
.. Autant le pays, situé du côté de l’orient est riche en pâturages
, fertile et bien peuplé , autant la partie septentrionale du
Cap est maigre , stérile et déserte- Plus on avance , plus il
.devient aride. .
Après .avoir traversé.trois ou quatre chaînes de montagnes au
nord , on- entre dans une contrée bien plus élevée que les rivages
du Cap, et en même tems plus inclinée que les vallées- qui séparent
les montagnes. Je me .suis déjà beaucoup étendu sur
cette-campagne et celle de Carre.. Elle forme une large bande
dans toute cette portion de l’Afrique depuis le rivage de la
pointe nord-ouest jusqu’àl’Océan du côté du sud-est. Sa largeur
n’est pas toujours la même ; dans certains endroits, il ne faut
pas moins que "sept fortes marches de nuit' pour la traverser:
Il y fait un soleil brûlant pendant le jour , et les nuits sont assez
froides. Le défaut absolu de pluie pendant huit mois de l’année,
cause naturellement dans cette- campagne une disette- d’eau et
la change en désert pendant tout ce tems. Elle ne produit alors
que quelques buissons et un très-petit nombre de plantes,
dont les.feuilles épaisses sont plaines .de jus , telles que des
ficoïdes, des crassules , des' cotyliers, des cacalies, des sta-
pèles (1). J’ ai déjà observé qu’à l’exception- de quelques rats',
aucun être animé ne pcmvoit- subsister pendant l’été au milieu de
cette plaine, puisque l ’herbe même n’y croît pas. A plus forte
raison seroit-il superflu de vouloir y tenter la culture de. queb-
nues grains utiles. Le terrpir est une argille entre-mêlée de
rouille de fer , avec beaucoup de sel marin.
Dans toutes mes courses à travers ce- désert, je n’y apperçus
pas un seul moineau, ni d’autres quadrupèdes, que ces rats
qui vivent long-tems sans eau, et se rafraîchissent avec les
feuilles juteuses des buissons.,
. Au-delà de ce vaste désert, qui offre une surface très-unie et
(1) Misemhrianthema, crassuloe, çolyledones, cacalioe-, slapelim.
5 elavë doucement du côté du nord, on ■ rencontre, enfin une*
très-haute montagne qui porte le' nom dte Rogge-Veld. De sa
base à sa cime- on compte une , journée de marche. Elle a peu
de' bonnes terres et offre presque -par-tout un rocher nud et
uni. Elle n’est pas inclinée comme les autres montagnes, mais
presque perpendiculaire et égale. Elle s’étend’ si loin , que les
colons n’en connoissent -pas encore l'extrémité.* et quoiqu’elle
soit de plusieurs degrés plus.près de la ligne 'que! le Cap
même, il fait si froid sur la cime, en hiver, que la grêle, la neigeât
la glace y séjournent long-tems,.
C H A P I T R E IV.
Ob serv ai ions additionnelles sur le Gap de Bomïe-Espémnàej.
Lus pays que je vais quitter est si intéressant, j’y ai recueilli
tant de faits précieuXj .qu’avec tout le désir d’élaguer et d’être
concis, je me vois obligé de rapporter ici une foule d’observations'
qui n’ont pas de place'bien fixe dans le cours démon;
ouvrage. Elles concernent en grande partie l ’h is to ir e naturelle ,
a laquelle on sait que je me suis plus particulièrement livré.
Nous-avons vu précédemment les dégâts que la taupe du
Cap- (1) occasionne dans les jardins* mais je n’ai pas indiqué
de quelle manière on la prenoit. On emploie tout simplement
une ratière , ou bien on creuse aux deux extrémités du terrier-
et on la prend en tête et en queue.
Les plaines sablonneuses de Saldanha-bay sont infestées de
jackals (2) : ils marchent par bandes, attrapent beaucoup de
boucs sauvages et d’autruches. On seroit tenté de croire qu’ils 1
(1) Mamiota Capensis et Africana.
(2) Jackal haser- Chiens sauvages ou renards de Samson. Ganis eroeuta..