
Q U A T R I E M E P A R T I E .
S é j o u r au Cap , après le premier voyage dans l ’intérieur de
V.Afrique : du s janvier à la mi-septembre iy /3.
C H A P I T R E P R EMI E R .
E x c u r s i o n dans le voisinage du Cap*
D e retour au Cap , je n’eus rien de plus pressé que d’arranger
mes collections d’animaux , de plantes et de graines , fruits
de quatre mois de voyage. Je les mis en état d’être embarqués
sur le premier bâtiment qui feroit voile pour l’Europe. Ainsi,
après que les graines furent bien sechees, les plantes collées
sur de grandes feuilles de papier royal-, les oiseaux et les insectes
bien arrangés dans des boëtes , les arbres , les oignons
enterrés ou encaissés, le total formoit un envoi très-considérable
destiné pour les jardins botaniques de Leyde et d’Amsterdam.
Je le distribuai sur plusieurs vaisseaux bollandois qui retournoient
en Europe. Je destinai les objets qui .me restoient, à
mes amis et protecteurs de Suède , et particulièrement pour le
savant Linnée et le docteur Montin : j’ eus bientôt l’occasion
de faire passer ces, envois par des vaisseaux suédois , dont je
connoissois les officiers.
J’employai les mois süivans , comme je l’avois fait l’année
dernière, à botaniser autour du Cap, et à faire de petites promenades
dans l’intérieur. Je m’amusai aussi à examiner mes collections
, à les mettre en ordre, et à décrire les objets utiles
ou inconnus précédemment.
M. Sonnerat, voyageur françois, qui dessinoit très-bien et
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.qui avoit fait. un très-long voyage avec M. Commerçon, et
parcouru plusieurs isles des; Indes , venoit d’arriver avec un
vaisseau françois de l’Isle de France. J’ eus bientôt occasion de
faire sa connoissance chez le secrétaire diplomatique Berg. Je
me liai même particulièrement avec lui dans cette maison, et
pendant notre séjour aux environs de Constance , où nous passâmes
plusieurs semaines à botaniser et tuer de beaux oiseaux
du Cap, pour différens cabinets d’Europe.
La course la plus intéressante que nous fîmes ensemble , fut
de visiter la montagne de la Table, vers la mi-janvier, pour con-
noître quelles pouvoient être ses productions a cette epoque.
Nous louâmes deux esclaves pour porter nos deux fusils , nos
provisions , du papier et autres objets.
Nous nous mîmes en route à trois heures du matin , et nous
eûmes escaladé la montagne avant le -lever du soleil, dont les
rayons brûlans nous auroient bien incommodes 5 un peu après
huit heures nous nous trouvions juchés sur le -sommet de cette
montagne , où l’on respiroit un air assez frais. Nos peines furent
amplement récompensées par l’immense quantité de plantes
rares qui s’offrirent à nous. Je me contenterai d’indiquer les
principales: telles sont plusieurs orchides (1) , que je n’ai jamais
pü trouver dans Une autre saison , soit ici , soit sur d’autres
montagnes. Parmi çes plantes on voyoït briller les grandes fleurs
rouges de la disa-grandiflore (2). Je ne trouvai qu’une seule
tige de l’elléborine tabulaire (3). J’eus beaucoup de peine , et
je m’exposai même pour me procurer l’elléborine mélaleuque.(4),
aux fleurs blanches et noires , et qui est peut-être la plus rare
( 1 ) O r c h id e s . . f a i r e , v o lum e I I , p a g e 2 9 2 . L a m .
( 2 ) D i s a g r a n d i f lo r a , d i s a u n ijlo r a . ' (3) S e r a p ia s t a b u la n t . E l le n ’e s t pas
( V id . B e r g i i , P la n ta s C a p e n s t s , ta b . e n c o r e co n n u e .
4 , f . 7). V o y e z les S u p p lé ram e n t d e (4) S e r a p ia s m e la le u c a . D e m êm e .
L in n é e f i l s , p a g e 4o 6 , e t m o nD ic fio n -
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