
de Tes fils , & de les ramener au même endroit où
il les auroit pris, fi dans l’ efpaçe d’ un an le comte
de Flandre ne pouvoit obtenir la paix. Quand le
Roi les eut en fa puiffançe , il déclara qu'il ne fe
jugeoit point lié par un traité que fon frère avoit
conclu fans fa participation 5 qu’il croyoit'faire
allez pour des vaflaux félons en leur laiffant la
vie , mais, que leurs Etat$ refteroient confifqués
& leurs perfonnes captives. Le comte Guy fut enfermé
à Compiegne 5 Robert fon fils aîné , à Chi-
non y Guillaume , dans une fortereffe de l’ A uvergne;
on ne voulut pas même leur laiffer la douceur de
.gémir enfemble. Qu’ arriva-t-il de cette violence ?
La Flandre fe révolta : on fit à Bruges un maflacre
des Français j pareil aux Vêpres fîciliennes 5 on èn
fit un carnage horrible à la bataille de Courtray,
le 11 juillet 1302.
Sur les injûftices &.les violences de Charles de
Valois à l’égard d’Enguerrand de Marigny 3 voy
l ’article Marigny. En général 3 Charles de Valois
gouverna tyranniquement fous fes neveux 3 furtout
fous Louis-le-Hutin. Il vendit les offices de judi-
cature dans les tribunaux fubalternes 5 ce qui parut
alors un abus dangereux : il vendit aux ferfs la liberté
3 en les forçant de l’acheter de leur pécule.
Il vendit aux Juifs leur rappel 3 & ils furent chaffés
de nouveau quelques années après : ilvendoit tout,
& ne livroit pas toujours ce qu'il vendoit.
Dans une petite guerre contre les Anglais 3 qui
eut lieu fous Charles-le-Bel, Charles de Valois
fon oncle , réputé alors le plus grand général de
l’Europe , alla commander encore en Guyenne 5 il
prit & rafa une fortereffe qui avoit été le fujet .de
cette guerre 3 j§| fournit prefque toute la Guyenne.
Le comte de Kent 3 général des Anglais & Prince
du fang d Angleterre 3 fe voyant ferré de près &
en danger, demanda une trêve & l’ obtint, à condition
de venir fe rendre prifonnier du comte de
Valois s’ il ne pouvoit engager le roi d’Angleterre
à faire au roi Charles une réparation fuffifante.
On jugea qu’en cette occafion le comte de Valois
avoit très-bien fervi la France par les armes, & un
peu ménagé l ’Angleterre par le traité. II vouloit
placer une de fes filles fur le trône de l’Angleterre,
en la mariant au prince Edouard, héritier pré-
fcmptif. Si qui fut depuis le célèbre Edouard I I I5
mais ce mariage ne fe fit point.
La déférence des trois fils de Philippe-le-Bel
pour Charles dé Valois leur oncle dépofa un peu
trop l’autorité royale entre fes mains 5 non qu’il
fût indigne de leur confiance, il étoit homme de
guerre , il étoit homme d’E ta t, mais il ne ménagea
pas affez les peuples ; & puifqu’en mourant il eut
tant de remords du fupplice qu’ il avoit fait fubir
a Enguerrand de Marigny., il nous force de croire
que ce miniftre étoit innocent, au moins du crime
pour lequel Charles de Valois l ’âvoit fait pendre.
O r , on fe rappelle que ce crime étoit un -divertif-
fement de deniers dont Charles de Valois & Ma-
ïïgny s’açcufoient réciproquement.
Le comte de Valois étoit ambitieux. Philippe-
le-Bel avoit voulu lui procurer l’ Empire. Le Pape
( Boniface VIII) amufa fon ambition du vain titre
d’empereur de Conftantinople. Charles de Valois
ayant époufé une Princeffe qui avoit des droits à
l’ Empire des Latins , alors détruit, ce Pape le fit
fon lieutenant en Italie , pour employer fes talens
militaires à réduire les Gibelins. C e fut lui auffi
que la France oppofa aux Anglais avec le plus de
fuccès, dans les guerres de Philippe-le-Bel contre
Edouard 1, & de Charlesde-Bel contre Edouard II.
Ç ’eft de Charles de Valois qu’ on a d it, comme de
Hugues-le-Grand, qu’ il fut fils, frère, oncle, père,
gendre, béau-père de Rois , & jamais P oi. il étoit
fils de Philippe-le-Kardf, frère de Philippe-le-Bel,
oncle de Louis-le-Hutin, de Philippe-le-Long &
de Charles le-Bel, grand - oncle d Edouard I I I ,
père de Philippe-de-Valois, gendre deCharles-le-
l’oiteux, roi de Naples» beau-père de l’empereur
Charles IV, roi de Bohême.
