
elles se prolongent à l ’e s t , plus elles occupent de terrein.
Le 26, chez Pierre Frere, l’un des plus hardis et des plus
adroits chasseurs d’éléphans du pays. Il parloit très-bien la langue
hottentote.
Ici se termine le canton de Camenassie : du même côté,
un chemin propre pour les voitures, conduit au-delà des montagnes.
Dans toute cette étendue de pays, on ne s’occupe que de
l’éducation des bestiaux, et l’on porte une grande quantité de
beurre à la ville; les colons ne le vendent que trois , quatre, ou
au plus six sols la livre, quoique la Compagnie le paie deux
schellings.
Quoique ce soit l’usag'e parmi les voyageurs de ne marcher
que la nuit et de se reposer le jour, nous étions obligés de faire
le contraire pour rassembler des plantes , puisque c’étoit là le
principal but de notre voyage. Nous ne pouvions conséquemment
laisser paître nos boeufs que pendant la nuit, dans les lieux
où nous les croyions le plus en sûreté.
Aujourd’hui nous les avons laissés aller dans des pâturages
peu éloignés de la ferme. La soirée fut plus obscure que de coutume
; les chiens firent un tapage effroyable, et tous les bestiaux
se réfugièrent auprès de la ferme, sans que nous puissions
leur être d’aucun secours avec nos fusils, à cause de la profondeur
des ténèbres.
Le lendemain nous nous apperçûmes qu’ils avoient été poursuivis
par une hyène (1) : un de mes boeufs avoit ete mordu
dans le flanc ; une portion de sa peau avoit été emportée , mais
ses entrailles étoient intactes.
L ’hyène est un animal vorace et hardi, qui mange les selles
des voyageurs sous leur tête , et leurs souliers à leurs pieds,
tandis qu’ils dorment en rase campagne. Quand il entre dans un
parc de brebis, il ne leur fait- aucun mal : mais les pauvres
bêtes ont si peur et se pressent tellement les unes contre les
autres, qu’il y en a toujours plusieurs d’étouffées.
Le 27, chez Matthias Struding; le lendemain, chez Pierre
Nuckert; et enfin chez André Dupré.
Nous tuâmes, dans ces montagnes , plusieurs coudous (1),
espèce de bouc, de la grandeur d’un cheval ordinaire. Sa chair
est délicate, d’un excellent goût; mais le morceau le plus friand
de l’animal , est la langue, que l’on sale pour la vendre au
Cap. On'prétend qu’elle ne le cède pas à celle du renne : il
ne se défend pas avec ses cornes comme le bonte-boucu, dont
il est fait mention plus haut, ou comme le pasan (2).-
On me montra dans une de ces fermes, un jeune cabri provenant
d’un petit bouc fort rare , nommé crébi (3). Il étoit
brun , un peu- plus gros qu’un chat et .très-beau. Il habite lés
plaines de Lange-Kloof. On m’assura que la femelle seule a
des cornes : il me paroît bien plus probable cependant que. ce
soit le mâle.
Il est aisé de s’appercevoir que toute l’étendue de ce pays fait
partie de la possession dés colons hollandois , devant lesquels
le foible Hottentot est obligé de se retirer, et de s’enfoncer
dans, l’intérieur des terres. Ces colons commencent par s’emparer
des bons pâturages et des plus belles vallées, ne laissent aux
Hottentots que les mauvais terréins, jusqu’à ce qu’ils jugent à
propos de les chasser entièrement de leur cher pays natal.
Sur la gauche est une langue de terre, entre les montagnes , *2 3
(1) Câpra oreas. C’est le coudou de
BufTon, et Vantilope oreas de Gmelin
(Syst, nat. I ,p . 190, n ° . 1 7 ) , espèce
qu’Erxleben nomme antilope oryx. Mais
ce dernier nom spécifique est maintenant
appliqué au pasan. Lamarcl;.
(2) Capra oryx. Antilope oryx. Gmel,
Antilope recticornis. Erileb. p. 272.
(3) Cap ra monticola. Seroit-ce Van-
tilope pygmasa de Gmelin ?
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