
ducatons que Pon donne à un chirurgien qui vous remplace sur
le vaisseau de garde. Les chirurgiens des navires arrivant y font
transporter ceux de leur équipage .qui'se trouvent incommodés,
au à qui il arrive un accident pendant la nuit, car alors les portes
de la ville sont fermées.
Sur le rivage , à l’embouchure du fleuve, est bâti le château
d’eau destiné à commander et à tirer en plein sur la rade. Les
vagues de la mer viennent le baigner : il est à moitié ruiné, et
chaque jour il en tombe quelque pan de muraille.
Les rues de Batavia sont plantées de deux rangées de grands
arbres, qui procurent de l’ombre et de la fraîcheur pendant
les plus grandes chaleurs de la journée.
Les arbres qui composent ces avenues sont les deux espèces
de calaba et le canari des Moluques (1) , et quelques autres
plus rares ; et je remarquai dans les cours de plusieurs maisons
de fort gros arbres du guettard de l’Inde (2’) ; mais jamais je
n’ai vu d’arbre plus énorme que les filaos à feuilles de prêle (3),
qui croissoient près d’un ruisseau et étendoient fort loin leurs
rameaux immenses.
Quoique la chaleur ne sait pas excessive, si Pon en juge
(1) Calophÿllum inophyllum , et ca-
lophyllum calaba. Le premier se nomme
le tacamaque de Bourbon. Cet
arbre remarquable par la beauté de
ses feuilles., produit la; résine tacarn.a-
que, qu’on appelle aussi baumerver,d. ,
..qui est d’un, jaune, verdâtre et d’une
odeur suave- Voyez mes Illust. plane.
459.
Conarium commune.. Cetarbre donne
une résine blanche, tenace, que l ’on
emploie à Amboine , comme flambeau ,
çn l’enveloppant dans des feuilles
sèches. Gærtner, tab. 103, a donné
des détails sur les fruits de trois espèces
de ce genre. Lam.
(2) Guettarda speciosa. C’est le rava-
pou de Vhortus màlaharicus, vol.
torriu 4y. et.48., dont L inné^ fa it son
nyctanthes. hirsuta. Il, est très-différent
de Vhalesia de Brown. Voyez mon
Diçt, vol, 3, p. 53, et mes Illyét. pl,
i 54, f. 2. Lam.
(3) Casuarina equisetifolià. Filtto,
n°. 1. Lam, Dict. vol. 2 , p. 5o i .
par le thermomètre, celui de. Fahrenheit restant toujours entre
le, 80 et le 86e degré, elle n’ en est pas .moins fatigante. La
situation basse de' la .ville, auprès du rivage de la mer , contribue
.encore à la rendre plus accablantej les exhalaisons qui
s’élèvent de la mer et des marais s’arrêtent immobiles dans P a ir,.
faute d’un vent,assez fort pour les chasser et les dissiper , ce qui
-rafraîchiroit l’atmosphère. Vers le soir , il s’élève bien un petit
vent de terre qui n’est véritablement qu’une haleine très-légère
et tres-foiblë. Cette chaleur, jointe aux sueurs abondant es
qu’elle cause , rend les bains indispensables. On voit tous les
jours les Indiens jouer dans Peau ; ils ont soin de choisir , le’
voisinage dés rivières Ou des haies dont le crocodile n’approche
pas. Ces bains fréquens entretiennent la propreté du
corps , donnent de la vigueur et de la souplesse, et modèrent
la transpiration.
On mène ici une vié d’autant plus ennuyeuse, que depuis
neuf heures du matin jusqu’à quatre heures de l’après-midi , il
est impossible de marcher ni même d’agir, car au moindre'
mouvement la sueur coule à flots,- quelque légèrement que'
vous soyez habillé. On rencontre ici comme dans Amsterdam ,
des gens de toutes sortes, de nations,- qui parient des idiomes
différens. La plupart des habitans de la ville sont dés Indiens, qui-
font un commerce lucratif. On trouve aussi des Chinois répandus
dans la ville ,. dans les fauxbourgs , dans la campagne. Ils
ont à peu près la même manière d’exister que les Juifs parmi
nous. Ils exercent en général des métiers et cultivent les arts 5
tous conservent leur costume national, leur pantalon et leur"
tête rasée, avec une houppe de cheveux sur le sommet de
l’occiput, pour faire une longue queue tressée.
Les 1 , 2 et 3 juin î , les Chinois célébrèrent une de leurs;
fêtes sur la rivière qui traverse la ville et se décharge dans la-
rade. Il y eut une joûte entre deux bateaux qui remontoient la
rivière,Le premier arrivé remporta le prix, qui consistoit en