Il mourut le 16 décembre 1325.
CH A TE L ( du ). (Hiß. de Fr. ,) Dans le Dictionnaire,
à l ’article Chatel, tom. I I , pag. 103, 4 , y\,
nous avons diftingué avec raifon, l’un de i’autre ,
les deux célèbres Tanneguy du Chatel, oncle &
neveu 5 mais à la fin de l ’article du Chatel Caßeilan ,
qui n’étoit pas de cette Maifon du C h a te l, nous
avons parlé d un Guillaume qui en étoit (pag, 105,
Col. 2). Nous aurions dû diftinguer auffi deux Guillaume,
qui, comme les deux Tanneguy , furent
également célèbres > car le Guillaume du Chatel
du combat de Earbazan, n’eft pas celui qui défendit
Saint-Denis contre les Anglais , & qui fut
tué, en 144 ï, aufiége de Pontoife. Le premier étoit
auffi l’ oncle du fécond* il battit auffi les Anglais ,
mais ce fut en 1405 5 & dans_un combat naval il
fut tué auffi en combattant contr eu x , mais ce fut
en 1404, & dans J’ile de Gerzey.
A ces deux Tanneguy &' à ces deux Guillaume
nous ajouterons encore quelqués guerriers diftin-
gués de cette Maifon du Chatel de Bretagne.
i ° . Tanneguy I , qui commandoit les armées du
comte de Montfort .contre C harles de Blois, fur
lequel il gagna , en 1347» la bataille de la Roche-
de-Rien.
2°. & 30. Bernard & Briant fes fils, exécutés à
mort pour la même caufe , ayant été pris par le
parti de Blois., r
4?. Guillaume I leur frère , ayant été pris de
même , fut admis à payer fa rançon.
50. Un autre Guillaume, qui chaffales Anglais
de la Bretagne, & les défit, en I J j8, à Saint-Mahé-
de-Léon.
CHÉRADAME (Jean} , (Hiß. litt, mod.'), prend,
en 154 3, le titre de profeffeur royal en grec. Il
étoit de Séez en Normandie : on ignore fon nom
français. Celui de Chéradame eft un nom grec allégorique,
par lequel il prétendoit exprimer fon ar»
deur pour vaincre les difficultés de l’étude * il pre-
noit auffi le nom à* Hippocrate, apparemment parce
qu’ il avoit étudié en médecine. C et homme ne
paroîtpas avoir été modelte* il eft trop peu connu
pour les noms & pour les éloges qu’ il fe donne,
il publia une Grammaire grecque, un Dictionnaire
grec , une efpèce de Grammaire hébraïque , dont
Paul Paradis a dit du bien * il fit un Abrégé des
adages d’Erafme * il donna une édition de quelques
comédies d’Ariftophane * il travailla long-tems à
une Myrias myfiica, qui devoit expliquer tous les
fens myftiques du nom de Dieu, ainfi qu’ à une
Myrias hifiorica , dont il ne s’occupoit, difoit-il,
que les nuits, parce que le jour étoit employé à
les leçons publiques & particulières : il ne paroît
pas qu’on ait vu c,es fruits de fes veilles.
CHEVRIERS. ( Hiß. de Fr. ) La noble & ancienne
famille de Chevriers, dans le Mâconnois,
fe prétend iffue des comtes de Mâcon. Lorfque
faint Louis eut acheté du comte Jean & de la com-
teffe fa femme le comté de Mâcon , en 1238,
i° . Gui de Chevriers fut fait bailli de ce comté.
20. Pierre de Chevriers fon fils, fieur de Saint-
Mauris, accompagna.le même roi faint Louisen
Afrique, en 1270.’
Nous remarquerons, à l’ occafion de cette terre
de Saint-Mauris, que les Chevriers la prétendoient
libre de tout droit de fie f, & qu’en conféquence
ils prenoient prefque tous la qualité de libres j'ei-
;gneûrs de Saint-Mauris. ...
Après la mort de faint Louis, Pierre de Chevriers
fervit le roi Philippe-le-Hardi dans l’expédition
de Catalogne , & fe trouva fous Raoul de
Nefle au combat de Gironne.
30. Humbert de Chevriers, petit-fils de Pierre ,
fut de l’expédition d’ Italie fous Charles de Valois.
Le roi Philippe de Valois 1 arma chevalier, & lui
ceignit le baudrier pour le; récompenfer d’ avoir
aidé’à la défenfe de Tournay contre les Anglais ,
en 1340.
