
On prétend que les élévations mamillaires (1) de cet animal,
sont un antidote contre la pierre.
Un grand nombre de Caffres nous suivirent à notre retour
vers la rivière Zeekoe, et s’évertuèrent à faire des tours devant
nous, sans doute pour avoir un peu de notre tabac , qui paroissoit
fort de leur goût. Cependant ils voulurent bien faire trêve
a leurs gambades, pour me donner des détails sur l’accident
arrivé depuis peu à un paysan , qui .avoit été mordu par un
serpent à. sonnettes. *
. Ce malheureux marchoit pieds nuds dans l ’herbe, comme
c’est l’usage dans ce pays, où. l’on ne met des bas et des souliers
que pour aller à l’église ou au Cap. Il étoit à un mille
environ de chez lui , quand le serpent le mordit ; aussi-tôt il
envoya chercher un cheval par son esclave, et se serra fortement
le pied pour empêcher le poison de monter. En arrivant
il se trouva tellement accablé de sommeil, que sa femme eut
toutes les peines du monde à le tenir éveillé. Il eut 'une cécité
qui dura quinze jours , et sa jambe s’enfla au point que la
chair formoit un bourrelet au-dessus du bandage 5 on ne l’ôta
qu’avec beaucoup de peine. Enfin , on ouvrit la plaie avec un
couteau, et on lava le pied malade dans de l’eau salée; on
lui fit prendre du lait en grande quantité , plusieurs seaux même
dans une seule nuit, quoiqu’il le vomît continuellement; enfin
on lui appliqua la pierre à serpent. Sa guérison fut très-longue,
et plusieurs années après cet accidentel ressentait des- douleurs
dans les changemens de tems ; quelquefois même sa plaie se
rouvroit.
Les colons de cette contrée n’ont d’autre bien que leurs bes-
tiaux j qui sont sujets a plusieurs Hialadies.
i°. La maladie de la langue est une espèce d’aphthe qui attaque
les bêtes à cornes; il leur vient sur la langue des vessies
(1) Processus mamillaris.
pleines d’une matière claire , qui les empêche de manger ;
elles maigrissent à vue d’oeil, et finissent quelquefois par en
mourir. Les villageois frottent ces vessies avec du sel.
La maladie des pieds leur vient quand on leur fait faire,
en été, une marché forcée pendant le jour. Le sabot se lâche
de manière qu’ils ne peuvent plus aller. On doit attribuer
cette maladie aux grandes chaleurs. On prétend qu’elle est
contagieuse; en effet, elle attaque les boeufs l’un après l’autre,
et j’ai vu un attelage entier malade ; mais je crois qu’il y a identité
de cause, et non pas contagion; l’animal malade se guérit de
lui-même en une semaine ou deux.
On trouve ici chez les paysans quelques cochons d’Inde.
Je vis une chrysomèle (1) jaune, qui faisoitun dégât effroyable
parmi les herbes potagères des jardins.
C H A P I T R E VI ,
R e t o u r de la Cajfrerie au Cap.
A près avoir été au-delà des habitations européennes dans
cette partie du Cap, nous nous disposâmes, vers le commencement
de décembre , à revenir sur nos pas.
En allant à L an ge -K lo of, je vis quel parti les villageois
savent tirer des eaux qui descendent des'montagnes, pour arroser
leurs vignes et leurs jardins. Ils la conduisent en petits
ruisseaux à leurs plantations , et la font circuler en petites
rigoles entre les ceps ou les plates-bandes. Quand ils n’en ont
pas besoin', ils bouchent l’ entrée de ces rigoles avec un peu
de terre ; Ils conduisent de cette manière l’eau aux moulins,
aux viviers, et autres endroits où elle est nécessaire.
Y 3
(1) Chrysomtla.