
510 1773. É C O N O M I E R U R A L E
frappante. On en soufre quelques-uns , afin de les empêcher de
fermenter plus long-tems, et qu’ils acquièrent de l’acide dans
le tonneau j ensuite on les soutire. Quand il s’agit de soufrer
un tonneau, on attache des handes de linge soufrées à un crochet
de fer suspendu à la bonde par un anneau ; on les plonge
toutes enflammées dans l’intérieur même du tonneau, que l’on
bouche ensuite avec le bondon enveloppé de chiffons : quand
le soufre est consommé , il ne s’agit plus que de retirer le crochet
de fer, et de bien boucher la bonde , afin que la fumée pénètre
le bois. L ’opération bien finie, on y verse le vin qui ne fermente
pas davantage.
Presque toutes les fermes et les métairies nourrissent une
grande quantité de chiens qui gardent les bestiaux dans les
pâturages, conjointement avec les esclaves, défendent quelquefois
le maître contre les derniers, écartent des habitations les
bêtes féroces qui rodent souvent à l’entour, et servent enfin à la
chasse ou en voyage.
Outre l’apothicairerie attachée à l’hôpital, tout'citoyen a la
permission de débiter des drogues; et c’est un avantage pour
les colons qui les paient bien meilleur marché chez ces marchands
qu’aux chirurgiens.
Les paysans font rarement du fromage, et quand ils en font,
ce n’est que par curiosité ou par passe-tems. Leur lait maigre,
en comparaison de celui de Hollande , ne donne que des fromages
petits, minces et assez mauvais.
Les vaches, comme tous les autres bestiaux, restent toute
la journée dans Tes pâturages; on les ramène le.soir à la fermé,
et ils passent la nuit dans un parc non couvert. L’herbe qu’ils
broutent dans de vastes prairies fertilisées par les pluies: d’hiver
, et desséchées ensuite par la chaleur et les vents de l’été,
est presque toujours dure et grosse. Il ne faut donc, pas s’étonner
si ces vaches donnent du lait en petite quantité et peu épais.
Les bestiaux, dans d’aussi mauvais pâturages, dépérissent en peu
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d’années , quoique les bêtes à cornes qui forment la plus grande
partie des troupeaux, soient de race hollandoise. Une vache qui
vient directement de Hollande, et qui- se vend 4o ou 5o rixdal-
le s, donne plus de lait que trois autres; mais sa race ne tarde
pas à dégénérer, et sa troisième ou quatrième génération ne vaut
pas mieux que les autres , qui ne donnent ordinairement qu’une
demi-pinte de lait par jour.
Le beurre que l’on fait avec du lait doux , se vend à la ville;
frais il coûte 8 , 12 et même 16 sols la livre , et salé , 2 , 4
et 6 sols. Le prix varie cependant beaucoup selon le débit.
Quoique tout le pays soit occupé par la colonie, les fermes
ne se -ressemblent pas. Les Hottentots ont commencé, par vendre
, pour du tabac, de l’eau-de-vie et autres denrées : -le
port, l’emplacement de la ville et les environs, ensuite les colons,
ont gagné du pays, et s’y sont installés en- chassant les
naturels. Les fermes les plus voisines du Cap , jusqu’à Pickel-
berg , et un peu au-delà , appartiennent en propre aux fermiers
qui ne paient aucune rétribution, et qui peuvent en disposer
■ comme il leur plaît. Les fermes situées au revers de lamontagne,
se nomment lieux d’emprunt ou à redevance : ce sont celles
que les paysans occupent avec la permission du gouvernement,.
et pour lesquelles ils paient 24 rixdalles de redevance
annuelle; ils ne peuvent en aliéner les terres sans une permission
du gouverneur ; mais elle ne leur est pas nécessaire pour
disposer des maisons.
Les planches et toutes les espèces de solives dont on se sert
pour la construction , sont très-chères, parce qu’il est difficile de
s’en procurer, et qu’elles viennent de très-loin , soit de l’intérieur
des terres, soit des Indes ou d’Europe. Elles se vendent au
pied ou à l’aune ; la planche coûte deux schillings de Hollande
le pied , ou dix schillings de Suède.
On fume les vignes avec le fumier de mouton, et les jardins
avec celui de cheval. Les parcs de nuit sont quelquefois
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