
peau de daim- (î) pour se garantir du mauvais tems. Ils sont
d'un jaune rembruni, avec des membres foibles et petits ; leur
ventre , qui est très-protubérant, constitue la plus forte partie
de leur individu.
Cependant ces débiles Africains ont, pendant bien des années,
inquiété les colons , tant à Rogge-Veld qu’à Sneeberg. Ils vo-
loient les bestiaux , assassinoient les maîtres , et brûloient les
habitations. Ils n’ont pas plus épargné les Hottentots que
les colons ,- et les ont même réduits à se mettre au service de
ceux-ci pour subsister. On ne manque pas de tems en tems de
leur donner la chasse. On avoit encore envoyé l’année dernière
trois forts détachemens à leur poursuite dans trois endroits dif-
férens.
Nous rencontrâmes un de ces detacbcmens , composé de
cent hommes , dont trente-deux Européens, et le, reste étoit
des Hottentots. Ils revendent d’une.expédition contre les Na-
maquas Boschismans. Ils en avoient tué une centaine et fait
vingt prisonniers , dont la plupart etoient de petits enfans. Us
n’en avoient emmené qu’une partie. On me parla d’une expédition
faite en 1766, où l’on avoit tué cent quatre-vingt-six
de-ces malheureux : aucun Chrétien n’avoit été tué ni même
blessé. ■
Les Hottentots étant regardés comme les alliés de la Compagnie,
on ne les fait pas esclaves : parmi-ceux que l’on prend
à la guerre, tous les jeunes sont obligés de servir pendant un
certain tems sans recevoir de gages ; mais on ne peut les vendre.
Un colon qui a élevé à ses dépens un orphelin Hottentot, peut
en exiger un service gratuit jusqu'à l’âgè de vingt-cinq ans :.mais
à cette époque le jeune Hottentot a la liberté de quitter son
Yi) CervuS dama.
maître , ou de continuer à le servir aux conditions dont ils
conviennent ensemble.
La Compagnie a établi plusieurs postes du côté de l’orient,
pour mettre les propriétés des colons à l’abri de toute insulte
de la part des Boschismans ; mais il n’y en a pas un.seul à l’ocei-
dent, de l’autre côté de la montagne, où il en seroit également
besoin. . C’est pourquoi les paysans de ces cantons sont obligés
de se tenir toujours sur la défensive, d’avoir des armes chez
eux. Le plus riche fournit ordinairement aux autres des balles,
de la poudre , des chevaux. On choisit pour caporal de campagne
un paysan qui est alors exempt de la garde bourgeoise.
Quand il s’ agit d’une expédition considérable, le Gouvernement
envoie aux frais de la Compagnie de l’eau-de-vie, des fers pour
garotter les prisonniers , de la poudre et du plomb.
Quand un étranger entre dans la maison d’un colon, les
Hottentots qui s’y trouvent ne manquent pas de lui donner un
nom qui ait quelque .rapport à son air ou à sa profession. C’est
ce qui m’est arrivé plusieurs fois, ainsi qu’à mes compagnons
de voyage.
J Quoique j’aie déjà parlé de la manière ingénieuse dont ils
allument du feu avec deux bâtons, jè- n’ai pas encore décrit
leur procédé : il est fort simple et fort sûr. Us prennent deux
morceaux de bois extrêmement dur; l’un rond et l’ autre plat,
avec un trou dans le milieu. Ils couchent celui-ci à terre et
■ l’affermissent avecle'pied; après avoir éparpilléde l’herbe sèche
autour dit trou, ils y insinuent le. morceau de bois rond et
le tournent avec tant de force et de vivacité , qu’il s’allume par
ce-frottement et met'le feu à l’herbe.
Quand nous faisions cuire de la viande à l’étouffée au milieu
des champs, les Hottentots venoient , dès qu’elle étoit retirée
du feu , prendre de la graisse et du noir même de la marmite
pour s.e frotter le corps.