
montagne , pour nous rendre chez un sellier nommé Zchwie-
ger; de-là nous continuâmes notre voyage le jour suivant, jusque
chez un certain Olivier, où nous descendîmes de cheval, et
montâmes la montagne à pied.
C H A P I T R E II.
V o Y AGE de Roodesand à Zwellendam y du 1er octobre au 18.
L e i er octobre nous montâmes sur le Vitsemberg; de l’autre
côté est une gorge de montagnes plus étroite que celle de
Roodesand, et quatre fois plus haute. Du haut de cette éminence
, on voyoit la montagne de la Table ; les plantes y fleurissent
un mois plus tard qu’ailleurs. Il y tombe souvent de
la neige à la hauteur de trois pieds 5 il se .passe quelquefois
plusieurs jours sans qu’elle fonder elle résiste encore plus long-
tems sur le sommet. Derrière cette montagne on en découvre
d’ autres à différentes distances 5 au-delà sont situées , dit-on,
les plaines du Bouc.
Ce petit pays, froid et haut, contient des fermes à bestiaux,
mais l’on n’y recueille pas de grains, parce que l’on ne pourrait
les transporter de l’autre côté de la montagne. Nous mîmes
une heure entière pour la traverser à cheval.
Quand je fus de retour à Roodesand, on me montra la
fameuse pierre à serpent, qu’un très-petit nombre d’habitans
du pays est parvenu à se procurer. Elle coûte de dix à douze
rixdalles; d’un côté elle est ronde , noire, avec une tache couleur
de cendre pâle dans le milieu , et poreuse comme du bois
de chêne ou comme une pipe de terre ; les pores en sont extrêmement
petits. Plongée dans l’eau elle produit des petits
bouillons , ce qui est une preuve de sa bonté. 11 faut également,
si on la met dans la bouche , qu’elle s’attache au palais. Appliquée
sur la morsure d’un serpent, elle s’attache à la plaie et
pompe le poison; quand elle est pleine, elle tombe d’elle-
même. On dit qu’il suffit de la plonger dans du lait pour la débarrasser
du poison qu’elle a aspiré, et que le lait en devient
tout bleu. On scarifie cependant la plaie avec le rasoir avant
de l’y appliquer.
Un Hottentot mordu par un serpent, cherche aüssi-tôt un
crapaud pour frotter la plaie. Ils ont encore le secret de la
faire sucer par quelqu’un pour en extraire le poison, après l’avoir
ouverte avec un couteau.
On trouve ici un serpent nommé serpent d’arbre (1) , parce
qu’il se trouve ordinairement dessus les' arbres. Il a huit
pieds de long; il est tout-à-fait brun sur le dos, et a ses écailles
munies d’une ligne élevée et tranchante ; son ventre est jaunâtre.
On dit que la racine de' tulbage (2) sert à charmer les sèr-
pens.
Les Hottentots empoisonnent leurs flèches avec du Venin de
serpent, et le suc d’une espèce de bois de fer (3) ; ils emploient
ces flèches à tuer les gazelles et les buffles sauvages, et
à se défendre contre leurs ennemis.
Les habitans mangent quelquefois les bourses des moutons
rôtis , qui sont très-indigestes.
L ’aponoget distique (4) croît ici abondamment dans différens
endroits, sur-tout dans des bourbiers peu profonds. Ses fleurs
(1) Coïuber. ( Abd. f g j i squam. Causal,
1 2-4. )
(2) Tulbagia capensis. Plante de la
famille des narcisses, quoiqu’elle ait
l’ovaire supérieur : elle est figurée dans
VHortus vindeb. de M. Jacquin, vol. II,
t‘. 1 i b , et dans mes IUustr. des genres
tab. 243.
(3) Sideroxylum toxiferum. Cette espèce
, si elle appartient à ce genre,
n’est pas encore connue'.
(4) Aponogeton distichüm. C’est une
plante voisine du saururus par ses rapports.
Voyez-en la figure que j ’ai donnée
d’après M. Thunberg , dans mes
ïllustr. des genres, t. 276.