
P R E F A C E DU R É D A C T E U R ,
postérieures; car nous sommés tous, sans nous en douter,
des chamans ou sabéens plus ou moins hérétiques. J’ai caressé
ce système avec d’autant plus de complaisance , qu’il
rentre naturellement dans un autre beaucoup plus vaste ,
et que je range maintenant au nombre des vérités historiques
, Vexistence d’un ancien peuple perdu, de qui les
anciens peuples, aujourd’hui existans, ont reçu les élémens
des sciences et les erreurs répandues sur la surface du
globe. Sont-ce les Atlantes dont parle Diodore de Sicile ,
les Tchouds dont le professeur Pallas a trouvé des vestiges
dans les mines de la Sybérie ? c’est ce que je ne
prétends pas décider ; mais le résultat de toutes nos recherches
sur l’origine de l’espèce humaine, des sciences
et des arts, nous conduit toujours sur le plateau de la
Tatarie, c’est-à-dire, sur la portion la plus élevée de notre
globe, et qui a dû conséquemment être la première portion
habitable , après les effroyables conyulsions qui l’ont
sans doute agitée à une époque quelconque, et dont le
souvenir s’est conservé dans les plus anciens livres qui
nous restent. Je regrette de n’avoir pu qu’indiquer rapidement
les étonnantes et nombreuses conformités qui
existent entre les cinq vèdes, les cinq kings, les cinq
livres de Moyse, les cinq livres des Sybilles, &c. Le développement
de ces idées formeroit l’objet d’un ouvrage particulier.
Il a fallu , dans oelui-ci, me borner à présenter
quelques faits peu connus, des rapprochemens plus ou
moins frappans, et des apperçus peut-etre neufs.
J’ai cru devoir abréger ces discussions théologiques et
cosmogoniques pour des objets d’une utilité plus sensible,
et mêine plus réelle, tel que l’état politique des des de la
Sonde, leur population, leurs productions, l’industrie des
habitans , et leurs langues , si nécessaires pour le commerce,
et cependant si peu connues en France : j’ai ajoute
quelques éclaircissemens sur le malai, et suppléé au silence
de notre auteur suri ejavan, en donnant un V ocabulaire
de cette dernière langue. Je n’ai rien avancé dans mes
additions et dans mes notes , que sur des autorités dignes
de figurer auprès du savant dont je suis l’interprète, et
je me suis attaché à consulter des ouvrages étrangers peu
communs en France et non traduits, tels que les Mémoires
de la société de Batavia, qu’aucun de nos écrivains n’a
encore compulsés ni cités ; ceux de la société asiatique de
Calcutta, qui ne sont guère plus connus. Je me félicite
d’avoir eu le courage de parcourir les anciennes Lettres
latines des Missionnaires sur les Indes , dédaignées par
la plupart des savans qui ont fait des recherches sur
ces contrées. Ils y auroient cependant trouve des observations
curieuses qui ne peuvent être que le fruit