
trôleur des bâtimens de fa Majefté , à Choify-le- |
R o i , le 23 août 1773'. {Articlefourni.)
PÉZAI (M a s s o n , m a r q u is d e ) , ( Hifi. litt.
mod. ) , ami & difciple de M. Dorât. Il étoit vifi-
blement de fon é co le , efprit frivole & agréable,
un peu maniéré, un peu fade. Il eft hauteur du
poème de Zélis au bain , où il y a tant de petites
grâces. Il a traduit Catulle, mais il n’étoit pas
Catulle. Ona encore de lui les Soiréeshelvéj-iennes ,
alfaciennes & franc- comtoi(es ,• une Rofiére de Sale
ncy ., jouée avec fuçcès à la Comédie italienne,
mais qui ne peut en aucune manière foutenir la
comparaifon avec la pièce extrêmement touchante
qui porte le même titre dans les OEuvres d'une
femme célèbre. Il a fait pour madame la marquife
du Deffant, un bien joli vers monofyllabique :
L’art de dire en un mot tout ce qu’un mot peut dire.
En tou t, il n’ étoit ni fans talent ni furtout fans
amabilité. On ignore quel hafard le produilit à la
cour. Il donna au roi Louis XVI des leçons d: tactique
, & iln'enfeignoitpas, comme tant d'autres,
ce qu'il ne favoit pas. 11 étoit capitaine de dragons
, & lès Campagnes du maréchal de Maillebois
prouvent qu'il ne négligeoit pas l'étude de l'art
militaire. 11 fut nommé infpedteur général des
gardes-côtes ; il jouit à la cour d'une efpèce de
faveur ; il devint tout-à-fait courtifan; il parle
dans quelques-uns de fes petits vers , de fes projets
pour la cour3 qu'il vient méditer dans la retraite ;
& affeétant de parler de cette dangereufe cour en
poète philofophe, il dit que s'il a le malheur'
d’être difgracié de fa maîtrelfe, il viendra en
gémir dans cette même retraite ; que s'il a l'heu-
reufe infortune d’ être difgracié de la cour, il en-
viendra rire encore dans fa retraite ; il fut difgracié
de la cour fa feule véritable maîtrelfe, & ni
la philofophie dont il fe piquoit, ni la pofleflion
d'une femme charmante, ni une foule d’autres
avantages ne purent l’empêcher de mourir de douleur
de fa difgrace. Hem ! nos homunciones J T e l
eft le jugement, peut-être trop févère, que nous
avions porté fur cet aimable & infortuné jeune
homme ( dont nous avouons que nous eftimions
plus le caractère que les talens ) , lorfque nous
avons reçu l ’article fuivant d'un homme de lettres
connu, eftimé & digne de l'être.
PÉZAI ( de ). ( Hifi. litt. mod. ) M. Maflbn, fei-
gneur de P é za i, fi connu dans le monde fous le
nom de marquis de Pézai, étoit le fils de M. Maffon,
l'un des principaux commis des bureaux de
la marine. Né avec une figure agréable, joignant
à cet avantage très-réel, furtout en France, de
la vivacité dans l’efprit & une fo if ardente de
parvenir, il devoit réulfir , & il réuflit. Chacun a
vu avec étonnement, & non pas fans envie, jufqu'à
quel point de faveur il s’étoit élevé. Cependant,
fi fes rivaux & les ennemis qu'il eut apprenoienc
par quels moyens, réellement extraordinaires, il
vint a bout de contenter fon ambition, nous
fommes p rfuadés qu’ils auroient une forte d’ad-
5 miration po ce favori de la fortune : il n'eft pas
encore tems de les faire connoître au public.
Mais en parlant ici de M. de Pézai, notre intention,
nous le répétons, n'eft pas de nous occuper
du colouel ni de l’infpèéteur - général des côtes
de France ; nous n’avons pour but en ce moment
que de confidérer en luil homme de lettres.
En général, on a trop dit de mal de cet auteur
pendant fa v ie , bc pas alfez de bien après fa mort.
Le premier point ne nous étonne point, le fécond
nous afflige, lien coûte fi peu pour répandre quelques
fleurs fur la tombe de l'ami des Mufes !
