
vais.reliquat de rougeole 5 c’étoient des taches bleues (1) qui
paroissoient sur son front, sur ses bras et autres parties de son
corps , pendant deux ou trois semaines , s’en alloient et reve-
noient alternativement : son front sur-tout étoit devenu hideux.
Un colon avoit été attaqué d’une espèce de pulmonie après la
même maladie ; je fus assez heureux pour que les remèdes que
je lui ordonnai le guérissent radicalement.
Le lendemain nous continuâmes de suivre la vallée jusque chez
Bareul Labbes', en laissant à gauche le défilé de Pickenier et
la fermé de Matton..
Le i 4 nous nous arrêtâmes au défilé, chez le jeune Bareul
Labbes ; le pays commençoit à devenir froid et montagneux.
La racine d’un stoebée qui croît ic i, a la même odeur que la
valérianne des jardins (3) , et pourroit avoir quelque vertu
contre l’épilepsie.
Munis de différens comestibles, nous nous préparions à passer
la montagne pour aller à la ferme de Kis-Koop-mans, à celle
de Spannenberg „ enfin à celle de Clas-Loper, située dans la
partie la plus basse de la plaine des Antilopes , en passant la
Doorn-rivier (3) : mais nous n’ étions pas encore'parvenus sur le
sommet de la montagne, que le cocher eut la mal-adresse de
me verser ; le timon de mon charriot fut brisé , de manière que
je me vis hors d’état de continuer mon voyage par des chemins
raboteux et difficiles, à travers des montagnes non fréquentées.
Nous commençâmes donc par réparer ce malheur de_ notre
mieux, et retournâmes à la ferme pour réfléchir sur le parti
que nous prendrions.
La voiture étant raccommodée , nous lui fîmes-rebrousser
chemin avec la charrette par le défilé-de Pickniers, ensuite par
Roodesand-Kloof (4) jusqu’à Roodesand (5) même , où nos équi-3
2 * (,1 ) F u g e l la t i o n e s .
(4) Défilé du sable rouge,
(2) V a le r ia n a p h u .
(5) Sable rouge.
(3) Rivière aux épines.
pages dévoient nous attendre. Mon compagnon anglois et moi ,
nous revînmes à cheval par le haut de la vallee ; nous descendîmes
à la ferme de G ans, et traversâmes Lange-Elands-Kloof ( 1 ),.
et de la montagne nous descendîmes dans Koude-Boekveld (2)
pour nous rendre chez Bernard Forster.
L e défilé des Elans est très-large : une petite rivière l’arrose.
Toute la contrée. située entre la plaine basse, Koude-Boek-
veld, Oiifants-Kloof (3) et Carroveld, est très-haute ; l’hiver
s’y fait même assez fortement ressentir , mais pas tout-a-fàit
autant qu’à Rogge-veld (4) , qui est'assez .éloigné de l’autre
côté de Carro. Les habitans sont même contraints , par le froid
et par les neiges , de passer plusieurs mois de l’année , depuis
avril jusqu’en septembre dans les, campagnes de. Carro > qui sont
plus chaudes ; en outre , le tonnerre y procure de l’eau de pluië.
Les colons des champs des Antilopes émigrent également pendant
un certain tems de l’année avec leurs bestiaux, au-delà de
la montagne , pour aller à Carro., Ces émigrations temporaires
sont cependant très-défendues.
Le froid Boekveld est à-peu-près aussi large qu’Olifants-
Kloof ; de hautes montagnes l’environnent des deux côtés ; elle»
se joignent au nord-ouest, et ne laissent qu’un passage étroit qui
conduit dans une petite plaine unie, située“de l’autre côté. Il y
tombe quelquefois de la neige qui ne fond' pas toujours tout de
suite.
Quoique le pays soit froid , il étoit autrefois bien plus peuplé
de Hottentots qu’il ne l’est maintenant d’Européens. Ces derniers
y ont établi fort peu de fermes.
Les Hottentots vivent en société et forment des villages de
quelques centaines d’habitans. Us subsistent de racines , de
(1) La longue gorge des élans.
(2) La froide campagne des Anli-
lopes.'
(3) Le défilé des élephans.
(4) Champ de seigle.