
grands d orient en occident ,' et suivant l’impulsion des vents
• dominans. La partie occidentale , voisine de la mer, est courbée
et baisse ensuite insensiblement, soit parce que. l’autre plaine
de sable, situee auprès et dans la même direction, est assez
solide pour qu’on y plante les ‘ potences où l’on exécute les
criminels, et ne fournit pas par conséquent d’aliment à la première
, soit parce que la queue de la montagne du Lion intercepte
l’action du vent. Le sable de cette plaine est fin et-volatil
en été ; en hiver la pluie le rend plus compact 5 mais il n’a
jamais plus de consistance qu’un monceau de neige. A la vérité
•il est possible que quelques portions soient plus solides. ‘
Les couchés se forment dans la direction du yent qui pousse
le sable. Elles sont inclinées vers l’horison, comme lest autres
couches des montagnes, les unes plus légères, d’autres plus
solides , selon que le sable volant a été plus ou moins mélangé,
avant que la pluie le consolidât; tantôt uniés , tantôt ondées
comme des vagues , et tantôt par bandes noires et blanches; et
semblables de loin à une agate ; c’est la mer qui jette le sable
noir et le blanc, le premier en petites, quantités , tandis- que
l’autre voltige de tous' côtés et forme des éminences;
La plaine ou banc dé sable dont nons parlons, est située
directement en face du frontispice de la montagne de la Tablé.
Elle est d’une hauteur médiocre et escarpée du côté du nord,
parce que le sable est emporté par le vent loin de l’abri qu’il
se forme à lui-même. Elle se termine en pente vers le midi;
de ce même côté les pierres et autres corps solides sont à nud.
Dans les grands vents le sable vole comme la neige, et peut
former en un jour une couche de l’épaisseur d’un pouce. On
remarque sur la partie septentrionale une grande raie-pointue
de sable, disposée comme la neige, chassé par un grand vent
vers le nord. Selon toutes les apparences, les couches de la
montagne ont ete formées de la manière que nous venons d’indiquer
, c’est-à-dire, par les vagues de la mer, par le sable
qu’elles apportent et que les deux vents dpminans ont successivement
poussé-
Ces .deux vents ont une telle influence sur toute la pointe
méridionale de l’Afriquè , je dirai même du continent, qu’ils
méritent une; attention particulière. ,
Celui d’été, qu’on nomme la bonne saison (1) , et celui d’hiver
ou de la mauvaise saison (2). Le premier , du sud-ouest, est
violent, mais accompagné d’un beau tems; celui du nord, très-
orageux, est ordinairement suivi de pluie.
Le. vent d’été; .souffle presque tous les jours par bouffées
courtes et fréquentes ; il a assez de force pour non-seulement
enlever le sable et la poussière -, mais chasser même de petites
pierres au visage des voyageurs , qui, ne voyant plus , sont
obligés de s’arrêter, quelquefois même de se coucher à plat-
Ventr.e par terre. Dans les rues même du Cap , il arrive des
.scènes assez comiques aux étrangers qu’on voit courir après
leurs chapeaux, leur bourse à cheveux ou leur perruque , que
le vent leur enlève. Il cause des accidens plus sérieux: cette
année, trois barques grandes ou petites, vinrent échouer sur
le rivage, et 'tous ceux qui les montoient furent noyés. Aussi
dès que le vent commence à souffler avec violence, personne
n’ose aller aux vaisseaux ou en sortir:
Le vent sud-est s’élève ordinairement vers midi à la suite
d’une matinée belle , chaude et calme : il va en augmentant
depuis onze heures jusqu’à une heure, continue jusqu’à trois ou
cinq heures et même plus tàrd, et la soirée est souvent très-
agréable. On peut cependant s’habiller le matin à la légère ,
car il n’est pas rare qu’il fasse très-chaud. Mais dès que le vent
commence à souffler, il rafraîchit l’air, et un surtout n’ est pas
inutile. Ces changemens de température causent beaucoup de
(1) Goede mousson, (2) Vade mousson.