
dit sur tous les employés en chef de la Compagnie. Ils n’ont
maintenant aux alentours du Cap , que de petites maisons ou ils
vont prendre Pair, mais qui ne leur produisent aucune denrée
à vendre-, ou pour leur consommation. Cette privation est amplement
compensée par des privilèges pécuniaires tres-lucratils.
Le gouverneur perçoit cinq pour cent sur les marchandises
qui entrent dans la ville, ou qui en sortent„ sur les grains,
le beurre, &c. deux et demi pour cent, sur l’argent de la
caisse.
Le directeur de la douane , quatre pour cent.
Le commissaire de l’hôpital, cinq pour cent.
L ’officier .des ventes publiques, cinq pour cent sur toutes les
marchandises exposées à la folle enchère.
Toutes ce.s gratifications n’ entrent pas dans les appointemens
qu’on leur paie chaque mois.
Les beaux jardins de la Compagnie à Nieuwland , fournissent
des légumes frais à l’hôpital et aux vaisseaux. De mon-teins
elle ne payoit un mouton en vie que quatre schillings de Hollande
, tandis que les habitans de la ville achetoient cette viande
un schilling les douze livres.
Je ne dois pas laisser échapper l’occasion de faire une remarque
qui honore à mes yeux l’administration du Cap, quoique,
tout bien considéré ,- ce ne soit véritablement qu’un acte de
justice. Je me trouvois logé avec beaucoup d’officiers" de vaisseaux,
et.j’observai que le- pilote, qui payoit moins que le capitaine
, parce que ses appointemens sont plus foibles, n’étoit
pas cependant moins bien nourri et servi que celui-ci. .
Les maîtres sont responsables des sottises de leurs esclaves,
et paient le dommage qu’ils peuvent avoir cause aux voisins.
L ’amende se monte souvent à la moitié du prix de l’ esclave,
en outre il est puni corporellement.. -
Quand les yalets de la Compagnie commettent quelque faute,
on les bat 5 les bourgeois paient seulement une amende. La
première punition n’est utile que pour les moeurs, l’autre est
très.-intéressante pour le fiscal, à qui les amendes appartiennent.
Les habitans du Cap ne se marient pas toùt-à fait avec les
mêmes formalités que les autres Hollandois ; en outre, les divorces
sont très-communs , et s’y font sans des raisons bien
positives de part ou d’autre.
Je connoissois un nommé Saidiyn , qui avoit été soldat pendant
dix-sept ans, et qui tenoit un cabaret ou le peuple alloit
boire et danser : sa femme, d’après les dépositions de plusieurs
témoins, fut convaincue d’avoir des liaisons' intimes avec un
tambour : le mari fit ses plaintes et obtint une séparation; mais
la fémme en fut bien encore mieux débarrassée , car ce malheureux
, après avoir remboursé une vigoureuse bastonnade , fut
envoyé à Batavia sans pouvoir jouir de sa fortune.
Je vis un chapelier de la ville, célibataire, qui avoit des enfans
de deux de ses esclaves noires : en qualité de père, il réclama
lejsaptême pour les fils de l’une, qui furent en effet libres et
baptisés, tandis que les autres restèrent esclaves et non bap-
tisés-.
Lés cabarets sont bien moins nombreux au Cap qu’en Europe ,
parce que là , chacun a du vin en cave pour régaler ses amis
et pour sa propre consommation : cependant il y en a toujours
quelques-uns où le peuple va boire et danser, quoiqu’ils ne
ressemblent guère à ceux d’Europe ; car ce ne sont proprement
que des salles de danse, où des musiciens se rendent tous les
soirs pour amuser la jeunesse. Le vin s’y vend très-cher, et l’on
n’en prend que pour payer sa placé à la danse : toute espèce
de jeu y est défendue, et l^on ne danse que jusqu’à une certaine
heure de la nuit ; alors chacun se retire chez soi tranquillement
, sans commettre aucune incartade ; la garde de nuit
n’en toléreroit pas, et le gouverneur trouve son intérêt à ne
pas les" laisser impunies.