
Un consolateur des malades fait la. prière tous les jours dans
la citadelle , matin et soir , excepté le dimanche, jour où l’on
pose une sentinelle à la porte de l’eglise , parce que l’on n en
permet pas volontiers l’entrée aux soldats.
Devant la citadelle est une place considérable pour les tonneliers;
les vaisseaux y déposent leurs tonneaux à raccommoder,
et beaucoup de planches. Ces objets sont gardés pendant
la nuit par une sentinelle , pour qui ce poste devient quelquefois
lucratif, quand il lui arrive de surprendre un amant avec
sa maîtresse , caché entre les planches ou les tonneaux. Ceux-
ci sont obligés'de payer quelques rixdalles , pour se soustraire
à la honte d’être découverts.
Quand un soldat tombe malade , on le conduit à .l’hôpital ; où
il est traité , -soigné et nourri gratis , jusqu’à parfait rétablissement;
mais pendant sa maladie , sa solde ne court pas, et il ne
reçoit pas même l’argent de la-subsistancej mais on lui tient
compte du montant, encore perd-il cette somme, quand on le
traite pour là maladie vénérienne.
11 peut aller par-tout ailleurs qu’à l’hôpital , si cet endroit
lui déplaît; mais alors il se fait traiter à sè6 frais, et on lui-paie
ses appomtemens et- sa subsistance.
Les appartemeris n’ont pas de cheminées , elles y seroient
inutiles. J’en ai cependant vu dans des sa llesplutôt par curiosité
que par nécessité. Les poêles y sont inconnus; les femmes
se servent en hiver, de charbon dans des chaufferettes.
Août et septembre sont les mois où le froid, se fait le plus
vivement ressentir, sur-tout les matins et les soirs , quand il fait
de la pluie où du vent. On y est d’autant plus sensible , qu’on.est
toujours habillé à la légère. La température de l’hiver du Cap ,
ressemble parfaitement à celle des mois d’août, de septembre et
d’octobre en Suède.
On voit rarement des femmes mettre leurs enfans en nourrice ;
en général elles les allaitent elles-mêmes, ce qui leur procure
des couches très-faciles,
Il y a peu de familles issues de mères noires , et sur-tout qui
en conservent des traces jusqu’à la troisième génération. Un
Européen qui se marie avec une esclave noire affranchie, a un
enfant mulâtre d’abord, mais qui, dans la suite , blanchit plus ou
moins. Les enfans de celui-ci., quand il s’unit, avec une .Européenne
, sont tout à fait blancs', et souvent d’une grande beaute.
La maison des esclaves de la compagnie , -est-voisine du jardin
, et renferme une immense quantité-, de ces malheureux, qui
sont tous très-occupés, les uns à la construction des bâtimens.,
les autres an transport des marchandises', et a d’autres travaux
de cette espèce. Les esclaves malades sont soignes par. le chirurgien
attaché à Rétablissement. La compagnie tire la plupart de
ses esclaves de l’ îl'e de Madagascar; les habitans en. achètent aux
officiers qui viennent sur des vaisseaux des Indes., soit Hollan-
dois , Erançois , quelquefois aux Anglois , mais jamais aux Suédois.
Avant que le vaisseau ne parte d’ic i , on y embarque tous
ceux qui sont convalescens. 1
Pendant leur séjour , les officiers' vendent, avec, un grand
avantage, différentes marchandises d’Europe, comme le vin , 1a
bière , le tabac , les*pipes de terre-, des ustensiles de fer , délicats
ou grossiers , deshabits de draps , du verre , des meublés ,
des jambons salés , de la viande, des saucisses-, des langues ,
des harengs, de la merluche, du saumon, du fromage, et autres
denrées fort recherchées;
Un vaisseau étranger en rade , n’a besoin que d’y rester peu
de teins , pour prendre lès provisions dont il a besoin ; mais les
Hollandois y' séjournent plus long-tems, pour laisser reposer les
malades de leur équipage ; à la fin , ils sont obligés de les emmener
à demi-convalescens. Ils ont besoin, pour la manoeuvre,
d’un bien plus grand nombre d’individus que les autres nations
européennes , parce que leurs navires sont construits d’après
les anciens principes, avec de grosses poulies et de grosses
cordes. ■