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de fuivre cet éta t, on lui propofa une charge de
confeiller au parlement : en conféquence il étudia
le droit & prit des degrés. Tout cela n'étoit pas
fa véritable vocation ; c'étoient les lettres , c'ëtoit
l'érudition qui le réclamoient. Un procès rayant
conduit à Grenoble , il y connut le préfident de
Valbonnays ; il aflifta chez lui à des conférences
d'hiftoire & de belles - lettres : .fan goût pour la
littérature en redoubla. Amené enfuite à Dijon
par le même procès ,'M le préfident Bouhier fortifia
en lui cette, ardeur pour les lettres. Bientôt
fes correfpondances littéraires augmentant avec
fes études & fes travaux il fut l’ami desQuirini,
des Muratori. puis dans la fuite dés Rotheiin ,
des S.urbeck j des de Boze. Par leur fecours , aidé
d'un goût naturel, il devint , jeune encore (car
il n'a point pâlie l'âge de la jeunefîe ) , un très-
favant antiquaire, un profond littérateur. Il pouf-
foit même l'amour des études folides jufqu'au mépris
des lectures fîrhplement amufantes : il en ré-
fultoitTpeut-être que dans.fon commerce on s’ap-
percevoit qu'il n'avoitpas afîez facrifié aux Grâces :
ç'efl du moins ce qu'on croit démêler à travers
les éloges, juftes d'ailleurs,que lui donne le fecré-
taire de l'Académie des infcriptions & belles-
lettres. Il s'enfonça dans les profondeurs de la
chronologie, dont il parvint à réfoudre plus d'une
difficulté. I l fut démêler dans la chronique de
faint Louis, parle lire de Joinville, ce qui apparte-
noit au véritable texte de cet écrivain, & ce qui
avoit été interpolé par les différens traducteurs ou-
éditeurs ; & dans le même tems M. de Sainte-
Palaye découvroit à Lucques unmanufcrit de cette
chronique , fait pour Antoinette de Bourbon,
mariée en i y 1 3 au duc de Guife, Claude, & dans
ce manufcrit on ne trouvoit aucune des additions
faites après coup dans la chronique, telle qu'elle
avoit été imprimée; additions qui avotent é té fi
bien indiquées par M. de la Baftie ; en forte que
les conjectures de c e lu i-c i fe trouvèrent parfaitement
confirmées par là découverte de M. de
Sainte-Palaye. Le recueil de l'Académie des infcriptions
& belles-lettres eft enrichi de beaucoup
de recherches favantes de M. le baron de la Baftie
, qu'elle s'étoit aflbcié en 1 7 3 7 , fous le titre
de correfpondant honoraire, & qui a beaucoup
plus travaillé pour elle que tant d'affoeiés & de
penfionnaires, plus particuliérement aftreints à la
loi du travail. On y trouve, entr’autres DHTerta-
tions , des Mémoires fur le foicverain pontificat des.
Empereurs romains3Tqui donnèrent lieu à une dif-
cuflîon ou difpute littéraire entre lui & le préfident
Bouhier, fur fa vie de Pétrarque, morceau
important qui fe trouve auffi dans les Mémoires de
Ejicad. (Voy. dans le Dictionnaire Part. Pétrarque.)
On a trouvé dans fes papiers, remis après fa
mort entre les mains de M. Falconet, les efquHTes
de plufieurs ouvrages', mais des efquifles terminées
, dit M. Freret, 8c qui montrent combien
T exécution lui en auroit été facile.
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J II fit des additions 8c des corrections importantes
à la fcience des médailles du P. Jobert ; 8c
cet ouvrage, également utile,dit le même M. Frer
e t , & à ceux qui veulent s'initier dans la con-
* noiffancè des médaillés , 8c à ceux qui veulent s'y
perfectionner, eut le plus grand fuccès.
M. le baron de la Baftie mourut de phthifie le f
août 1742 , à trente-neuf ans 8c deux mois.
Il a légué à l'Académie des infcriptions 8c belles
lettres un manufcrit qu'il avoit fait copier à
Florence ; c'eft une efpèce de calendrier ancien,
qui contient une comparaifon continue, 8c jour
par jour , de l'année romaine avec les années de
douze nations différentes de l'Afie.
