
marchandises , et qui peuvent approcher positivement contre
le parapet. Le long de ces canaux et des deux côtés, règne une
rangée d’arbres entremêlés de potences qui soutiennent des lanternes.
Les rues détournées sont extrêmement étroites, ainsi
que les allées de traverse.
Si l’aspect: des magnifiques édifices d’Amsterdam frappe les
yeux d’un étranger, ses oreilles ne sont pas moins agréablement
affectées par la multitude des carrillons de l’hôtel-de-ville et de
la plupart des. clochers, qui se font entendre plusieurs fois dans
une heure ; de cinq minutes en cinq minutes ils'{donnent un
petit fredonnement; à tous les quarts-d’heure ce fredonnement
est plus long, et un peu avant que l’heure sonne., ils exécutent
un air entier;
De toüs les édifices de cette ville , le plus remarquable est la
maison commune , qui n’a peut-être pas sa pareille ; la cour du
prince , où tous les vaisseaux doivent déclarer les marchandises
dont ils sont chargés , et la bourse , méritent quelqu’attention.
Là maison commune est revêtue, en dehors, de pierres de
taille ; au second est une salle vaste et élevée , ornée de différentes
sortes de marbres, et qui renferme des statues également
en marbre.
On imagine bien que dans une ville aussi vaste, aussi’ peuplée,
et où il y a une aussi grande activité , on doit entendre beaucoup
de bruit dans les rues, et sur-tout beaucoup de cris différens,
En effet d’un côté on promène des- légumes et des fruits, de
l ’autre une femme crie : mon beau poisson à vendre. Tous les
matins une autre porte deux seaux bien propres, et remplis d’un
excellent lait. I c i, un Juif déguenillé vous fend la tête pour
acheter vos vieux habits ; là , une vieille femme s’égosille pour
vendre son pain frais .Ces différens cris ont , à la vérité, leur
utilité"; car les particuliers, qui les distinguent très-bien, font
appeller le marchand, et ne sont pas- obligés d’envoyer leurs
servantes chercher dans la ville une foule d’objets de première
nécessité. A mon arrivée, je vis un homme, arme dune cre-
cerelle, parcourir les rues pour avertir de les balayer ; et chaque
matin, des tombereaux, divisés en plusieurs compartimens ,
reçoivent les ordures que l’on s’ empresse d’apporter des qu’011
entend le cri des charretiers.. Ce sage établissement évite l’encombrement
des canaux , qui ne manquerait pas d’avoir lieu,
si l’on y jettoit les ordures de la ville.
Le peuple jouit ici d’une liberté , complète, sans qu’elle dégénère
cependant en licence. L ’homme magnifiquement habillé
passe auprès de celui qui n’a que des haillons, sans etre insulte.
On. garde son chapeau par-tout dans les maisons et même dans
les temples. Chacun gagne sa vie comme il l’entend, pourvu que
ce soit d’une manière honnête. Au reste , toutes les professions
sont libres; il n’y a ni corps, ni maîtrise, ni privilège , qui
empêchent les particuliers d’exercer leur industrie. Les étrangers
n’ont pas le désagrément d’être visités aux portes de la v ille,
et craignent encore moins d’être mal menés ; car on ne connoît
pas ici les douanes provinciales.
Le lendémain de mon arrivée , il y eut exécution ; on attacha
plusieurs malfaiteurs à un carcan dressé devant la maison commune
: un autre fut roué. Les juges , en grand costume, restèrent
aux fenêtres de l’hôtel-de-ville pendant toute l’exécution,
afin de la surveiller et d’y donner plus de solemnité, ne voulant
pas confier cette importante opération à un procureur-fiscal ou
à quelqu’autre sous - officier de justice , qui pourrait être trop
indulgent ou trop sévère.
J’observai chez mon hôte, une manière simple et ingénieuse
d’apprendre aux enfans à marcher,. sans les exposer à tomber et
sans le secours d’aucun domestique. On leur attache sôus les bras
deux fortes bandes de toile, assez longues pour qu’après en
avoir noué ensemble les extrémités, on puisse les passer dans
lin bâton assujetti au plancher. Les enfans ainsi soutenus, peuvent
aller seuls en avant ou en arrière. On les garantit des mouches-
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