
420 1775. D E S L A N G U E S
A D D I T I O N S DU R É D A C T E U R .
[ a L a langue malaise , originaire de: la presqu’île de Ma-
la c ca , s’est répandue dans toutes les îles orientales des mers
des Indes; de manière qu’elle est devenue pour cette portion
du globe- .ce qu’est la langue franque au Levant, mais avec infiniment
plus d’extension et de régularité : on en admire , surtout
, la politesse et la douceur de la langue malaise , qui l’ont
fait nommer à juste titre VItalien de l Orient. Elle doit, cet
avantage aux voyelles et aux consonnes liquides, qui dominent
dans les mots ; car il y a peu de consonnes muettes : il est
aisé de^ sentir combien elle doit être favorable pour la poésie
et pour la musique , dqux arts que les Malais cultivent avec
un goût qui tient de la passion ; ils y consacrent toutes leurs
heures de loisir, c’est-à-dire la majeure p'àrtie de leur tems :
presque toutes leurs chansons renferment des proverbes célèbres
et des expressions figurées, applicables aux différentes circonstances
de la vie : quelques-unes de ces ‘chansons qu’ils chantent
à leurs binbangs ou festins, sont des espèces, de récitatifs assez,
semblables à nos romances ou aux vieilles ballades anglaises-
Souvent elles sont improvisées ; voici quelques-uns de leurs
couplets ».
Apo gouno passajig palito,
Callo tidah dangan soumbounia 2
Apo gouno hermine mat'to.
Callo tidah dangan sougounia 2
Pourquoi vouloir allumer une lampe
S i elle .n’a pas. de mèche ?
Pourquoi faire Pamour des yeux,
Si Pon. n’a pas une intention sérieuse ?
Arnbo djougo bourra bansi, bansi
Doudou debowa batang
Ü S I T É . E S À J A V A . 421
Ambo djougo, ma nanti, nanti
Manapo tidado datang.
Je joue'sur un chalumeau, un chalumeau,
Assis ’ dessous un arbre.
Je joue ; mais le tems n’est pas venu.
Pourquoi ne venez-vous pas près de moi ?
« On attribue cette complainte d’un amant impatient an-
dernier gouverneur du Fort Malbourough, qui aimoit beaucoup
les églogues de Virgile». '
« La sultane de Mindano répétoit souvent ce petit couplet :
Inethy piggui mandi, dekkat moulo sounguy
Scio maou bi djago, scio maou bi anty. .
Lorsque ma belle se glissera dans l’onde ,
Je serai, de loin, son gardien fidèle.
« L ’auteur fait ici allusion à un usage généralement répandu
parmi les femmes de Sumatra ; elles vont une fois chaque jour
se baigner a lariviere, et les orang-bouguin (jeunes gens), les
accompagnent pour leur servir de gardes ».
« Il est souvent assez difficile de découvrir la liaison qui doit
exister entre le sens figuré et le sens littéral de la stance ; l’essentiel
est le rithine et la figure : leur langage même est très-
métaphorique. Si une. fille , par exemple , a un enfant, avant
d’être mariée , ils disent d’elle, daoulou boua cadian boungo,
c’est du fruit avant la fleur ».
: « Ils ont aussi des expressions très-énergiques; il nous seroit
impossible de bien rendre dans toute son étendue leur apo bouli
bouat. Nos mots destin, fatalité, inévitabilité sont trop foibles
et bien éloignés dé l’énergie du mot malai »-
« Les foibles détails que nous venons de présenter an lecteur,
et sur-tout les témoignages du savant Reland , du capitaine
Forrest dans son voyage à la nouvelle Guinée, de Will. Marsdea