
tuiles. Il n’y a que la maison du gouverneur et le magasin de la
compagnie qui aient trois étages.
On ne se sert pas.de domestiques- européens, ce sont des
esclaves noirs ou mulâtres de Madagascar, de la côte de Malabar
, ou de différentes autres contrées de l’Inde. Ils parlent
malais ou mauvais portugais, mais rarement hollandois, et
savent, différons métiers très-lucratifs pour leurs maîtres. On
recherche plus particulièrement les tailleurs , les maçons et les
cuisiniers. Les esclaves se louent pour travailler à la semaine
ou au mois j, pendant ce tems ils sont obligés .de payer une certaine
somme, a leur maître. Les mâles tiennent beaucoup à
leurs- cheveux, et les enveloppent d'ans un mouchoir roulé en
turban autour d e , leur tête ; les femmes se contentent de les
relever et de-les attacher avec une grosse aiguille.' Une courte
jaquette ou espèce de corset, avec' un pantalon , forme tout
leur habillement. Ils ont toujours la tête et les pieds nuds,
comme une marque de leur servitude.
Avant qu’on ne se mette à table, et quand on en sort, un
esclave présente aux convives-, de l ’eau et un essuie-main ; dans
les maisons opulentes , chaque convive en a un derrière' soi
pour le servir. Ils tiennent ordinairement un éventail de feuilles
de palmier,-pour chasser les mouches , qui- ne sont, pas moins
importunes qu’ en Europe,
Dans l’intérieur comme à l’extérieur de la ville, on voit de
superbes’jardins remplis de légumes et de fruits. Ils, sont arrosés
par les eaux qui descendent en ruisseaux du haut des montagnes
voisines. - Le plus grand et le plus magnifique- de- ces jardins , est
incontestablement celui de la compagnie des Indes ; il s’élève
là comme un chêne antique, au milieu des foibles roseaux. Il
fournit aux nouveaux débarqués leurs premiers rafraîchisse-
mens; son extrême fertilité et l’abondance de ses productions-,
le mettent-en état de pourvoir-les vaisseaux hollandois, et même
le.g étrangers, de tous les végétaux.nécessaires à la continuation
de leurs voyages. On tire chaque année des. graines nouvelles
de Hollande , parce que les espèces dégénèrent par la suite du
tems , à l’exception de celle des choux-fleurs, qui se bonifient
au Cap , et s’abâtardissent en Hollande.
Les pommes , les poires et autres fruits d’Europe , mûrissent
ici plus ou moins bien, mais n’acquièrent jamais le même degré
de maturité et de bonté, et ne se conservent pas long-tems.
Les pêches n’y sont pas aussi exquises que dans le midi de
l’Europe. On les fait sécher comme les poires , avec ou sans les
noyaux.
Les arbres transplantés d’Europe , comme le chêne , le peuplier
blanc ( 1 ), perdent leurs feuilles en hiver, comme dans
leur pays natal, tandis que ceux d’Afrique restent toujours
verds. Cette différence est d’ autant plus singulière , que l’hiver
n’est pas plus froid ici que l’automne en Suède; en outre , les
feuilles tombent dans la partie méridionale de la ligné , précisément
à la même époque où elles poussent dans le nord. On
ne plante pas ici de tilleul (2), parce qu’il né peut résister aux
ouragans qui désolent assez souvent ces rivages , et il ne profite
pas. Le noisettier ou coudrier (3) , le cerisier (4) , le groseiller
blanc ou v er t, le groseiller rouge et blanc, donnent rarement
du fruit. Le myrthç parvient à la hauteur ordinaire d’un arbre,
mais son tronc n’acquiert pas de dureté , et il n’est pas très-
fourni de branches. Sa flexibilité le rend très-ulile pour former
de hautes haies dans un pays sujet aux ouragans, parce que son
tronc cède volontiers aux efforts du vent.
Le pied de la montagne, ou les collines qui environnent la
ville, sont composées d’une terre grasse rougeâtre , couleur
qu’elle contracte par l’eau teinte d’acide de f e r , qui découle
par les fentes des rochers.. Plus haut, sur le sommet de ces 1
(1 ) Quercus robur et Fopulus alba.
(2 ; Tilia Europea,
(3) . Corylus cwellana.
(4) Prunus cerasus. .