
est un grand arbre. On en fait des pupitres ét des armoires.
Le geel-hout (1) , grand arbre dont le bois très-pesant, est
plus ou moins jaune ; il sert à faire des tables.
Le poivrier ( 2 ) est très-commun dans les bois ; les villageois
nomment son fruit staart-peper , et savent l’employer
comme épice.
- Je vis un crystal de roche trouvé ici; il étoit de la longueur
du doigt.
•' Nous laissâmes notre charriot au poste de la Compagnie , et
on le remplaça par une grande voiture couverte de toile à
voile , avec dix boeufs frais, pour continuer notre voyage en
'Caffrerie-, et dans l’intérieur des terres. Ici les paysans , faute
d’horloge , comptent le tems par le cours du soleil.
Quelques Hottentots ont fixé leur habitation à peu de distance
de la ferme , et sont souvent employés ' au service de
la Compagnie. Ils aiment passionnément le tabac et l’eau-de-
v i e e t paraissent se plaire infiniment dans l’ordure et dans
la puanteur. Tout leur corps étoit barbouillé d’une graisse huileuse,
et saupoudré de buchus dioriisa, pour exciter l’ attention
de nous autres ' étrangers , et pour nous plaire.' Ils s~’étoient diaprés
de raies rouges et blanches ; ils " avoient une bourse pour
cacher leur nudité , et les femmes un morceau de peau qüarré
devant elles. Des chapelets de grains de verres blancs, bleus ,
rouges et autres couleurs , formoient plusieurs anneaux autour
de leurs bras', de leur col, et même de leur corps. Quelques-
uns portoient des bracelets de fer de laiton ou de cuir. Une
peau de mouton sur le dos, une autre pendante sur les épaules
, formoient tout leur accoutrement. Ils ont toujours la pipe
à la bouche, et vivent du produit de leurs bestiaux ou d’oignons
, qu’ils ont l’adresse de déterrer dans les champs.
En continuant notre voyage , nous passâmes la rivière et
,(i) Bois jaune, ilex crocea. (2) Piper capensis.
les
les hauteurs de Kraakous. Le 24 à midi, nous arrivâmes à la
rivière Vet (1) , que nous traversâmes , après avoir rencontré
plusieurs métairies.
Je n’ ai vu nulle part autant d’aloës (2) que dans cette contrée
; la résine découle abondamment de chaque feuille-
Je ne vis pas sans étonnement, les moutons manger impunément
plusieurs plantes vénimeuses , telles que le sumac luisant,
le lyciet d’Afrique, &c. (3) On me dit même, que c’étoit leur
principale nourriture.
Le lendemain nous allâmes voir un villageois nommé Martin
Lagrans , demeurant auprès de la rivière Palmit (4) ; il possé*
doit une telle quantité de poules, qu’elles lui donnoient journellement
cent oeufs.
Ensuite nous passâmes la rivière de Zoete-Melk ( 5 ) , la vallée
Swarte (6), auprès de laquelle se-trouve la ferme de Welte?
Vreede (7) , sur la rivière Val (8).
Les rochers situés auprès de la montagne Styarte (9) , me
parurent ferrugineux.
Le 27 , nous longeâmes Groote-Valley (10) , et passâmes la
rivière Gouds ( n ) , pour nous rendre chez Daniel Pinard.
On me dit que les environs abondoient en chiens et renards
enragés (12).- : , ■' *
Les villageois ont une plaisante manière de délivrer leurs
volailles de la vermine. Les poulaillers sont construits en terre
glaise, de la forme et à peu près de la dimension d’un grand
four; quand leurs volailles sont trop tourmentées par la ver- *2 3 4 5
- (i) Rivière grasse..
(2) Aloe perfoliata.. On sait que sous
ce nom Linné e a confondu plusieurs
esp è ces très-distinctes.
(3) Rhus Lucidum, lycium afrum, &c,
(4) Rivière aux palmiers.
(5) Rivière de lait doux.
Tome I.
(6) La vallée noire.
(7) Bon contentement,
(8) Fausse r iv iè re
(9) Montagne noire.
(10) La grande vallée.
(11) Rivière d’or.
(12) Rabies canina et vulpinn.
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