
pratiqué de petits escaliers, par le moyen desquels on descend
dans l’eau, jusqu’à la Fauteur que l ’on veut.
La Compagnie a fait construire à ses frais, une maison en
pierre , dont la garde est confiée à un vieillard : le petit nombre
de chambres qu’elle renferme , est destiné à loger leshab
gneurs. On les a distribuées en petites.cellules séparées par des
toiles à voiles. Certains logent dans des tentes , ou dans des
voitures , d’autres dans la ferme qui est plus bas. On prend les
bains pendant toute l’année , et principalement en été, depuis
le mois d’août , jusqu’en février. La montagne supérieure se
nomme la montagne noire.
Nous partîmes le 28 pour la ferme de Badenhorst ; ce colon
étoit occupé à battre son froment. Dans ce pays on n’enferme
pas le grain dans les granges , on n’en connoit meme pas l’utilité
, puisqu’il ne pleut point dans cette saison , et qu’on peut
par conséquent mettre le bled en meules. La chaleur dessèche
tellement la paille , qu’elle se brise en petits .brins. Qn ne peut
y toucher que le matin ou le soir^apres qu elle a ete. amollie
par la fraîcheur : les faucilles ont d’un côté des dents aiguës,
comme, celles d’une scie. On dispose pour battre le bled une
place unie , environnée d’un mur de terre glaise fort bas. On
y étend la paille avec, ses épis , sur lesquels on fait promener
plusieurs chevaux attachés ensemble ou séparés, qui écossent Je
grain avec leurs pieds. Au milieu du cercle qu’ils décrivent, est
un homme qui tient le premier cheval à la laisse 5 en dehors, un
autre armé d’un fouet, les fait aller au grand trot. La paille est
hachée et ne peut servir à couvrir lés maisons, Six hommes
avec les chevaux suffisans, peuvent battre et vanner trente ton-
nes de grains par jour. R est rare que l’on emploie les boeufs, à
battre les grains. En partant d’i c i , nous traversâmes la rivière
Booter (1) , d’où l’on découvroit la mer, et passâmes au pied
da
de la montagne nommée Kleyne-hout-hock, par-dessus le Groo-
te-hoet-hock (1)5 enfin à travers Hottentots-Hollands-Kloof{2),
qui est fort haute, je vis un chemin pratiqué sur cette, montagne
, et dont la direction est vers le Cap : quoiqu’il soit très-
escarpé et fort dangereux, c’est pourtant le seul qui passe au-
dessus de Roodesand, et le plus fréquenté par les colons qui
sont , obligés d’y faire passer des charges considérables. Je visitai
bien soigneusement cette montagne , et quelques fermes
situées au pied. Je poussai même jusqu’au bord de la mer.
Nous célébrâmes ici la nouvelle année avec presque tous les
habitans delà contrée, et nous passâmes la journée entière à nous
divertir sur le rivage , où la mer dépose beaucoup de varech-
trompette (5) , dans laquelle on souffle comme dans l’instrument
dont elle porte le nom : nous marchâmes une journée entière
sur ces vastes plaines de sable qui séparent les Hottentots-Hol-
Jands du Cap , où nous arrivâmes le 2 janvier 1773. 1
( 1 ) P e t i t e t g r a n d c o in d e b o is .
(2) V a l lé e H o t te n to te -H o lla n d o is e . .
(3) Fucus buccinalis. C ’ es t la t ig e d e
c e s in g u l ie r va re ch , q u i f o rm e , e n q u e lq
u e s o r t e ,une t rom p e tte .-E lle e s t p r e s q
u e l ig n e u s e , c y l in d r iq u e , f is tu le u s e ,
p r e s q u e au ssi g ro s s e q u e l e b r a s , .que lque
fo is f o r t longue , e t s o u v e n t çont
o u r n é e , s o it en s e r p e n t , s o it e n sp ir
a l e . C e t t e t ig e e s t am in c ie v e r s se s
e x t r ém i t é s , e t la s u p é r ie u r e se -te rm in e
e n u n e fe u i lle l o n g u e , p la n e , c o r i a c e ,
sans c ô t e , p in n a t ifid e e t c r é p u e la t é r
a lem e n t , q u e lq u e fo is m êm e p in n é e ou
p a lm é e .
Tome I , X'