
du jour , et nous passâmes la nuit à Ku ka, auprès d’un ruisseau
salin , dont l’eau étoit presqu’entièrement évaporée. Il n’ÿ restoit
qu’une espèce de saumure.
Nous fûmes bien étonnés de trouver ici un pauvre colon qui
s’y étoit établi avec sa femme et ses enfans pour augmenter
son petit troupeau. Notre présence glaça d’effroi ces bonnes
gens; ils se crurent dénoncés au gouvernement pour avoir franchi
les frontières.
Toute cette famille demeuroit sous uns petite cabane de
-feuillages et de branches entrelacées ; une petite tente dressée
auprès de cette cabane leur servoit de cuisine.
Noirs entrâmes dans cette habitation , et ils nous traitèrent
de leur mieux. Nous leur demandâmes un peu de lait doux.
Mais à peine fûmes-nous assis, que le plat devint absolument
noir par l’immerise quantité de mouches dont il étoit couvert.
Elles se mirent à faire un bourdonnement qui nous empêchoit
de nous entendre. Dans tout le cours de mes voyages je n’en
ai jamais tant vu dans un si petit local.
N o u s abandonnâmes.aux mouches une partie de notre repas.,
afin de n’ être pas dévorés par elles , et nous, préférâmes de
c o u c h e r auprès de nos voitures , devant un grand feu : nous
.nous endormîmes au bruit du rugissement des lions.
Le lendemain nous allâmes Camper auprès, de la grande rivière
de Sondag ( i}. 1 ,es campagnes voisines sont sèches- et maigres.
Nous commençâmes à nous appercevoir ici que notre nombreuse
escorte de Hottentots étoit considérablement diminuée :
ils nous avoient successivement quittés- à mesure qu’ils avoient
trouvé du gibier pour se régaler., La désertion étoitdevenue
encore plus considérable à l’approche du désert où nous devions
manquer à-la-fois de gibier et d’eau : la circonstance devenoit
embarrassante; nous nous trouvions presque seuls; les' boeufs
(1) Rivière de dimanche.
de mon compagnon de voyage étoient attaqués de la démangeaison
: les. Uns boitant tout bas, les autres hors, d’état de
tirer. Nous crûmes devoir consulter nos conducteurs sur le parti
que nous avions à prendre : ils nous assurèrent que nos'.bêtes
nç seroient jamais en état de nous conduire à travers un pays
sec desert, chez les colons Hottentots de Sneeberg (1) et
dans le Camdebo. ;.
Des Hottentots Gonaquas , à qui nous demandâmes des ren-
seignemens sur ces centrées, nous dirent que les campagnes
étoient déjà trop desséchées, et que nous aurions à faire des
marches très-longues et très-pénibles, pendant lesquelles, nous
ne rencontrerions que des eaux salées. '
. Le Sneeberg que nous avions le projet de visiter, est un
pays très-élevé et environné de montagnes; il doit son nam
au froid, et la neige' s’y conserve, toute l’année. Quand les habi-
tans ne peuvent résister à la rigueur de la saison, ils descendent
dans ce qu’ils appellent le pays bas. Celui de Tambuggès est à
l’orient de Sneeberg, plus loin au nord, au-dessus du pays des
Caffres, et limitrophe d’une nation de petite stature, moins
cuivrée que les Hottentots et avec des. cheveux crépus : on
nomme ce peuple les petits Chinois.
Le pays des Caffres commence à Grootévisch-rivier (2). Cette
nation cultive une espèce de pois et de fèves et une houque ou
sorgho (3). Elle possède de superbes troupeaux.
Après avoir fait la revue de toutes les plantes que nous
avions recueillies ici et à Kukakama, vers la fin de la journée,
quand la chaleur cominençoit à tomber, nous songeâmes .à notre
retour : mais-pour ne pas prendre le chemin par lequel nous
étions venus, nous résolûmes d’aller à Yan-stades-riyier, et
nous arrivâmes heureusement à Zoekee-rivier. 1
(1) Montagne à neiges.
(2) La grande rivière poissonneuse.
(3) Iloleus.