
Masson, envoyé par le roi d’Angleterre , et chargé de rassembler
toutes les plantes de l’Afrique qui lui tomberoient sous la
main pour le jardin de New à Londres,
Masson avait débarqué ici l’année dernière , avec le vaisseau
du capitaine Cook, dans lequel cet immortel marin, ainsi- que
les professeurs Sparrmann et Forster, dévoient faire le tour
du monde , et visiter le pôle méridional, Ce jardinier etoit
arrivé pendant mon voyage au pays des Caflres, e t, peu de
tems après, ayoit entrepris une excursion dans 1 interieur du
pays avec M, Oldenbourg, qui lui servoit a la fois de compagnon
et d’interprète,.
Masson avoit un bon chariot bien conditionne avec une bonne
tente de buldan, conduit par un Européen, homme digne de la
plus grande confiance. .Nous avions plusieurs paires de boeufs
de trai£ pour nos voitures, et un cheval de main pour chacun
de nous.
. . Trois-Européens et quatre Hottentots composoient. notre
suite ; ils étoient résolus à braver avec nous les dangers et les
. fatigues de toute espèce , pendant plusieurs mois , à s’enfoncer
dans les déserts ,'e t à s’isoler , pour ainsi dire , dp reste
des hommes.
C I NQUIEME PARTIE.
S e c o n d v o y a g- e sur les côtes de la Cajfrerie :
du 11 septembre au 26 décembre i? / 3,
Q u o 1 q u e mon équipage. fut des plus minces , comme le
prouve assez la description que j’en ai donnée, plus haut ,
je n’en tenois pas moins au projet de parcourir la partie nord-
ouest de l’Afrique , jusqu’à la montagne couverte de neiges ,
en tirant d’abord vers le nord, en passant ensuite par Camdebo
et autres endroits presque inhabités, et en m’écartant toujours
des, chemins les plus courts et les plus battus, ,
Ce projet pouvoit paroître un peu trop vaste , eu égard à
nies foibles moyens. Cependant la curiosité ne me permettoit
pas de rester en place, et je voulois voir les contrées que je.
n’avois pas encore parcourues., et y rassembler de nouvelles
plantes.
Je partis donc du Cap avec mes compagnons de .voyage ,
le i l septembre i 773. Notre première halte fut au poste de
la Compagnie, nommé Jan-Besis-Kraal (1) 5 ensuite à Riet-
Valley (2) , étables où l’on nourrit des vaches pour le service
du gouverneur. On y fait aussi du beurre pour sa consommation,
et on lui en porte de frais à la ville, une fois par semaine.
C’est le seul endroit dans les environs duquel il" soit défendu à
tous les voyageurs de faire paître leurs chevaux ou leurs boeufs' j
car par-tout ailleurs cette partie de l’Afrique ressemble à une
vaste commune dans laquelle chacun envoie, ses bestiaux. En
poursuivant notre route, nous laissâmes à droite Tiger- Berg (3),-
(1) Ferme de Jan Besis.
(2) Vallée des roseaux;
(3) Montagne du tigre,