
. conseiller Radermachér , où se trouvoient rassemblés la plupart
des gens en place qui ayoient acquis en Europe beaucoup de
connoissances dans les sciences. Les frequentes visites que je lui
rendis , me procurèrent le moyen de me convaincre de son zèle
pour les progrès des lettres et des sciences. Je vis meme avec
autant d’étonnement que de plaisir qu’il ne leur étoit pas étranger
, et qu’il s’en occupoit très-sérieusement, quoique l’amour
des richesses soit ici la passion dominante de presque tous les
autres Européens-
Dans le premier grand-conseil qui se tint apres mon arrivée
on me nomma premier chirurgien à bord du vaisseau amiral
{ destiné pour le Japon , et le commandant de l’ expédition reçut
toutes, les_ instructions et les ordres capables de favoriser mes
travaux. Je fus même chargé de Raccompagner comme médecin
de légation à la Cour de l’Empereur, où il devoit aller en
^ ambassade. Mais les vaisseaux destinés pour le Japon, ne devant
partir que dans trois mois, j’eus tout le tems de me mettre
au fait du pays que j’habitois , d’en étudier les productions naturelles
et de bien connoître toute l’étendue de l’immense
commerce de la Compagnie hollandoise des Indes orientales
qui a choisi cette île pour le chef-lieu de Ses factoreries et
de ses comptoirs dans les Indes orientales.
M. Radermacher me donna, pour compagnon et pour guide-
dans mes courses botaniques un brave Javan-, assez au fait des
arbres et des plantes de son pays, et qui en connoissoit même
les noms en langue malaise. Il avoit soin en même tems de m’indiquer
l’usage que ses compatriotes faisoient de différens végétaux
dans la médecine.
C H A P I T R E I L
D e s c r i p t i o n de Batavia. — Température de Java.
— Détails sur les différens habitans de cette isle.
B a t a v i a est une ville belle, bien bâtie et bien située sur le
bord de la mer (1). Des remparts peu formidables régnent
tout a 1 entour. Chaque porte a son corps-de-garde, et on
leé ferme tous les soirs.
On a creusé autour et dans l’intérieur de la ville , des canaux
revetus de murailles en pierres. Us servent à la circulation des
bateaux de toutes grandeurs , qui apportent toutes sortes de
fruits j de légumes et de denrées pour la consommation des
habitans, ainsi que de l’herbe fraîche pour la nourriture de
leurs chevaux. Ces canaux n’ ont ordinairement que deux aunes
suédoises de profondeur, . et déchargent leurs eaux dans la
rade.
Batavia renferme de magnifiques maisons avec des apparte-
mens vastes et bien aérés, sans fenêtres ; car on ne sauroit
laisser trop d’entrées, à l’air dans un. climat aussi brûlant.
• Les rues ne sont point pavées, parce que les pierres, échauffées
par les rayons du soleil incommoderoient les esclaves qui
vont pieds nuds, et les chevaux qui ne sont point ferrés» Il y a
-cependant des trottoirs en pierres pour les Européens qui
portent des souliers.
(1) Batavia, dit Corneille le Bruyn,
est au sud des Indes orientales, dans
la partie occidentale de l ’isle de Java,
à la hauteur de 6 degrés 10 minutes
de latitude méridionale, e t au 127e d.
l 5 min. de longitude, Bougainville
lui donne la même latitude, et la place
au io 4e deg. 52 min; de longit. méri-
dioiî. du méridien de Paris. Voyages
de C. le Bruyn, tome Y , page go.
Voyage autour du Monde, tome I I ,
page 338. Note du rédacteur.
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