.2^ âgé de quatre-vingt-
neuf ans. Il avoitépoufé Anne du,Blé,foeurduma- j
ré.chal d’Huxelles -3 & fille du marquis d’Huxelles,
quiétpit défigné pour êpre.aulfi maréchal de France
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& cordon-bleu , lorfqu’ il mourut de fes bleflures
îlaufiége de Gravelines,, en i(?f8.
| . De ce mariage naquirent, i° . Henri, marquis
|de Beringhen , fujet. de la plus grande efpéiance.
î Son nom fe trouve parmi ceux que Boileau a célébrés
dans fa Defcription du paflage du Rhin,
f>armi les noms pleins 4e gloire dé ces héros qui
es premiers fé jetèrent à l i nage dans le fleuve ,
dont l’intrépidité fut alors fi admirée :
| La Salle , Beringhen, Nogenr, d’Ambre, Cavois,
I Fendent les flots trtmblans fous un fi noble poids.
iv Beringhen courut des dangers particuliers par
.la réfiftance de fon cheval qu’il ne put jamais for-
|cer à nager, & qui penfa le jéter dans le fleuve,
dl fut obligé de palier dans le bateau de M. le
.Prince. Après le paflage de l’autre côté du fleuve,
il fembla vouloir compenfer, ou plutôt furpafler
^.de beaucoup par un excès de courage & à force
•jd’exploits, le petit avantage que quelques-uns de
ifes compagnons avoient eu fur lui de pafler à la
nage ; il fe jeta au milieu des bataillons ennemis ,
-reçut un coup de moufquet dans la mamelle droite
plufieurs coups dans fes habits. U fut tué deux
.ans après (en 1^74) d’ un coup de cation au fiége
Befançon.
B 20. Le chevalier de Beringhen fonfrère.( Jacques-
. Louis ) lui fuccéda dans tous les avantages de
I l’ aîné ae fa famille, & quitta pour lors l’Ordre de
«Malte, où il avoit fait fes caravanes avec tout le
Ifuccès poflîbie. Le Roi lui donna un régiment de
cavalerie, puis le guidon des Gendarmes de Bour-
•gogne > il lui accorda de plus la furyivance &
kFexercice de la charge de premier écuyer fous fon
flpère.
j M. de Beringhen acquit dans cette place un
nouveau de'gré de faveur & toute la confiance du
^'Monarque. Il fut fait chevalier de l’Ordre duSaint-
jlEfprit à la promotion de 1688 , quoique fon père,
qui vivoit toujours, çùt été de la promotion pre-
icédente , & ce fut le premier exemple d’un père
.}& d’un fils qui aient joui en même tems de cette
Idécoration ; encore remarqua-t-on que ce père &
ce fils compofoient à eux deux pour ainfi dire
Itoute leur famille, ou du moins tout ce qui por-
ito i t leur nom dans le royaume ; en forte qu’il fem-
bloit que ce fut toute la famille des Beringhen qui
ie û t été admife dans l’Ordre : toutes ces circonf-
Jtances ajoutoient du prix à la grâce, & étoient
liremarquées à la cour.
I En cette même année 1688, Beringhen alla re-
geevoir à Boulogne-fur-Mer la reine d’Angleterre,
| & la conduifit dans l’afile que la générôfité de
; Louis XIV lui avoit préparé a Saint-Germain.
j La guerre fe rénouveloit- alors. Le Roi fit en
perfonne les campagnes de 1691 (de Mons ) , de
l 1^ 2 (deNamur ) & de 1693. Celle-cieft la der-
,, ni ère qu il ait faite. M. le Premier, dansie voyage
I & dans les marches, étoit toujours feul avec le Roi,
Hijtoire, Tome F l . Supplément.
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dans fa calèche, honneurtrès-envié, mais épreuve
qui n’ étoit pas fans danger avec un Prince qui far
voit fi bien connoïtreles hommes: l’épreuve tourna
au profit de M. de Beringhen, & quand M. le
Dauphin alla commander en Flandre en 16 94, le
Roi lui donna M. le Premier comme un homme
qu’il pourroittoujours confulter utilement. Quelques
années auparavant, lorfque M. le duc dç
Bourgogne étoit venu pour la première fois à
Paris, le Roi l’avoit chargé expreflement d’ajle-r
voir & embrafler de fa part M. de Beringhen le
père ( Henri ) , vieillard vénérable, qui vivoit
encore alors , & à qui cette dernière marque de
la bonté du Roi fut bien fenfible.
Au commencement de 1707 un parti ennemi
compofé de trente hommes', prefque tous officiers,
s’étant partage en diverfes petites troupes ,
s’ avança entre Paris & Verfailles pour enlever
quelqu un de nos Princes. Le' 24 mars, entrefix &
fept heures du foir, ils virent pafler fur le pont
de Sève un carrofle à fix chevaux , aux armes 8c
avec la livrée du Roi ; ils crurent que c’étoit M. le
Dauphin ; c’étoit M. le Premief (Jacques-Louis);
ils donn rent le fignàl, les petits détachemens fe
réunirent, joignirent le carrofle à l’étitrée de la
plaine, & enlevèrent M. le Premier. Auflitôt qu’ on
apprit cette aventure, on ne négligea aucune des
mefures de la prudence humaine pour reprendre
le prifonnier avant qu’il fut forti du royaume : le
Partifan , homme u expérience , n’ avoit de fon
côté négligé aucune des précautions qui pouvoient
aflurer fa retraite. Il avoit d’abord annoncé au prifonnier
lanéceflité d’une diligence extraordinaire,
pour laquelle fes relais étoient difpofés ; mais il fe
ralentitinfenfiblement de lui-même, craignantpour
•la. vie defon prifonnier, âgé alors d ’environ foixante
ans, 8c qu’une courfe fi rapide à cheval pouvoit
excéder ; il le fit repofer trois heures entières dans
la forêt de Chantilly, 8clui trouva unechaife de
pofte pour le fatiguer moins : par-la le tems 8c l’ ordre
de la marche furent abfolupaent dérangés.
Jbi omnis
Efufus labor atque immitis rupta tyranni
Foedèra.
Les garnirons françaifes eurent le tems d’être
informées de l’enlèvement ; elles fe mirent en campagne,
8c M. le Premier fut repris à quelques
lieues de Ham. Il dormoit tranquillement dans fa
chaife, lorfqu’un maréchal-des-logis du régiment
de Livry attaqua, lui troifième, l’efeorte du Partifan
; mais ces trois hommes étoient fuivis 8c fécondés,
8c l’efeorte fe rendit fe voyant près d’être
enveloppée.
Alors les ménagemens que le Partifan avoit eus
pour fon prifonnier , ne lui furent pas inutiles à
lui-même. Le premier ufage que celui-ci fit de
fa liberté , fut de fauver la vie 8c de procurer un
bon traitement à tout le parri;
H