
la bourse , le chantier, la place Frédéric, les quais, les ports ,
&c. je m’empressai de retourner à Helsingor , par une voiture
• de renvoi que me procura M. Gisler , mon hôte ; elle ne
devoit me conduire qu’à une certaine distance , ensuite j’aurois
pris une chaise de poste pour me rendre à ma destination. Mais
arrivés un peu au-delà du parc, nous trouvâmes les cabarets
et les auberges-tellement remplis de musiciens , de danseurs
et de buveurs , qui arrivoient en foule avec leurs compagnes ,
que je ne pus me procurer ni chevaux , ni même un asyle pour
y passer la nuit. Quoique la musique et ces danseurs me rappel-
lassent que nous étions au dimanche soir, ils ne m’en causoierit
pas moins de distraction et même d’inquiétudes. Je résolus donc
d’aller, avec mon paquet d’herbes sous le bras , chercher plus
loin une autre auberge. Mais, sans guide , ne connoissant pas
le pays , je fus surpris par la nuit, étant encore dans le parc. Il
fallut donc me jetter au pied d’un grand arbre , et y dormir avec
les habitans des bois.
La journée suivante fut belle, mais chaude ; et comme je
continuai ma route à pied ,.le manteau qui m’avôit été si utile'
pour me garantir de la fraîcheur de la nuit, me devint terrible-.'
ment incommode par sa pesanteur. Cependant j’arrivai vers midi
à une auberge où l’on me procura, unexhaise de poste , qui me
conduisit à Helsingor.
Il est aisé de s’appercevoir sur la côte que le- sable et les
plantes marines , telles que les varechs (î ), la comblent insen-'
siblement, beaucoup moins , à la vérité, que du. côté de la
Suède. On peut conclure de cette observation, que le Sund'
s’est déjà beaucoup. étrécit et-s’étrécira encore davantage par'
la suite des temps. Les plantes du rivage sont différentes espèces
de varechs (2) , .de soude (3) , et la zostère. Plusieurs beaux
(1) Fuci.
(2) Fuci.
(3) Salsola.
jardins , ornés de bosquets et'de cabinets de verdure, bordent
la route et la rendent assez agréable.
Lés maisons d’Helsingor sont bâties, les unes entièrement
en briques , les autres en briques, et en bois , comme dans la
province d’Hollande. Les nombreuses fontaines ,. distribuées;
dans les rues et dans les places publiques, forment un établis-,
sement .d’autant plus précieux, qu’on peut se procurer facilement
au moins de l’eau dans un pays ou la cherte semble avoir-
fixé son séjour.
Peu de temps après mon retour, à Helsingor, je montai à bord
d’un vaisseau chargé de grains,,..venant de Pilau, et destiné
pour Amsterdam. Nous mîmes à la voile le 18 septembre , et
ne tardâmes pas à perdre de vue les côtés de Danemarck et de
Suède. Mais une tempête noua obligea de relâcher dans un port
de Norvège, à trois milles de Fredericks-homs , où je trouvai un
vaisseau suédois et plusieurs autres.
Les montagnes qui environnent ce petit port ont uni aspect
affreux, et le rivage y est très-profond. Je reconnus dans l’eau ,
non loin de la côte, une grande quantité d’étoiles de mer (1) ,
de varechs (2) , d’ulves (3) , de balanites (4) , de crabes (5) , et
d’autres productions de la mer , tant végétales qu’animales. Les
homares (6) étoient.à très-bas prix. Au reste, autant tout est
cher à Helsingor , autant tout est ici à bon marché. Je ne vis' à
cette époque, sur les rochers , que le silene ruspestris, une
espèce de "rosier , et Yempetrum nigrum.
Le 24 du même mois, nous mîmes à la voile avec un assez
bon yent. Mais bientôt il nous devint contraire; nous essuyâmes
, pendant plusieurs jours , des ouragans etdes pluies. qui
retardèrent notre traversée, et la fendirent même désagréable.
(1) Asterioe.
(2) Fuci.
(3) Vlvoe.
(4) Lepades.
(5) Cancer es.
(6) C. Gammarus.