
les montagnes qui les environnent, on'apperçoit au-delà, des
cotes et des vallées à-peu-près semblables, mais beaucoup plus
étroites et rarement habitées, car elles ont au plus un demi-
mille, ou un quart de mille de large 5 mais les autres ont généralement
plus d’un mille.. Certains sommets de montagnes- ne
sont pas éloignés du jet d’une pierre les uns des autres. Il
s’en -faut donc de beaucoup que ce pays soit égal et uni. La
partie méridionale est la plus creuse , parce que les ruisseaux
les plus considérables s’y réunissent., et coulent parallèlement
avec les. côtés de ces montagnes, qui s’élèvent par une pento
assez douce.-Celles situées à la pointe même du Cap, c’est-à-
dire-, à la dernière extrémité du continent, sont les plus ramas-'
sees; ainsi plus on avance dans la contrée , plus elles s’ élargissent
et s’alongent, plus le sol s’élève et plus le climat devient
froid. Il tombe souvent de la grêle d’un quart d’aune d’épaisseur.
Elle reste plusieurs jours dans les vallées , et des 'semaines
entières- sur les montagnes sans se fondre; tandis que les plaines
inférieures brillent de tout l’éclat du printems. Le froid augmente
en proportion de la hauteur du pays,: et les végétaux y sont
aussi plus tardifs. J’ ai Observé dans certains endroits la diffé-*
pence d’un et même plusieurs mois. -
Le sol du Cap étant bas, et l’air conséquemment plus' doux
que dans tout le reste de la contrée, On y trouve abondamment
des plantes et des fleurs de toute espèce. Il en est dé même
de toute la côte du sud Où les montagnes baissent insensiblement;
c’est la partie la plus chaude et la plus habitée de toute
la colonie.
Je me suis peut-être un peu trop appesanti sur la description
des montagnes , leur direction, leur hauteur et la situation
de. la contrée en général. Mais on me pardonnera d’ avoir insisté
sur des details qui peuvent contribuer à répandre de nou-p1
velles lumières ‘ sur la géographie de cette partie de l’Afrique;
J’ai tâché d’expliquer pourquoi un pays si fertile, si peuplé
d’un
d’un côté, étoit de l’autre sec, aride et presque inaccessible.
Constantia ou Constance est le' nom dé deux fermes considérables
, distinguées en grande et petite , situées au pied
oriental des montagnes. Ce site est renommé par l’exquise
bonté de ses vins qui en portent le nom, et qu’on appelle encore
quelquefois vin du Cap. On sait combien il est cher et estimé
en Europe. Ce vin moelleux, d’un goût agréable., ne, se boit
qu’au dessert et en petite quantité. Si l’on en faisoit. excès,
il pourroit’gâter l’estomac par son extrême douceur.
On recueille environ soixante tonneaux de vin rouge, et
quatre-vingt-dix., de vin blanc. La récolte varie dans ce canton
comme dans tous les autres. Ces deux fermes ont joui pendant
long-tems du privilège exclusif de produire d’aussi bon vin ; mais
depuis quelques années, on-est parvenu dans les environs à se
procurer et à élever des plants qui soutiennent le parallèle avec
ceux de .Constance. jLeur vin se nomme vin stomacal; il est
moins, cher que l’autre. La majeure partie se vend aux bâtimens
étrangers : quant à celui de Constance , la compagnie-des Indes
s’en réserve exclusivement le débit : il fait partie des articles
prohibés ou de contrebande,
On ne peut en acheter, encore moins le transporter en Hol-i
lande .sous le nom d’aucun particulier.
La rivière Zout (1) est assez considérable, et tire sa source
de la montagne- de la Table : elle se décharge dans le port - le
voisinage de la mer en a rendu l’eau* jaunâtre ; le flux et le
reflux s.’y font sentir.
Dans les grandes pluies- d’hiver on voit des tcrrens jaillir des
crevasses des montagnes et se.précipiter en cascades bouillonnantes.
sur dès rochers nuds et escarpés.
(1) R iv iè r e à s c R