M. de Pézai fe fit d'abord connoître par quelques
poéfies fugitives , pleines d'efprit & de
grâces : de ce nombre font YEpitre a la maîirejfe
que f aurai, & une autre intitulée les Injures. Ces
deux petites pièces & quelques autres aufli jolies
auroient fait la réputation d'un homme du tems
de Chaulieu, parce qu'il n'y avoit que lui qui en'
fit de'pareilles. Dans le fiècle G reflet des Voltaire, des , des bernard, des Bernis , des Dorât,
elles ne firent qu’ annoncer au public un écrivain
agréable. Le poeme de Zélis au bain parut, & ce
fut alors que M. de Pézai acquit des droits plus
juftes à ce titre. C e poème eft plein de volupté
dans les tableaux & de fraîcheur dans le coloris.
L’auteur à pris un milieu entre l'énergie obfcène
de Catulle & la fenfibilité quelquefois chagrine
de Tibulle, & nous croyons que cet ouvrage eft
le réfultat delà traduction plus élégante que fidelle
qu'il a faite de ces deux auteurs. Nous ne parlerons
pas ici de la Rofiére de Salency, comédie lyrique
en trois aétes , qui a encore du fuccès au
théâtre.
Bientôt M. de Pézai fut entraîné dans le tourbillon
des événemens politiques ; mais du milieu
de ce chaos d'affaires & de projets où il étoit
pour ainfi dire enféveli, il laifloit échapper de
tems à autre des lueurs de philofophie. Chargé
d'emplois qui lui facilitoient les moyens de voyager,
il l 'avoit fait en obfervateur & enphilofopne.
C'eft dans les Soirées helvéciennes, alfaciennes 6?
franc-comtoifes qu'il a jeté fes obfervations philo-
fophiques. Ces Soirées ne font pas précisément
un bon ouvrage j mais elles renferment aflez de
matériaux pour en faire un bon : ce font des germes
femés fans ordre, qui pourroient fructifier en fe
développant. Pour achever cet ouvrage, il fau-
droit un talent fupérieur; pour le commencer,
il falloit un difcernement p e u ,commun. M.- de
Pézai, en donnant des marques de celui-ci, an-
nonçoit aflez qu'ilpoffédoit l’autre. La préface des
Campagnes de JH. le maréchal de Maillebois prouve
que M. de Pézai mettoit autant d'énergie dans fa
profe que dans fes vers 5 ce qui le prouve encore
mieux, c'étoit un Eloge de Colbert, dont il a paru
des fragmens dans le Journal des Dames. L'ouvrage
qui a pour titre les Tableaux , peut fe comparer
à une galerie de paÿfages agréables. Si le peintre
ne fût pas mort, il auroit fait des tableaux d'hif-
toire.
‘ Si M. de Pézai avoit préféré davantage la gloire
à la fortune, le calme de l'étude au tumulte’des
affaires; s’ il avoit réuni fur un feul objetles forces
qu'il répandoit ça & là , nous croyons que non-
leulement il eût été plus heureux, mais qu'il fût
devenu plus célèbre. C e t auteur a eu des reflem-
blances frappantes avec le poète Gallus, qu'il a
traduit. D'une naiflance ordinaire, & même obf-
cure (1) , ainfi que'Gallus, il eft parvenu, comme
lu i, aux premiers grades militaires , aux récom-
penfes illuftres ; comme lui il a compofé des poéfies
tendres & galantes. Ambitieux & fenfible comme
lu i, il eft mort, à l'exemple de fon modèle ,
du chagrin d’avoir perdu les faveurs de la cour.
Virgile , ami de Gallus, l'a célébré après fa mort.
M. de Pézai n’a point trouvé de Virgile; hélas ! il
ij'a pas même trouvé un ami.
M. de Pézai eft mort en 1778. Il avoit époufe
mademoifelle de Murat.
( C et article eft de M. de L aus de Bo i s s y . )
PHÉBADE (S a in t ) , (ouFitade, Fitadiusou
faintFiari) , (Hifi. eccléfiafi.) , évêque d’Agen, fe
diftingua au quatrième fiècle par fon zèle contre
les Ariens , dans tous les conciles qui fe tinrent
de fon tems au fujet de cette hérefie. U réfuta
la profeflion de foi arienne deSirmi-ck en JJMk On
fait qu'il vivoit encore en 392, & qu’il étoit mort
en 400.
