
du fusil. J’imaginai qu’en qualité d’étranger , je lui serois moins
suspect. En effet, je le guettai si bien un certain jour , que je
parvins à l’abattre , à la grande satisfaction de mes hôtes.
Comme nous avions à traverser , en sortant de cette ferme,
une vaste plaine , unie et aride , notre digne hôtesse s’ occupa
de la meilleure grâce du monde à nous faire des provisions de
biscuit, de pain , de beurre , de viande fraîche , &c.
- Nous mîmes notre bagage dans un bateau , pour le conduire
de l’autre côté de la rivière , qui est ici très-large : nos bestiaux
le suivirent à la nage en traînant nos voitures. Des bosquets
composés de différentes espèces d’arbres ornent les. bords
d’Olifants-rivier. Je remarquai-beaucoup de mimosa niloticà
ou acacie d’Eg.ygte.
Le 3q nous nous rendîmes à cheval au bas de l’extrémité
des montagnes’ : la première et la plus avancée se nomme
'Wind-hoek. (1) ; une autre, Maskauma. Nous mîmes pied à terre
à un dépôt de bestiaux nommé Trutru, et appartenant à Ras.
Quoique j’ aie déjà parlé plusieurs fois du melon d’eau dés
Hottentots, je ne parvins à voir cette racine qu’ici sur les
Coteaux d’alentour. Elle est presque ronde comme une boule ,
un .peu jaunâtre et dure comme une rave. Elle a à-peu-près un
quart d’aùne de diamètre, un goût agréable et rafraîchissant.
C-’est un des mets favoris des Hottentots. Sa fleur n’étoit pas
encore bien éclose, mais elle me parut tenir de la famille des
apocynées (2), et an genre céropege ou périploque (3). .
Les champs étoient absolument desséchés 5 il ne restoit de
' (1:) Coin du vent.
(2) Contortoe. L in n é e , dans l’un de
ses ordres naturels qu’il nomme contortoe,
ayant confondu deux familles
très-différentes, sav o ir, les apocynées
et les rûbiàcées , puisqu’il réunit dans
ce même o rdre le genip'a et le' gardénia
avec le plumeria et autres genres
des apocynées, il convient de ne plus
citer comme famille cet o rdre des
contortoe, parce que cela p eut induire
en e rreu r. Lam.
(3) Ceropegia periploca.
l’eau que dans les crevasses et quelquefois au pied des montagnes
, et tout: le pays en général est si maigre t qu’il n’y
■ a pas.moyen d’y former d’habitation.
■ Nous avions en face de nous la montagne de Boek-lands, qui
se prolonge considérablement du côté de la mer, et qui forme
plusieurs pointes droites et parallèles, qui ressemblent à autant
de coteaux.
Le 3i nous continuâmes notre marche à travers le désert.,
qui devenoit de plus en plus aride. Dans uiïe étendue de trois
journées;, nous ne trouvâmes • que trois endroits où il restoit
encore un peu d’eau salée. Comme ils sont à quelque, distance
du chemin , un étranger peut les passer sans s’en appercevoir ,
et risque ainsi de périr avec-ses bêtes de sommé. Nous rencontrâmes
heureusement un villageois qui revenoit du Cap et
qui suivoit le même chemin que nous ; mais comme nos bêtes
étoient trop fatiguées pour.le suivre, je le .priai de dresser
un poteau dans les endroits où il faudrait faire halte , et surtout
où nous pourrions trouver de l’eau, qui , quoique salée,'
n’en est pas moins précieuse au milieu de ces plaines arides.
Le même soir nous apperçûmes le premier poteau ; c’étoit -
dans un endroit nommé Enkelde-dorn-boom-rivier (1). Mais
le lendemain point d’indication , et conséquemment point d’eau.
Nos bêtes n’en pouvoient plus de chaleur et de soif, et nous
eûmes toutes les peines du monde à les conduire au bas de la
montagne de Bocke-land (2) , où nous n’arrivâmes que le soir,
après avoir traversé une place nommée Leuwen -Dais (3) :
nous y passâmes la nuit auprès d’un petit ruisseau d’eau fraîche
, nommé Dorri-rivier (4).
Pendant l’hiver, dans la saison des pluies, les colons amènent
(1) L a claire riv iè re d’aube-épine. (3) D anse du lion.
(2.) T erre des gazelles. ' (4 ) Rivière' aux épines.