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On emploie le restioii fourchu (1) à faire de longs balais.
Les gousses ou baies d’u-ne espèce de gethylis (2)., qui se
trouve dans le sable des dunes hors de. la ville , et qui n’a ni
feuilles , ni fleurs, fait les délices des femmes..Cette baie , qui
est longue comme le doigt, et un peu plus large par le bout,
a un’ goût agréable et une odeur semblable à celle de la
' fraise ,'qüi remplit l’appartement.
En creusant des degrés de terre grasse non loin du rivage ,
on tira devant moi de la terre mêlée de coquillages , que. l’on mçt
dans des corbeilles , et qu’on lave ensuite jusqu’à ce qu’il n’y
reste plus de terre. Je vis aussi ramasser bien attentivement
toutes les coquilles que les- vagues poussent sur le rivage , et en
former de gros tas pour faire de la chaux ; et voici de quelle
manière : on-construit un bûcher de . troncs, d’arbres et de
branches, sur lequel on fait’ calciner les coquillages. Les prisonniers
relégués à Robben-Eyland (3) , ramassent beaucoup
de ces coquilles , que l’on convertit eu chaux pour le service de
la Compagnie. Il n’y a pas dans toute la contrée, une seule
montagne qui renferme de la pierre à chaux.
Les Hollandois ici , et dans toutes les Indes , naissent marchands
aussi naturellement que certains.hommes , dit-on , naissent
poètes. Si un père de famille exerce toute autre profession
que le commerce., sa femme ou ses enfans se livrent à. celle-
ci , de différentes manières , et sans avoir un but bien déterminé
; car on auroit de la peine à trouver au Cap un vrai négociant.
Cependant tout le monde se mêle de trafiquer; ils ne
vendent, à la vérité , qu’une certaine espèce de marchandise ,
à une certaine époque de l ’année, et tâchent de gagner là-
dessus le plus qu’ils peuvent,
( 1 ) Restio dichotomus.
(2) Gethyllis. On la nomme hüku makranka dans le pays.
(3) L’île des Chiens de mert
Deux
Deux sortes de vents régnent i c i , et quelquefois avec une
grande violence ; celui du sud-est en été , et du nord-ouest
en hiver. Quand le premier s’élève il pousse les nuageS bien
loin au-delà des montagnes , et bientôt après, il tombe une
petite pluie fine ; ces nuages se dispersent sur la cime" des montagnes
, et quand ils sont complètement dissipés, le vent a beau,
continuer de souffler-,..le tems n’en est pas moins constamment
beau,et serein.,
Les habitans du Cap travaillent tous les jours -, sans excepter
même le vendredi-saint. Ce jour il y a,prêche l’après-midi, et l’on
ne fête qu’une demi-journée.
La ville ne renferme qu’une seule église réformée , assez
grande et belle. Les Luthériens, quoique très-nombreux , n’ont
pu encore obtenir la permission d’en faire, construire une (1)
deux prêtres logés dans la ville , et largement salariés , desservent
l’église réformée.
L’hôpital est fort mal situé et en mauvais état ; on songe même
à en bâtir un plus vaste et plus commode. Lès malades sont mal
sollicités, par l’ignorance de ceux qui les-traitent, quoique la
Compagnie n’épargne rien pour cet objet. On m’a dit qu’elle
achetait seulement pour deux cents ducatons, e’ést-à-dire, un
peu plus de six cents florins d’amandes pour les malades, qui ne
peuvent pas cependant en obtenir une. On en paie la moitié tous
les six mois, après avoir évalué combien de milliers d’amandes
cette .somme doit procurer, d’après le taux courant. Elle est
toujours la même.; mais la quantité d’amandes-varie, selon les
prix , et les malades n’en ont jamais davantage.
Les] chirurgiens reçoivent huit rixdalles pour chaque vérole
qui passe les grands remèdes à l’hôpital ; le malade paie deux
(1) Depuis le départ de M. Thun-
berg, les Luthériens ont obtenu le libre
exercice de leur religion, et ont
Tome I .
fait construire, au Cap, une église où
ils ont prêche publique.
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