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Ils ne se mettent jamais en toute sans être munis d’un ou
de deux 'javelots (1). Cette arme représente une lanoe de fer,
longue d’un quart d’aune , et dont les côtés sont courbés , et se
termine par un morceau de fer , tantôt rond et uni, tantôt dentelé
; oette lance est attachée avec des courroies de cuir à-un
bâton rond et mince de curtise (2), qui va en diminuant jusqu'au
bout: il peut avoir environ une brasse. Les Hottentots se
servent de cette arme avec une agilité étonnante contre les
bêtes et contre leurs ennemis; ils les lancent à plus de cent pas,
et manquent rarement leur coup.
Un objet peu ragoûtant, à la vérité, mais qui contribua au
moins à faire quelque diversion à l’ennui qui nous assiégeoit dans
le triste séjour où nous nous trouvions consignés pour la nuit,
'ce fut l’énorme gorge d’une jeune fille hottentote , dont les
■ mammelles pendoient jusques sur ses genoux : jamais je n’en
.-ai vu d’ aussi volumineuses à aucune de'ses-compatriotes. Je ne
prétends pas cependant les représenter ici'comme capables de
rivaliser pour lès formes cette célébré" coupe, de l’antiquité modelée
sur le beau sein de la Grèce. Leurs mammelles ontpropre-
:meitt la grosseur et la forme d’une -calebasse , de manière
qu’elles peuvent les jetter pardessus leurs épaules pour allaiter
leurs enfans, qu’elles portent sur leur dos enveloppés dans des
peaux de moutons nommés ici krass. Ils sont attachés avec deux
courroies; l’ une passe autour du col de la mère et de l’enfant ,
l ’autre sous le derrière de celui-ci, et va rejoindre le krass, La * I,
pointas, dans lesquels l’animal s’enferre
en tombant. L ’intrépide le Vaillant
tomba dans un de ces trous et pensa y
périr. Voyez son Voyage dans l’intérieur
de VJfrique, tome I. Note dû ré-
dacteur.
(1) Nommés assagay ou zagaie.
(a) Curtisia faginea. C’est -un nouveau
genre dont on n’a encore] qu’une
figure, médiocre et sans détails dans
l ’ouvrage de Burman sur les plantes de
l’Afrique (page 235, tome 82IT CG
mêmé genre porte le nom de Junghania
dans le Sy&tema naturoe de Gmelin (vol.
I I , page 25g ).. On l ’a d’abord connu à
Paris sous le nom.de Dorât mm. jLam i
graisse
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graisse dont elles se barbouillent et 1-excessive chaleur contri-
buent à relâcher les fibres de cet organe et à l ’amollir. Quelques-
unes ayoient des grains de verre aux jambes : leurs maîtres
leur en donnent en présent, ou pour leur salaire.
Ils m’apprirent une plaisante manière de cuire le pain sans
four. Apres avoir fait la pâte de la manière ordinaire , ils en
façonnent un pain assez épais , qu’on enterre dans la cendre
chaude. Il en sort si poudreux,' qu’il faut bien le ratisser avant
dé pouvoir le manger.
Je n’ ai pas besoin de peindre l’impatience avec laquelle nous
attendions le lever de 1 aurore. A peine ses premiers rayons
vinrent-ils éclairer le taudis parfumé où nous avions passé la
nuit, que nous nous empressâmes de prendre congé de notre
nombreuse société. Nous traversâmes plusieurs rivières, telles
que celles de Krakokou , d’Ao , de Koukoma et de Neisena;
nous nous engageâmes dans des bois remplis de ronces, et très-
épais, dans lesquels il. n’y-avoit d’autres routes que les sentiers
tortueux pratiqués par les Hottentots ; de manière qu’il nous
falloit marcher absolument courbés et conduisant nos chevaux
par la bride. Comme le jardinier Auge avoit déjà fait ce voyage ,
il nous servoit de conducteur, et nous avions laissé derrière
nous nos Hottentots avec leurs boeufs. Arrivés , dans l’ après-
midi, auprès de la rivière de Koukoma, et en ayant déjà'passé un
bras à gué , nous nous disposions à traverser un petit bois touffu
pour aller aux étables appartenant à Helgert Miiller, et que
nous avions apperçùes sur la hauteur au-delà du bois. Mais à
peine y fumes-nous entrés , que mes deux compagnons apper-
çoivent un énorme et vieux buffle mâle, seul au milieu d’une
place de quelques aunes en carré , absolument découverte ,
et où il n’y avoit ni arbre ni buisson. Le jardinier Auge s’avançoit
de sou côté; l’animal le voit et s’élance vers lui en poussant des
beuglemens horribles. Notre homme a encore la présence d’esprit
et le teins de se jetter avec son cheval derrière un arbre
Tome I . v s