
prévenir les désordres et" le tumulte , et empêcher d’entrer avec
l’épée ou le couteau-de-chasse, de peur de gêner ses voisins.
La salle ne s’ouvre qu’au moment où l’heure sonne; et pour
avoir une bonne place sur les bancs inférieurs , certains auditeurs
viennent souvent une demi-heure, d’avance. On applaudit
ordinairement quand le professeur entre et quand sa leçon est
finie. • .
Les mardis et jeudis on sontient, à l’Ecole de Médecine , des
thèses renfermées dans une demi-page. La salle où l’on dispute,
est divisée en deux parties; en dehors est assis auprès' d’une
table , un homme en noir avec un rabat, qui distribue les thèses ;
en dedans sont placés les officians sur des bancs et des chaises
drapés. Le.président et le répondant ont un surplis blanc , et sont
assis l’un auprès de l’autre. Ceux*qui interrogent sont habillés en
noir, avec des manteaux de la même couleur et des rabats
bleus.
jj On dispute de même dans l’Ecole de Chirurgie"; les chaises
et les bancs sont couverts en velours galonné : l’enceinte formée f
par les gradins qui régnent autour de la salle est occupée par
des chaises. Ces. apprêts et ces- dispositions donnent à la séance
un air de grandeur qui en impose. Les professeurs ont un costume
pour donner leurs leçons publiques ; c’est une robe noire avec
un rabat blanc.
Les François , en argumentant, prononcent le latin eomme
leur propre langue , de manière que , dans les commencemens,
un étranger a delà peine à les entendre.
Quoique les encouragemens ne paroissent pas nécessaires dans
un pays où l’on a déjà tant de facilités pour s’instruire , on ne
les a pas cependant oubliés. Il se fait des examens publics, dans
lesquels les élèves qui se sont distingués reçoivent des récompenses
; ce- sont des médailles d’or ou d’argent, ou d’autres
gratifications.
Le i5 février »771, j’assistai à un concours de ce genre, qui se
fit à S. Côme ; les élèves questionnoient et répondoient tour-à-
toùr. Il y en eut un autre au même endroit dans le mois de
mars, où six professeurs furent examinés. Tout le monde est
admis à cet examen, excepté les étrangers et les Parisiens. Ceux
qui-sont reçus à l’école-pfatique ou qui remportent quelque prix
dans les examens, ont l’avantage de disséquer et de faire d’autres
opérations chirurgicales sur" les cadavres , sans le moindre déboursé1’.
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L ’Hôtel-Dieu est le plus grand hôpital de Paris, et probablement
du mondé, entier ; il a , dit-on , un fonds de six millions qui
ont été formés et accumuléspar différentes donations volontaires.
Les malades y sont traités; et soignés, gratis , sans distinction
d’état, de nation, ou.de religion, et quelque-nombreux qu’ils.'
soient. On les apporte ordinairement sur un brancard, et on
les inscrit dans la chambre de réception. On entre par la chapelle,
à,la porte .de-laquelle commence un rang délits qui ne sont pas
cependant toujours occupés; de-là on passe dans de vastes salles
qui renferment plusieurs rangs .de. lits.; avec un grand nombre
de malades., principalement des enfans qui sont couchés quelquefois
quatre .dans un lit. Dans l’étage supérieur on voit les
malades qui ont besoin de l’ office des chirurgiens ; au-dessus les
femmes .en couche , ou qui n’attendent que le moment. Les malades,
des deux sexes sont-servis par des prêtres et par des religieuses.
On apporte le manger sur des tables , .et on le distribue,
auxmalades dans des écuelles. Chaque lit a sa chaise percée couverte.
Dé grosses lampes éclairent les chambres pendant la nuit.
Quand un malade meurt, on le porte dans la salle des morts j
où. ils sont ensevelis dans de la toile d’emballage. On sépare-
soigneusement ceux qui sont morts le matin, ou l’apres-midi. Le
nombre des morts se monte ordinairement de dix à vingt par
jour, et celui des malades quelquefois; ; à trois mille , dont deux
mille soignés par les médecins, et mille pansés par les chirurgiens. >
Le i er rndgs 1771 on comptoit à l’Hôtel-Dieu de Paris trois