
ét donnent à chaque tireur un nombre de balles proportionné
au nombre de buffles qu’ils veulent avoir. C’est ainsi qu’ils
nourrissent leur monde sans frais, et même sans toucher à leurs
troupeaux qui constituent leurs principales richesses. Les Hottentots
mangent la plus grande partie du buffle mais la peau
appartient au colon.
Je m’amusai beaucoup à voir quel plaisir les Hottentots de
la ferme et ceux qui nous suivoient, prenoient à fumer et à se
régaler réciproquement de la pipe; ils étoient assis à terre en
rond, elle faisoit le tour du cercle ; chacun, après en avoir tiré
quelque forte bouffée , la passoit à son voisin; ils avaloient une
portion de la fumée, et en rendoient le reste par la bouche et
par les narines.
Les paÿsabs qui demeurent entre Mussel-bay (1) et lès bois
des Houtniquas , font un -commerce de soliveaux, de madriers
et autres bois de charpente, quoique lé transport en soit long
et pénible; mais ils n’ont pas d’autres marchandises avec leurs
boeufs et leur beurre. Si l’on avoit établi une communication
par me r, d’ici ou de Mussel-bay au Cap, le commerce y gagne-
roit, le bois de charpenté, principalement, seroit à bien meilleur
compte ; mais au lieu de s’en occuper, on regarde même cet
établissement comme inutile.
Les regrets de notre sergent étant un peu appàisés , et
ayant trouvé le moyen de lui procurer un cheval d’emprunt,
je m’enfonçai plus avant dans le pays , en tirant vers la montagne
, dans l’espérance de rencontrer notre voiture de l’autre
côté, et sur-tout d’être un peu moins grossièrement traités
par les habitans , dont nous- allions si pacifiquement visiter
les asyles. Après avoir passé auprès d’une autre ferme appartenant
à Bota, nous traversâmes deux rivières pour aller à
( 1 ) B a ie a u x c o q u ille s*
Malakas-
Malacas-kraal, ensuite celle de Keurboom, et de-la à Jaekal-
Kraal (1).
. Le pays des Houtniquas finit de ce côté à la rivière de Keurbooms;
il est riche en pâturages , en bois et en buffles.
C H A P I T R E IV.
H otage du pays des Houtniquas jusqu’au fleuve de Camtour 3
OU les limites de la Caflrerie.
N o es longeâmes la montagne de Keurbooms-rivier, pour
arriver aux étables de Pierre Jagers.
Nous nous régalâmes ici en étanchant notre soif avec ce
qu’on appelle le lait au sac (2) des. Hottentots. Fort peu de
Voyageurs, à moins d’etre violemment tourmentés de la soif,
pe pourront se résoudre à prendre un pareil breuvage , qui
n’est pas très-appétissant , si l’on en juge par l’ extérieur du
yase qui le contient, J’avouerai que l’apparence ni est pas trompeuse
, c’ est un lait aigre et rafraîchissant, J’imaginois que le
lait bouilli et caillé, du Norrland , nommé dans le pays lait
épais (3) j et que l’on conserve quelques mois , étoit le plus
vieux du monde : cependant le lait au sac des Hottentots seroit
pour le moins le grand-père de celui de Norrland ; on le conserve
dans une peau de gazelle ( 4 ) bien cousue , et pendue à
la muraille. Les autres peaux sont toutes également bonnes
pour cet usage ; on verse dans cette outre du lait qui se tourne
en fromage, chaque jour on en verse de nouveau qui ne tarde
(1) Yallée des Jakals.
.(2) Schlauchmilch, littéralement lait
(i Voutre. On le conserve en effet dans
Tome I .
une outre. Note du redacteur
(3) Dicke milch.
.p| Capra oreas ( eland },
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