
des manufactures ; les colons n’ont pas encore de métier à
tisser, ni même de puits pour arroser leurs plantations
au défaut de l’eau du ciel. Si le gouvernement du Cap
persiste dans son insouciance à leur égard, ils finiront par
devenir aussi sauvages et aussi brutes que les Hottentots ,
tandis qu’avec du soin et de l’activité, on pourroit améliorer
le sort des colons, apprivoiser les Hottentots ; il suffi-
roit de permettre aux premiers sur-tout de naviguer, défaire
le commerce sur leurs propres côtes , et d’échanger
les productions de leur territoire contre les objets dont ils
ont besoin.
Quoique des plumes plus exercées que la mienne aient
déjà essayé de tracer le portrait et le caractère des naturels
de ces contrées lointaines, je n’ai pu résister au plaisir
de rassembler quelques notes sur ces malheureux Hottentots,
qui, par leur morale et leurphysique même, tiennent
plus de la bête que de l’homme.-
Dans ma description du terrain occupé par la colonie
du Cap, j ’ai été obligé d’employer plusieurs mots hol-
làndois dont je dois fixer le sens.
Eylancl, signifie toujours une île.
Rivier, un ruisseau ou une petite rivière.
W a lley , une vallée ou une espèce d’étang, couvert
quelquefois de roseaux, et dont la largeur varie dans
son étendue.
Brackt, eau dormante, et plus ou moins salée, dans
les terrains bas et dans les vallées.
D rift, gué, endroit d’un lac ou d’une rivière où l’eau
est plus basse, et conséquemment où les voitures peuvent
passer, j
Dunot, dunes, endroits des côtes couverts de sable
amoncelé.
R a y , port plus ou moins grand.
Hoek, pointe d’une montagne qui avance dans la mer.
Kloof, vallée ou gorge des montagnes habitées par les
colons ; on peut y passer à cheval ou en voiture.
Après une résidence de trois années, tant au Cap que
dans l’intérieur des terres , je passai à Java , où je portai
le même goût pour l’étude et la même ardeur pour les
recherches dàns les différens règnes de la nature.
Mes découvertes , et les agrémens de toute espèce que
me procurait l’île de Java, ne me faisoient pas oublier le
Japon, principal but de mon voyage. On ne sera donc pas
étonné que j ’y aie consacré une partie du premier, et
presque les trois quarts du second volume de cette relation.
Nous n’avons pas encore pu porter un jugement bien fixe
sur les habitans de ces îles ; on les a loués et blâmés outre
mesure, sans doute à cause de l’opposition diamétrale qui
existe entre leurs usages et ceux d’Europe , et faute surtout
de renseignemens fidèles et authentiques. S’ils nous
lë cèdent en science , ils nous sont supérieurs en plusieurs
objets. Us ont, comme les autres nations civilisées, des
établissemens utiles , dangereux et abusifs ; au reste, tout
chez eux-semble marqué au coin de l’immuabilité.
Depuis une longue suite de siècles, leur système politique
est toujours le même ; des loix rigoureuses, rare.-