
viennenLle chercher avec des flambeaux pour le ramener cliet
lui.
Quand' on va en. 'visite, on a ordinairement un habit, un
chapeau, une canne et une épée ; quelques-uns ont une perruque.
Un domestique vous suit en portant un vaste parasol,
Mais à peine a -t-on . fait son salut d’entrée, qu’on ote 'sa
perruque pour mettre sur sa tête rasée un bonnet de coton
blanc et très -léger 5 on quitte son habit, son chapeau ÿ,,, sa
canne et son épée ; l’ esclave remporte tout ce harnois au logis.
La compagnie passe la soirée sur un perron pratiqué, au haut
de l’escalier , en dehors de la maison.
Le maître- commence par vous présenter un verre dé biere
de Hollande , ensuite on boit à la santé de chaque personne
de la compagnie en particulier , jusqu’à ce qu’on, ait vuidé
chacun sa bouteille de quatorze verres et même. plus. On joue
quelquefois aux cartes. Tous les étrangers qui se présentent dans
ces assemblées sont bien reçus, car l’hospitalité est ici regardée
comme un devoir sacré , que. chacun- se pique de remplir avec
magnificence. Les gens qualifiés et riches tiennent table ouverte
unp fois ou deux par semaine : tous ceux qui se présentent, invités
ou non, sont bien reçus. Un étranger obligé de séjourner
quelque tems dans cette-île , n’a besoin que de louer' un petit
local et d’acheter un esclave pour le servir. Pourvu qu’il ait
une connoissance ou deux, il ne doit plus être embarrassé dé
quelle manière subsister; car outre qu’il a toujours son couvert
mis chez ses patrons, on ne manque jamais de l’inviter à
dîner dans les maisons ou il va rendre visite entre onze heures
et midi, heure à laquelle les personnes en place reviennent
de leur bureau. On boit alors un petit verre d’arrêt ou d’eau-
de-vie de genièvre pour exciter l’appétit, ou du vin de France,
ou bien encore du saki du Japon.
L ’eau ici n’est ni saine, ni agréable ; elle contient certains
"principes saumâtres qui-donnent quelquefois le flux de sang,
■ sur-tout aux personnes nouvellement arrivées et attaquées du
scorbut. Les habitans de la ville la laissent reposer dans de
grandes cruches de terre du Japon ; les ordures qu’elle.contient
se précipitent’ au fond ; ils y plongent aussi dès morceaux de
.fer rouge : alors on peut la boire sans danger. Elle sert aussi
â prendre du the, du café,, et on la mêle avec du vin.
Le ^faubourg situé du côté de la campagne , est grand, beau
et peuplé d’Européens , de Chinois et d’indiens.
A peu de distance de ce faubourg sont dispersées de nombreuses
maisons de campagne et de très-beaux, jardins-', où
1-es principaux personnages de la ville et les gens riches
Viennent se délasser de leurs travaux. L’air y est moins malsain
que dans l’enceinte dès murailles. On a formé dans’plusieurs
de ces maisons des viviers remplis d’eau ,’ où la dorade
aux écailles brillantes et dorées , joue et se’ cache souslapistie
flottante (1) , plante singulière qu’on propage pour donner de
l’ombre aux poissons- Ses racines ne s’attachent pas à la terre,,
et elle nage en grande quantité dans les .canaux et dans- lés
fossés.'
- Les Européens se font servir en général par des esclaves de
différentes parties de l’Inde. Ils en entretiennent même - mt
grand nombre, c a ria chaleur énerve c e u x - c i au point que-
deux n’en valent pas un du Cap. Les femmes sur-tout ont une
bande d’esclaves de leur sexe la plus nombreuse possible, et ne
sortent presque jamais -sans en avoir quelques - unes à leur
suite pour les servir.
Je ne terminerai pas ce chapitre sans ajouter, quelques
observations sur l’insalubrité du climat, qui a valu à la ville de-
Batavia le surnom de tombeau des Européens. Elle a plusieurs 1
(1) Pistia straiiotes. h . Kodda-pail. cre ( trapa) , et y forme de belles ro-
Hort. Malab. vol. II , t. 32. Cette settes.
plante flotte sur l ’eau comme la ma