
g8 1772. P R O M E N A D E
On ne trouve pas de bière à la campagne , où les habitans
ne boivent que de l’ eau, du café, du thé , et du vin. ,Qn a
établi une brasserie hors de la ville , mais elle ne donne que
de mauvaise bière qui mousse et .s’aigrit tout de suite (1) ;
c’est, pourquoi on est obligé d’en tirer d’Europe. O n estime particulièrement
ici celle de Hollande , de Danemarck et d Angleterre
5 mais on n’en boit encore que très-modérément pendant
le repas. ----
Les vignes sont bêchées chaque année, et on retourne la
terre sans endommager le pied du cep. On creuse aussi tout
autour pour y jettér de l’engrais. Quand il meurt un cep ,
on couche en terre une branche du plus voisin , qui ne tarde
pas à prendre racine, et ensuite on le taille.
Je vis à Paarl trois Hottentots.au service d’une veuve; ils
parloient très-agréablement, avec un claquement de langue
précipité, avant et pendant tous leurs discours (2). Ils étoient
bruns , et non pas noirs, assez semblables a un Européen haie.
Cette couleur étoit encore plutôt- l’effet- des graisses puantes
dont ils s’oignoient , que de la- teinte naturelle de leur corps.
Les filles aiment assez à fumer , mais elles se servent d’une
pipe très-eourte , dont la tête est tout auprès de la houche.
Leur chevelure est courte et Crépue comme de la laine ; elle
forme de petites boucles à égales distances.
(1) On conçoit aisément que l ’exces- . ■ (aJYoyqz, sur la langue et la prou
v e chaleur nuit à la fermentatipn de nonciatïon des Hottentots , lé Voyage
la bière. dii docteur Sparmann. Note du redact.
C H A P I T R E I I I .
R e t o u r et séjour au Ç a p , depuis la f in d e ju in ju sq u 'a u
y septembre.
E n revenant au Cap, vers la fin de juin, j’y vis conduire cinquante
neuf Hottentots , hommes , femmes et enfans , qu’on
amenoit de la distance de cent cinquante milles de l’intérieur
des terres. Ils ayoient commis toutes sortes de violences en-
vers-des colons de la campagne. Un capitaine Hottentot, nommé
Kes , les avoit pris dans le creux d’une montagne, où ils
s’étoient retranchés , et se défendoient contre un détachement
de soldats et de paysans armés , sur lesquels ils faisoient rouler
de très-gros morceaux de rochers. Cependant malgré cette vigoureuse
résistance , ils ne furent pas moins faits prisonniers.
On les accusoit d’avoir volé tous les bestiaux de deux nouvelles
habitations, de les avoir mises au pillage, après en avoir tué
les habitans, et enfin de s’être pourvus d’armes à feu. Ils ne
nioiejit aucun de ces faits ; mais ils prétendoient que la nécessité
seule les ayoient réduits à commettre ces excès. Les
Européens empiétant chaque année sur leurs possessions, les
relèguent de plus en plus dans l’intérieur des terres, où ils se
trouvent assaillis et repoussés par les autres Hottentots. '
Ces captifs étoient des Hottentots-Bôschisman ( i ) , d’un brun
foncé , les uns entièrement nuds , avec une ceinture seulement
autour du corps , pour couvrir les parties de la génération ;
d’autres avoient sur les épaules une peau de mouton qui des-
cendoit à peine au milieu du corps, et montoit assez haut
pour former , sur la tê te , une espèce de capuchon. Les femmes
N 2
(1) Hommes des bois,