
Le jardin de la compagnie est toujours ouvert pour servir de
promenade publique ; il a neuf cents quatre-vingt-seize pas de
longueur, sur deux cents soixante-un de large , et quarante-
quatre compartimens, formés par des haies, composées pour la
plupart, de chênes et de lauriers ( 1 ) , qui ont plusieurs
aunes de hauteur. J’observai. que le royen velu (2), qui croît
auprès du chêne de ces haies, avoit une de ses branches passée
à travers Je tronc même d’un de ces arbres , sur lequel il se
trouvoit alors une plante parasite (5).
Je remarquai en outre, dans un autre jardin où Pon avoit fait
un banc avec .une planche clouée, entre deux arbres , que
l’écorce d’un de ces arbres avoit crû sur le banc comme une
éponge ou comme un champignon ( 4 ) | et contribuoit à sa
solidité. :
La ménagerie du jardindela compagnie, reafermoit plusieurs
animaux rares- vivans-,-et sur-tout un grand nombre d’oiseaux.
Il arrive souvent que deux esclaves de différent sexe, et
appartenant à deux maîtres , s’entre-aiment ; le maître de la
femme favorise leur inclination, parce que l’enfant lui appartient.
Tous ceux qu’elle peut avoir d’un esclave (affranchi, ou même
d’un Européen, sont esclaves comme elle. Ils se marient aisément
, et se divorcent de même.
Un maître peut corriger son esclave avec un nerf de boeuf,
mais il n’a nul droit sur sa v ie , dont le .gouvernement seml'peut
disposer. Un esclave traité trop durement peut se plaindre au
procureur-fiscal, -et .s’il est dans son droit., le maître paie une
bonne amende ; mais s’il lui arrive de lever la main sur son
maître , sa maîtresse, ou quelque autre-Européen , on le punit
de mort. *2 3
~(i)Laurus nobilis, dû indiquer le genre et l ’espèce de
(2) Royena vïltosa. cette plante,
(3) Parasitica. M. Thunbçrg auroit (4) Boletus,
Un esclave n’est pas admis en témoignage , et ne doit pas avoir
d’armes à feu. Comme ils sont toujours infiniment plus nombreux
que les Européens , on a soin de les tenir désarmés. Dès qu’un
esclave est affranchi, il met des bas, des souliers , et porté un
chapeau pour marque de sa liberté.
En avril, mai et juin, époque où les vaisseaux sont en rade ,
les officiers y font vendre des marchandises à la criée, et paient
cinq pour cent au procureur-fiscal. Il reçoit aussi cinq rixdalles
pour chaque coffre , nommé coffre de reconnaissance , que l’on
transporte à’ terre ; en Hollande , les mêmes ballots ne paient
que cinq florins. Toutes les marchandises d’Europe sont vendues
à trente, quarante, cinquante et cent pour cent de bénéfice.
L ’hiver dure ici depuis la mi-mai jusqu’à la mi-août ; -pendant
cet intervalle, aucun vaisseau ne peut aborder à la baie de la
Table, à. cause des orages et des vents du nord-ouest, qui
régnent et qui pourroient pousser les vaisseaux sur le rivage ;
ceux qui arrivent sont obligés alors de mouiller dans la baie
Falso.
Les jalousies des fenêtres sont de joncs fendus très-menüs, et
attachés avec du fil*; le jonc sert aussi à faire des corbeilles,
des châssis de l i t , et des sièges de chaises.
Les troncs des gros bamboux, qui sont très-forts , quoique
creux, servent à faire des montans d’échelles , à porter des
seaux, des caisses; on emploie les jeunes, dont le tronc est
moins gros, à recouvrir .le sommet des murs , qui sont de planches,
et ressemblent à des espèces de doisons.
Les pommes à semences de l’arbre d’argent ( 1 ), servent ordinairement
au chauffage (2).
( t.) Protea argentea.
(2) Ce fruit ressemble beaucoup au
cône du pin, qu’on nomme vulgairement
pomme de pin. Ceux qui nous
parviennent ici renferment des graines
qui lèvent assez facilement ; mais les
jeunes et charmans arbres qui en proviennent
, sont très-difficiles à 'conserver
, sur-tout lorsqu’ils ont atteint la
hauteur de six À.sept pieds. Lam.