4°. Henri, fils de Humbert, fervit dans les armées
du roi Jean , furtout à la terrible ht funefte
bataille de Poitiers , en 13.56. Il fut chevalier de
l’Ordre de l ’Etoile. , • .
j ° . André , fils de Henri, étoit à la bataille de
Rofebeque^ en 1382 5 de Nicopolis ,. en 1396 * à.
l’expédition d’Italie, c’eft-à-dire, de Gênes, fous
le maréchal de Boucicaut. 11 fervit auffi, en 1385 ,
fous l’amiral Jean de Vienne.
6Q. Louis, fils d’André , commandoic la nobleffe
du comté de Mâcon au combat de Rupelmonde,
en 1452 5 & à celui de (Grave, en 1453.
7°. Philippe fon fils i er vit en ita iie , dans les
armées de Charles VIII &: de Louis X I I , & fu t
gouverneur de Novare dans le Milanez.
8°. Philibert, fils de Philippe , chevalier de
l’Ordre du R o i, étoit à la bataille de Cérifoles,
en 1544, & fervoit encore fous L(ènri IL
99. Gabriel -, fils de Philibert, fèrvit auffi fous
Henri II & feus fes trois fils , & fe diftingua au
fiége de la R och e lle , en 1573.
io ° . François, feigneur de Salagny, fon f ils ,
fut chevalier de l’Ordre du R o i , gentilhomme de
la chambre 5 il futinftitué, en 16 14 , juge d’armes,
charge dans laquelle il eut pour fucceueur Pierre
d’Hozier, en 1641.
n ° . Alexandre de Chevriers , d’une branche
cadette, commandant une galère fous le chevalier
de la Ferrière , qui commandoit les galères de
France envoyées aufecours de la ville de Rofes en
Catalogne, affiégée par les Efpagnols , fe perdit
au retour fur les côtes de Sardaigne, avec cinq galères
françaifes. , #
12°. Son neveu, Antoine,Jofeph , chevalier de
Malte, fe tua en tombant d’un balcon.
CHOIN ou CHOUIN (Mademoiselle de).
( Hift. de Fr. ) Marie-Emilie de Joly de Choir, fut la
Maintenon du Dauphin, fils de LouisXIV, c’eft-à-
dire , qu’ elle fut pour lui une amie agréable &
utile qui corrigea & régla fes moeurs , qui embellit
fa v ie , qui rendit à fa cour de la décence. On
croit que, comme madame deMaintenon, elle parvint
à époufer fon amant, en refufant d’être fa
maîtreffe. Elle étoit d’une famille noble , origi-
nâire de Savoie, & defcendoit de plufieurs grands
baillis des provinces de BrefTe & de Bugey. Elle
fut une des filles de la princeffe de C on ti, fille de
Louis X IV , & de madame de la V-allière, &
par conféquent foeur du Dauphin. Mademoifelle
Chouin étoit laide & d’une ftature coloffale ,
mais elle ayoit de beaux yeu x, de la dignité dans
l ’ame, des agrémens infinis dans la converfation 5
elle avoit, dit l’auteur des Mémoires de Maintenons
tout ce qui. choq ue , & tout ce qui fait aimer.
On s’accoutumoit difficilement à fa phyfio-
nomie. Mais malheur à quiconque s’ y accoutumoit
une fois ! Elle ne plaifoit pas 5 elle charmoit.........
En fervant la Princeffe, elle paroiffoit en être fer-
vie ou mériter de l’ être. Le Dauphin étoit fi affidii
à la toilette de fa foeur, il y paffoit tout le tems
de fes longues vifites dans un recueillement fi ref-
peéfùeux, dans un filencê fi mêlé d’ inquiétude &
detimfdiré, que la Princeffe, aidée d’ ailleurs par la
malignité descourtifans & par l’habitude de plaire ,
le foupçonna d’ un commencement de pamon in-
ceftueufe que peut-être ne s’avouoit-il pas à lui-
même 5 elle ne faifoit que s’ en douter : pour les
courtifans, ils n’en doutoient déjà plus. La Princeffe
crut devoir interdire à fon frère les vifites du
matin 5 & fon frère ne tenant aucun compte de
cette défenfe, elle fitpartdefon idée & fans doute
de fes craintes à mademoifelle Chouin. Celle-ci
prend avec chaleur le parti du Dauphin , affure la
Princeffe qu’il eft incapable d’une paffion criminelle
, que du moins il n’en eft certainement pas
coupable, & lui apprend qu’ une autre eft l’ objet
des affiduités du Prince. Et quelle eft cette autre'?
Mademoifelle Chouin s’accufe elle-même. L#