BAUDE LOT ( C h ar e e s -C é s a r ) s:(H :j t Hit,
modJ)3 de l\Académie des infcriptions & belles-
lettres» C et homme, dont nous avons parlé trop
fuccinétement dans le Dictionnaire, d'abord avocat
, ayant été attiré de Paris à Dijon par des affaires
de famille , y devint, antiquaire 5 8c jugeant qu'il
en avoit l'obligation à ce voyagé, le feul qu'il eût
jamais fait 8c qu'il fit jamais, il en prit occafion
de compofer fon Traite de V Utilité des Voyages ,
titre dont la généralité trompe la plupart dés lecteurs
, l'utilité dont parlé l'auteur n’étant ni l'utilité
morale ni l'utilité politique dont les voyages
font en effet fufceptibles, maisl’ucilité particulière
qu'il avoit tirée de fon voyage unique, 8c qui fe
bornoit à là recherche 8c à l'étude des m'onumens
antiques , médailles-, defcriptions, ftatues , bas-
reliefs , &e. Les voyages peuvent fervir à cette
étude fans d ou te , mais on fent qu'ils n'y font pas
indifpenfableiTient néeeffaires; .
La réputation de M. Baudelot l'ayant mis promptement
en liaifon avec les plus habiles antiquaires
de l'Europe , il fut affocie à l'Académie des Ri-
covrati de Padoue.
L'explication qu’il donna, en 1698, d'une pierre
gravée du cabinet de Madame , fécondé femme
de Monfieur , frère de Louis X IV , fit honneur à
fon érudition & à fa fagacité :-e'étoit une a’mé-
thyfte orientale , repréfentaht une tête couronnée
de laurier, 8c dont un voile ou large bandeau
Gouvre prefque tout le. vifage. M. Baudelot reconnût
d'abord à des lignes généraux , un ancien
joueur de flûte , tels qu'ils étoient ordinairement
| repréfentés dans lesmonumens > enfuite il parvint
! à démêler au travers du voile la- phylîonomie &c
1 les traits d’un des derniers Ptolémées, de ce père
\ de Cléopâtre , à qui fon goût pour la flûte fit
j donner le furnom <x Auletés.
i Peu de tems après il rendit compte à M. Lifter,
j médecin anglais, un de ces amis que fes vaftes
connoiffatiCes lui avoient faits, dé fa découverte
; faite prefque fous fes yeux , d'une pierre énorme
j dans le corps d'un cheval, mort à trente ans, au
j fetviee des religieufes d'Ar<genteuil. M. Lifter,
j auteur d’un Traité des pierres qui s'engendrent
j dans lé corps de l'homme 8c dans celui des ani-
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maux, n’y avoit fait aucune mention des chevaux.
L'abbé Mezzabarbe, homme d’efprit, avoit fait un
fort beau travail d'antiquaire : c'étoit un panégyrique
latin de Louis X I V , formé des plus belles
légendes des médailles des Empereurs romains.
L'eiprit de cet hommage, d'autant plus-flatteur qu'il |
yei3.o.it d’ un étranger, étoit de montrer dans la per- j
fonne du feul Louis X iV , la réunion des grandes !
allions 8c des caractères héroïques qui avoient 1
diftingtié lëparément tous ces divers Princes.; mais
cette idée,fi heureufe: étoit perdue pour la-plupart
des IeCteurs français & pour celui même qui en
étoit l'objet. M. Baudelot entreprit défaire paffer
dans notre langue tout le mérite de ces diverfes
légeindes, qui s'ehchâffoieiit d elles-mêmes fi naturellement
dans la langue latine qui les avoit formées,
8c que plufieurs favans regardent comme la
langue propre des légendes : on jugea qu’il avoit
fu leurconièrver, autant qu’il étoit pomble, leur
force 8c leurs,graces, 8c Louis XIV fut en état de
fentir 8c de reconnoître le prix de cet ingénieux
hommage. L’abbé de Vallemont avoit publié une
médaille d’Alexandrë-le-Gxand, pour juftifier la
fidélité fi fufpeCte de Quinte-Curce. M. Baudelot
jugeoit la médaille fauffe 8c d'un coin moderne ;
il croyoit d’ailleurs que , même en la fuppofant
antique, on n'en pouvoit rien conclure pour la
j-uftihcatiûn de Quinte-»' urce ; il expofafes raifons
dans trois lettres critiques, auxquelles l ’abbé de
Vallemont répondit par des injures. Alors M. Baudelot
fe tut.
