
pulvérisée , excite un vomissement et guérit de la fièvre. Le
sang de lièvre s’emploie pour les érésypèles ; on en imbibe
un linge qu’on fait sécher , et qu’on applique ensuite sur le
corps du malade, mais non pas à la place même de l’érésy-
pèle.
Plusieurs personnes m’assurèrent aussi que le sang de
tortue , appliqué sur la plaie , ou pris en breuvage, est souverain
contre lès blessures faites par les flèches empoisonnées.
Nous passâmes quelques jours chez notre hôte , autant, pour
nous reposer que pour mettre en ordre tous les objets que nous
avions recueillis. Enfin , je me promenai dans les environs ,
tandis que nos bêtes , exténuées et maigries , reprenoient un peu
de force et d’embonpoint.
Cependant nous prîmes des chevaux pour aller jusqu’à la rivière
de Cabeljaus (1) , et de-là à celle de Camtour, qui est
très-profonde et fort large; elle reçoit lé Locris et va se déchar.,
ger dans la mer.
Les Hottentots et les Caffres habitent pêle-mêle sur lés bords
de cette rivière, qui forme , à certains égards, Ta démarcation
des deux pays, car à quelques milles au-delà, commence véritablement
celui que l’on nomme la Caffrerie (2). 1 2
(1) Rivière des cabillauds. ' sont touj ours des Infidèles aux yeux
(2) Ce m ot, d’origine arabe, signifie des Musulmans. L ’identité de ces mois
le pays des Infidèles. Caffre et Guèbre ne paroit pas frappante, mais les per-
ont la même étymologie'et la même sonnes accoutumées à étudier les lan-
signification. Quoiqu’on ait donné ces gués la sentiront aisément. Note du
r.onis à deux.peuples bien différons, ce rédacteur.
C H A P I T R E V.
N o t i c e sur les Caffres : parallèle entre eux et les Hottentots.
L es Caffres que je vis là , étoient d’une plus haute taille,
mieux faits , plus forts, plus hardis et plus courageux que les
Hottentots, plus adroits qu’eux à manier le zagaie. Ilsportoient
à chaque bras des anneaux d’ivoire assez larges. ■
Leurs danses ont un genre, de beauté singulier; deux et même
plus, se mettent sur le côté ou sur le dos , et se balancent sur
les doigts des pieds en frappant aussi les talons, et remuant, en
même tems tous les membres en mesure ; tous leurs muscles,
particulièrement les yeux , le front, la bouche, le menton,
toute la tête et le col sont en action. La musique est un. chant
grasseyant et grossier , èntre-mêlé de tems en tems d’un
sifflement qu’ils poussent en retirant.les lèvres et laissant voir
leurs dents. Les femmes courent autour des danseurs en sautant
, suivant la même mesure , et en agitant la tête et les
autres membres.
Ils se percent le bas de l’oreille pour y passer un piquant de
porc-épic (1).
Ils nous montrèrent deux espèces de pendans d’oreille en
cuivre, mêlé d’argent, qu’ils nous dirent avoir reçus d’une nation
plus enfoncée dans l’intérieur des terres.
Nous vîmes aussi des corbeilles et des paniers si bien tissus
par les Hottentots, qu’ils servent à contenir du lait et de l’eau.
Ils font aussi avec la vessie de la licorne, des bouteilles pour le
même usage.