PHILANDER ( G u illaume ) , ( Hifi. lin.
mod. ) , auteur d'un Commentaire fur Vitruve &
d'un autre fur Quintilien, avoit fuivi Georges
d'Armagnac, évêque de Rhodès (enfuite archevêque
de Touloule & Cardinal ) , dans fon am-
baflade de Venife. Georgesd'Armagnac lui donna
un canonicat de Rhodès. Philander mourut en
i c6y à Touloufe, où il étoit allé pour voir fon
bienfaiteur dans fon nouvel établiflement. Il etoit
■ fié en iy o y , à Châtillon-fur-Seinè.
PHILE ( Manue l ) , ( Hifi. litt. mod. )3 poète
grec du quatorzième fi. c le , auteur d'un poème
en vers iambiques, fur les propriétés des animaux,
ouvrage dédie à l'empereur de Conftantinople ,
Michel Paléologue le jeune.
PH1LIPPES DE BOURGOGNE ( L es ) . ( Hifi
de Fr. ) La première Maifon de Bourgogne , ifliie
du roi R obert, finit par deux Philippes, père
fils ; le père tué au fiége d’Aiguillon èn 1346; le
( 1 ) N o us doutons que M . de Pézai fû t convenu de
cette eïpèce de conformité a v e c Gallus.
fils, Philippe de Rouvre , mort à quinze ou feize
ans,ayant époufé Marguerite, héritière de Flandre,
quiépoufa le premier Prince de la fécondé Maifon
de Bourgogne, nommé aufli Philippe.
Sur quatre feuls Ducs qu'a fournis la fécondé
Maifon de Bourgogne, ifliie du roi Jean, on compte
deux Philippes, dont chacun mérite un article particulier:
le premier eft Philippe-le-Hardi, tige de
cette fécondé Maifon de Bourgogne, & fécond
mari, ou plutôt feul mari réel de l'héritière de
Flandre.
Dans cette malheureufe journée de Poitiers,
du 19 feptembre 13 f6 , où une valeur furnatu-
relje ne put réparer les fautes de l'imprudence,
l’Etat voyoit avec effroi tous les objets de fon ef-
pérance & de fon amour expofés aux plus grands
périls, & l’intrépide Jean donnant à fes quatre
fils l’exemple d’ une témérité inflexible. Les gouverneurs
des jeunes Princes prirent fur eux de
faire retirer les trois aînés : on les accufa de trop
de précipitation. Il eft vraifembîable cependant
que cette fage ou heureufe timidité fauva la i-rance.
Philippe, le plus jeune des quatre Princes, à peine
âgé de quinze ans, s’ obftina feul à fuivre la fortune
de fon père , à le défendre d’un bras aufli
courageux que foible, à oppofer une impuiflante
8: généreufe barrière aux efforts des ennemis dont
le Roi reftoit environné, tandis eue toute fon armée
l’ abandonnoit. Le furnom de Hardi f k une
captivité glqrieufe partagée avec le Roi furent
alors le feul prix de cette vaillance prématurée.
Philippe fignala chez les ennemis, par les traits
les plus fiers, la hardieffe qui faifoit fon caractère ;
il exigea pour fon père les mêmes refpeôs qu il
eût pu recevoir à Paris ; il ofa , dit-on, .en pre-
ienoè du roi d’Angleterre, donner un foufflet a
l’échanfon, parce que celui-ci fervit fon maître avant
le Roi prifonnier. On ajoute qu’Edouard, fentant
combien cette incartade étoit conforme aux principes
féodaux, fe contenta de dire au jeune Prince r
Fous êtes bien véritablement Philippe-le-Hardi l
Cependantle traité de Brétigny, du 8 mai ; 360,
ratifie le 24 octobre fuivant, rendit au Roi une
liberté achetée par le facrifice de plus- d’un tiers
du royaume. Le fort fit même fuccéder quelques
faveurs aux difgraces dont la France avoit été fi
long-tems accablée: le duché de Bourgogne, réuni
au domaine après en àvoir été féparé trois cent
trente ans, la dédommagea d une partie de fes
pertes.
MaisleRoi, allant prendre pofleflion de la Bourgogne
, vit ou crut voir que les peuples de cette
province regrettoientle tems o ù le féjour de leurs
I Ducs particuliers répandoit parmi eux l 'abondance :
: il tourna ces fentimens à l’avantage d’un fils dont
■ il avoit à récompenfer la valeur &. le zèle. Philippe
le-Hardi fut fait duc de Bourgogne, 1 e roi Jean , par le même ad le, inftitua fon flls
premier pair de France, dignité dont ce Prince
II loutint les droits avec beaucoup de hauteur. Au
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