
a7S 1773. S E C O N D V O Y A G E
en recueillir dans toute sa journée, plus que plein une calebasse
ou un petit sac. On fait cuire ensuite ce jus à la maison dans
des marmites angloises de fer , jusqu’à ce qu'il s’épaississe et
qu’il n’en tombe plus une seule goutte d’un petit bâton que l’on
y plonge : pendant la 'cuisson, l’on enlève avec une écumoire-toute
l’ordure qui peut s’y trouver. Ce suc ainsi tari de plus; de la
moitié, est versé dans des formes de bois où il se fige. Une quantité
quelconque de suc produit tout au plus un tiers de gomme
figée. Chaque forme en renferme quatre à cinq cens livres. Les
colons j comme je. l’ai déjà observé, la vendent, dans la ville
du Cap, aux étrangers, trois ou.quatre sols de Hollande, quel-’
quefois deux . seulement la livre.
Le 15, nous arrivâmes chez Daniel Pinard, aprè.s avoir traversé
la rivière de Goud (1) ., l’une des plus considérables du 'pays.
Ses rivages sont fort escarpés du côté du couchant. La ferme
est bâtie' du côté opposé sur une assez haute colline.: ce fleuvë
s’étend au loin dans le pays, et tire ses eaux de la montagne
située à plusieurs journées d’ici au milieu d’une contrée sèche,
mais qui, à certaines époques de l ’année, est arrosée par des
pluies abondantes , accompagnées de tonnerre : ces chûtes d’eau
précipitées ont bientôt rempli le lit du fleuve, Dans les plus
beaux teins il monte‘ quelquefois à une-hauteur considérable ,
et je ne conseille pas aux voyageurs de camper sur ses bords,
ni même dans aucun de ses bas-fonds. Nous avions de l’eau jusqu’à
la selle de nos chevaux.
Nous allâmes le même jour au logis de Didelof, et le lendemain
à MusseUbay, dans la maison de campagne du vieux Bernard,
qui est très-bien située. Nous ne jugeâmes pas à propos
d’entrer, dans les fermes de Dork , de Marcus , de Bernardson
et de Plants le jeune.
Ici le port est beau et vaste ; mais aucun bâtiment n’y aborde
( j ) L a r iv iè r e d’o r .
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que par nécessité, ou par quelqu’accident, qui le pousse sur
la côte.
Il n’y. ayôit pas' long-tems que le vaisseau danois nommé Krou
Prinssessau, capitaine Swehfinger , avoit péri sur la côte : on
en voybit encore des vestiges.
Apres avoir bien soigneusement visité le rivage de la mer et
ses collines sablonneuses, autrefois abondamment peuplées par
les Damaquas-Hottentots , nous revînmes,-le 18, chez Derk-
Marcus , vieux chasseur d’éléphans très - renommé , à Hagel-
Kraal, en passant devant les métairies de Clasmeyer et de
Jacob-Tunisson Bota.
Nous vîmes ici de quejle manière on rend souples les courroies
de cuir qui servent de traits et à d’autres usages, On les graisse
et on lès frotte ensuite fortement contre du bois.
Le ig , nous dirigeâmes notre marche vers la montagne , dans
le défilé d’Hartequas, pour nous rendre à un dépôt de bestiaux
nommé Paarde-Kraal (1) : nous nous vîmes obligés ici , pour
la première fois depuis notre départ du Cap , de coucher au
bivouac.
Nous employâmes la, matinée du jour suivant à visiter bien
soigneusement les hauteurs des environs3 et l’après-midi, nous
poursuivîmes notre route par Hartequas jusqu’à Saffrankraal (2) .
.nous entrâmes ensuite , au-delà de ces hauteurs , dans un pays
plus égal et plus uni, nommé pays de Cannar, et par quelques-
uns pays de Canaan.
Nous-allâmes camper le 21 au soir sur les bords de Klipp-ri-
vier, sans nous arrêter à la ferme d’Aker-Heljns. Le ter-rein qui
s’étend entre ces montagnes, a plusieurs fois la largeur de Roo-
desand : il est aussi sec que Carro et plus haut que le pays des
Houtnîquas situé de l’autre côté des montagnes.
(1).Etable des chevaine. (2) Etable au safran.