
Le buisson nommé kraijebosche (1) produit un petit fruit où
graine noire très-recherchée par les corneilles du Cap , qui en
sont extrêmement friandes.
Le 25, nous quittâmes la Fontaine a the, et passâmes lé bac
de Berg-rivier (2).
On mange ici la racine d’anis grillée ; elle a fort bon goût.
Il y a différentes façons de l’accommoder ; on la fait ou griller
ou cuire , tantôt .dans la cendre , tantôt dans du lait^ et
quelquefois avec de la viande a l’étouffee. Les esclaves dès ha-
bitans de la’ campagne , déterrent une grande quantité de ces
racines , et vont les vendre à la ville au profit de leurs maîtres.
On fait encore rôtir sous la cendre une racine nommee ga-
tagay-worlel (5) , et on la mange , quoiqu’elle ait un goût désagréable.
On rencontre ici pa r-tou t un fouille-merde (4) , qui ne
cesse pendant toute la journée , de rùuler de gros morceaux dé
crotte avec ses pattes de derrière, en allant,toujours à reculons ;
ses pattes de devant lui servent à creuser de grands trous dans
le sable , qu’il pousse en dehors avec sa tête. Selon toutes les
apparences , il dépose ses oeufs dans les morceaux de crotte
qu’il roule avec tant de peine ; quelquefois ils se mettent deux
pour en rouler un seul.
L ’avoine que l’on apporte ici d’Europe ,■ passe pour la plus
mauvaise plante possible, parce que les épis étant écossés par le
v en t, l’herbe que produit le grain tombé , étouffe et détruit tous
les autres grains qu’on peut semer. On a beau laisser reposer
pendant plusieurs années un champ ainsi empesté, dès que la
charrue y a passe , l’avoine ne tarde point a reparoitre.
On nomme ici rossignol ( nachtigall ) , un oiseau qu i, par
sa démarche et son chant, imite plusieurs autres oiseaux.
(1) Buisson dés corneilles. • (3) Racine de gatagay.
(a) Rivière de la montagne. (4) Trichius laiicollis......
Les
Les opblasers (i) sont une espèce de sauterelle qu’on prend
tous les soirs après le coucher du soleil. Elles commencent
alors à s’annoncer par un cri singulier, qu’elles rendent en pressant
leurs pieds de derrière hérissé d’épines , contre leur ventre
vide et diaphane ; ce bruit a l’ air de venir de loin. Comme
j’avois remarqué que tous les insectes nocturnes, ainsi que celui
ci , aimdient et reclierchoient la lumière, je fis allumer un
grand feu , dont ils s’approchèrent en grand nombre, et où nous
en prîmes à discrétion. Leur corps forme une vessie si vide,
qu’on ne peut les piquer avec une épingle, comme les autres
insectes.
J’admirai l’industrieuse construction des nids de chardonnerets
(2), composés de filamens d’herbes, artistement tressés;
ils sont suspendus à des branches d’arbres , au - dessus des
mares d’eau. L’entrée de ces nids forme un col long et étroit,
qui empêche les oiseaux de proie d’enlever les petits. Les mares
au-dessus desquelles ils sont suspendus, les protègent contre
l’avidité des renards et autres animaux carnassiers.
Les bestiaux sont sujets à différentes maladies très-dangereuses
, qui en détruisent une grande quantité. Vous allons
indiquer les principales: i°. rjialadie du sang (3) , ainsi nommée
parce que toutes les veines s’enflent considérablement. On
la guérit en saignant l’animal, et lui faisant prendre un exercice
violent. S’il vient à mourir, sa viande ne vaut rien..
La maladie des potirons (4) se déclare par les symptômes
suivans : i°. un pied enfle , et l’enflure gagne tout le corps,
ce qui dure quelquefois trois jours ; mais souvent l’animal crève
en trois heures. Si on lui ampute le pied à l’instant où l’en-
ilure se déclare , il a quelque espérance de guérison ; mais
s’il meurt, sa viande n’est pas mangeable. Cette maladie ne
(1) Pnewnora.
(2) Loxice.'
Tome J.
(5) Blaar ou bloedziekte.
(4) Spons-ziekte,
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