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Je vis ici et „ailleurs une petite espèce de sauterelle grise (1),
que l'on nomme dieu des Hottentots , parce qu'on prétend
qu ils 1 adorent. Je n'ai rien remarqué qui ressemblât à ce culte.
Ils., se contentent de ne faire aucun mal à ces insectes et
regardent .comme très-heureux la personne ou l’animal sur
lequel il s'est posé,
.Comme les tortues d’.eàu étoient assez abondantes, j’en pris
une pour faire un essai avec son sang contre les morsures de
serpens.. Cette tortue, plus.grosse que le poing, ne rendit que.
peu de sang. La partie lymphatique ne tarda pas à se séparer ,
de maniéré que le rouge surnageoit : je le mis sécher sur du
papier j il devint noir et se fendit.
Je tâchai de me procurer des-fruits de l’arbre à pain (2), qui-,
quoique très-rare , se trouve dans lés environs : j'en rassemblai
aussi, de la graine. Certains de ces arbres-ne produisent que
des fleurs par gros bouquets sans semence ; d’autres- portent,
des pommes grosses comme- la tête , -avec des noyaux ou-de
la. graine, La peau de, cette pomme est recouverte d’une multitude
mnombiable de houtons (3) , qui renferment une espèce
,4e farine de seme.nçe assez gluante; (4). Il n’y. a que, les arbres-
femelles qui. produisent de la. semence grosse comme des
amandes, tendres.Elle est recouvertede la pelure même du fruit,
e t nage dans une espèce, de bouillie, rougeâtre, très-mangeable,
J1 est à remarquer que le fruit vient sur le sommet de l'arbre ,
quelquefois, aussi sur'la terre, avant que' son tronc Soit bien
forme. La semence réussit beaucoup mieux quand elle a été
Sud : arbre précieux de la famille
dés figuiers , et qui,est connu des bo-
tanistes sous le nom à? artocarp us in->
çisa. Lain.
(3) Antheroe.
_ i f ) Paller},
(1) Mantis faustà.
(2) Zamia Caffra. Zamla cÿcàdis.
Linn. f. Suppl, page 443. J’ai déjà dit
que ce zamia, qui est un palmier, est
fprt différent du véritable arbre à.pain
des Moluques et des îles de la mer du
trempée
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trempée dans de l’eau tiède, sur-tout s i , après l’avoir enterrée,
on la couvre de paille à.laquelle on met le feu.
Dans toute la vaste étendue de p a y s , depuis Roodesand jusqu’à
Camtoul-rivier., je n’ ai pas rencontré une seule église,
quoique cette partie de la colonie soit bien peuplée.Les habitans
avoient demandé et obtenu de faire bâtir une église à leurs frais
dans un lieu cômmode.
L e projet étoit-de construire cette .nouvelle église à Kaffer-
Kuÿls-riyier, c’est-à-dire, au milieu de la contrée et dans un
endroit où. les colons, sont obligés de passer pour se rendre à
la"-ville. L ’exécution a toujours été retardée par le Iandrost (1) et
par ses voisins, qui vouloient qu’on la construisît plus près de sa
résidence à Zwellendam , quoique-ce soit à une des -extrémités
de cette vaste colonie. Mais voilà trop de détails sur un objet
dont je ri’aurois peut-être pas dû entretenir le lecteur. Revenons
à notrë métairie.
Notre hôte étoit un honnête Européen un peu sur l’âge , l’un
des plus habiles chasseurs du pays. Il avoit fait des voyages de
long cours sur les côtes de la Caflrerie, pour chasser aux élé-
phans : la vente de leurs dents lui avoit procuré une certaine
aisance, e t ’il avoit acheté un petit bien dans un site avantageux.
-Il me communiqua différentes observations qu’un simple
voyageur n’a presque jamais l’Occasion de faire.
Un jour étant à la chasse, il apperçut un-hippopotame (2)-qui
étoit monté sur le rivage pour mettre bas à quelque distancé
delà rivière 5 aussi-tôt il-se cacha, ainsi que ses -camarades
dans des broussailles ; dès que le jeune hippopotame -parut,
il tira la mère si juste qu’elle tomba ’sur le coup. Les Hottentots
qui oroyoient saisir le petit , furent bien étonnés de voir cet
animal tout gluant leur échapper et se sauver dans la rivière,
(2) Hyppopotamus amphy-bius«
Oo
(1) Ou sénéchal.
Tome I.