En lycy il fut reçu à l ’Académie des infcriptions
& belles-lettres ; 8c comme cette compagnie
n'eft pas dans 1 ufage de recevoir de renie ru mens
publics de là part des académiciens qu'elle
admet dans ion fein, M. baudelot imagina d'y fup-
pléer, en choififfantpour fujet de fà première lecture
dans l’Académie., une i ifîèrtation fur les actions
de grâces publiques des anciens. Les premiers
volumes du recueil de l ’Académie préfeirtent un
grand nombre d’ouvrages qui aflurent de plus en
plus à M- baudelot la réputation d'un habile antiquaire
; mais il n’ eft pas moins recommandable
peut-être par 1---s ouvrages qu’il a fait faire, que par
ceux qu il a faits. Ses connoiflances, fes lumières,
fes encouragemens , fes fecours de tout genre ,
étoient toujours au fervice des jeunes talens qui
p’ofoient éelorre, ou que les obftacles rebutoient : r
il leur traçoit des plans d'ouvrages ; il leur com-
muniquoit les recherches 8c lés obfervations ; il
feur applaniifoit les difficultés de limpreflion.
C ’étoit , diloit il , de bons danfeurs qu’il làlloit
mener au bal par force. M. de Nointel avoit
rapporté de Conllantinople des marbres fameux, de
prés de cinq pieds de haut, avec des infcriptions,
dontl une a plus de deux mille ans. Quel tréior pour i
un antiquaire 1 es marbres avoientpaffé de M. de j
Nointtl à al.T h é ven ot, garde de la bibliothèque
du Roi, qr.i L s avoit placés dans une petite maifon
de campagne qu’il avoit au village d'ifîy, A fa 1
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m ort, M. Baudelot trouva fes héritiers fort em*
barraÜfés de ces maffes, & difpofés à s'en défaire 5
il les acquit, & s’emprefifa de les charger prefque
feul fur la première voiture qu’il put trouver.
Dans un déménagement il fut obligé de les laif-
fer pendant quelque tems rangés de fon mieux
dans la cour de fa nouvelle habitation , jufqu à ce
qu'il eût pu leur ménager un emplacement commode
dans fon appartement même. Une femme
qui demeuroit dans cette même maifon, trouva
auflî que ces maffes inutiles ne faifoient qu’ em-
barraller la cour ; ik foit par plaifanterie , foit pour
preffer M baudelot de l'en délivrer promptement,
elle appela des boueux qui paffoient, 8c leur pro-
poià d'emporter ces décembres. M. Baudelot frémit,
& fe hâta de ferrer fes marbres. C n eut beau
1 affûter qu'on n avoit voulu que plaifanter & que
l'inquiéter , il répondit qu'on n'avoit que trop bien
réuiii à 1 inquiéter, 8c qu'il n'entendoit point
raillerie fur 1 article.
Il étoit attaché à Madame, & par conféquent
vivoit dans une cour > il y portpit une naïveté de
fentimens 8c d'exprefiions qui ne fe démentit jamais
, 8c dont les gens, qui fe croyoient d'habiles
courtifans, fe moauoient. Us voulaient quelquefois
par pitié lui donner des leçons de leur art.
Pous connoijfe£ bien mal la cour , leur répondoit
Baudelot, & Jurtout le coeur de Madame : cette P rince
fie efi le plus honnête homme du monde.
M. Baudelot mourut le 27 juin 1 7 2 1 , d’une hy-
dropifîe de poitrine, dans fa foixante-quatorzicme
année. Il laiffa par fon teftament, à l'Académie, fes
livres, fes médailles , fes bronzes 8c le s marbres
antiques.
BAUME-MONTREVEL ( Maison de la ) ,
( Hifi. de Fr. ) , eft une des plus anciennes de la
Breffe. Le premier de cette Maifon, dont on ait
une connoiflance certaine, eft :
i° . Sigebaide de la Baume, chevalier, qui vivoit
vers le milieu du douzième fiècle , nommément
en 1140 8c i ié o . Il a eu un fils , un petit-
fils , un arrière-petit-fils , tous chevaliers comme
lui.
20. Etienne de la Baume, deuxième du nom,
rendit de grands fervices, 8c au comte de Savoie,
Amé IV , 8c au roi de France , Philippe de Valois,
C e monarque le fit en 13 ;8 grand-maître des
arbalêtiers de France , puis gouverneur de Cambrai
, qu’il défendit vaillamment en 1339, contre
E d o u a rd f il r o i d'Angleterre 5 il s'éleva jufqu’aux
premiers grades, & dans les armées de France,
8c dans celles de Savoie. En i ; p le roi Jean
le rappela en France pour l’oppofer aux Anglais.
F tienne mourut vers l'an 1362. il avoit époufé 1 héritière de Montrevel.
30. IJ eut pour fils Guillaume de la Baume,
feigneur de l’Abbergement, q u i, fe partageant,
comme fon père , entre la E rance 8c la Savoie.,
fut chambellan du roi ..Philippe de Valois , 8c