
il ne fleurit qu’une fois, et meurt après la maturité de ses
fruits. Il se reproduit par les rejettons qui sortent de ses racines.
Quoiqu’il croisse spontanément dans le pays, on le cultive
dans presque tous les jardins- Il parvient ordinairement à la
•hauteur d’un homme, n’a pas de branches j ses feuilles sont
les plus grandes que l’on connoisse parmi celles qui ne sont pas
divisées.7 ,
L ’ ananas (i) passe encore, aux yeux debeaucoup de monde,
pour le plus exquis de tous les fruits. Il est à-peu-près gros
comme la tête d’un homme. Il a un parfum. délicieux qui Se
répand dans tout l’appartement où l’on ouvre quelqu’un de ces
fruits. Son goût à la fois doux et aigrelet, et conséquemment
très-agréable , semble pénétrer le palais et la langue. Il a cependant
une certaine âpreté et mal-faisance quLle rend dangereux
5 c’est pourquoi on n’en mange qu’au dessert et avec
beaucoup .de discrétion. Ainsi, l’ananas,est, à proprement parle
r , une friandise et non pas un aliment substantiel et salubre.
Après avoir ôté la première peau, on coupe le fruit en travers
par tranches, qu’on mâché légèrement pour en sucer'Je jus et
jrejetter ensuite les filamens. Les Européens assaisonnent ;ces
tranches de s e l, de sucre , Ou les trempent dans du vin rouge
pour atténuer les dangereux effets de ce fruit. On en mange
deux tranches au plus à la fin d’un repas. On les confit aussi
dans le sucre pour les manger comme des confitures en jiréhant
du th é , ou bien on les fait cuire avec de la cassonnade .et
du vin. Quand l’anânas n’ est pas bien mûr , ou qu’on en mangé
avec excès, il donne la diarrhée et la dyssenterie, sur-tout aux
soldats et aux matelots attaqués du scorbut au moment où ils
débarquent; La goiaye (a), parvenue à sa pleine maturité, se
(î) B r o m d ia a n a n a s . p. l 4o , t. , et Lam. l l la s t r . t. 4 l 6 ,
(2) P s id iu m p y r i fe r um . Lin. C u ja v u s f. 1.
^çmesùca. Rhumph. herb. ami. I ,
mange
mange crue ou cuite avec du vin rouge et du sucre , ainsi que »
Viambos de Malac (1). On ôte le noyau de'ce dernier fruit.
Il y. a plusieurs espèces d’iambo. La,plus commune est de la
grosseur d’une prune , X’iambobol de celle d’une poire,. U iambo
ajrer mauer a l’odeur et le goût de l’eau rosé. J’ai cru trouver
dans le goût de ces différentes espèces quelque chose de s e c ,
qui n’a cependant rien d’âpre ni d’astringent. Leur jus mêlé avec
l’eâu de champaka (2) et l’eàn rose , s’emploie pour les inflam-,
mations de la gorge , les glandes et les ulcères.
La mangue (3) est de la grosseur et de la forme d’un oeuf
d’oie, mais plate, de couleur verte Ou jaunâtre ; on se contente,
poür manger la chair qui enveloppe le noyau, de la peler avec
un couteau, ou seulement avec le doigt. On en sert communément
sur toutes les tables des;, Européens. J’cn ai souvent
mangé des tranches saupoudrées de sucre, et trempées dans lé
jus qu’elles rendoient. On en fait confire dans le-sucre pour
les manger en prenant le thé. Quand ce fruit n’est pas mûr,
il a un goût très-aigre, mais qui n’empêche pas. qu’on ne l’accommode
de différentes manières.-;
On le fait cuire avec du beurre , des oeufs et du sucre, et
cette marmelade aigrelette a le .goût de pommes sûres cuites ,
ou de cerises en compote. '
Les Javans le mettent cuire dans de l’eau salée , et le mangent
comme des olives. Enfin ce fruit verd, cuit et confit au vinaigré
avec du poivre ,. leur tient lieu des cornichons confits
ou marines , " dont nous entremêlons nos viandes.
(1) Eugenia Malaccensis. L. Arbre description de ses fleurs dans le Qsfrûitier
des Indes , ainsi que le jambe- beck’s voyage, t. I , p i 4i. Redact.
rosade. Eugenia jambos. Lin. (3) Mangifera lndica. Po en javan,
(2) Michelia champaca. Cet firbre et quai-mao en chinois. Red.
produit des fleurs jaunes. Voyez la
T om e I . O o o