
demi-croissance, tant sur les buissons qu’ailleurs, nous ne pûmes
en trourer une seule avec des ailes parfaites. Ces plaines froides,
mais riches en pâturages , nourrissent considérablement de
chevreuils ( i ) , de gazelles (2) , de gazelles tachetées (3). Le
mâle et la femelle de cette espèce ont dés' cornes : le pé Lit.de
la gazelle tachetée est d’abord d’un brun rougeâtre; mais il lui
vient des taches blanches par la suite du tems. Quoiqu’il ne
soit pas aisé d’ en approcher à la portée du fusil, parce qu’il
fait très-froid et que l’animal est très-soupçonneux, nous en
tirâmes un avec une balle. 11 faut le tirer à une .certaine distance;
car. s’il ne tomboit pas sur le coup, il: pourroit faire
beaucoup de mal au chasseur avec ses cornes.
Je fis encore ici une singulière observation1; c’est qu’il arrive
souvent qu’un, canard tiréj soit sur un ruisseau , soit dans,un
marais rempli d’eau , disparoisse tout - à - coup , ou qu’on le
retrouve avec les pattes mangées ; ce sont les tortues qui leur
font là guerre,,, et qui mangent souvent leurs petits.
Le 10, à Düÿvenhoeks-rivièr (4) , chez la veuve Fores, par la
ferme duBota , Riet-kuy (/>);, Kerremelks et■ Slange-rivier ((;).
Les ruisseaux qui arrosent l’étendue du pays que nous ayons
traversé depuis Hex-rivier, ont leurs bords couverts d’acacie
d’Egypte (7), dont le bois est fort épineux. ,
Les montagnes qui s'avancent jusqu’à-Swellendam, divergent
ensuite directement vers l’orient et l’occident.
Le 11 , de bonne heure , nous prîmes congé de notre aimable
hôtesse: arrivés sürles bords delà rivière de Buyven-hoek, à
quelque distancé de la fermé', nous la trouvâmes ; elle étoit 1 2
1 P rivière du corn des pigeons.
(5) Fosse rouge..
(6.) La rivière de lait caillé et celle
des; serpens.
.. (7) Mimosa nilotiea.
( 1 ) R h e b o c k
(2) R e tb o c k .
r .(3) Capra scripta ( Boute - bock ).
C’est le guib de Buff. Hist. nat. 12 ,
page 005\, &e. t. 4o. , 4i , f. 1.
extraordinairement enflée parles pluies tombées depuis quelque
tems. On nous dit qu’il y auroit du danger à la traverser, quoique
pendant leurs plus fortes crues, les rivières de ces cantons
aient toujours quelque gué (1) où l’on peut les passer à cheval
ou en voiture. Notre hôtesse avait eu l’attenLion de; nous donner
un èsclave pour nous indiquer un gué; mais ne parlant ni n’entendant
pas même le hôllandois,- il fut obligé de nous diriger
par des signes: soit ignorance, soit malice , il nous fit faire un
demi-çercle à droite , tandis que nous aurions dû prendre à gauche.
Comme le plus hardi de la compagnie, je marchois, toujours
à lartê.te : j’entrai sans hésiter dans l ’eau, et aussi-tôt je m’enfonçai
jusqu’aux oreilles dans un trou de vache marine : c’eût
été mon tombeau,,si mon cheval n’eût bien nagé , et si je n’eusse
moi-même conservé ce sang-froid qui ne m’a jamais quitté dans
les plus grands dangers. L ’animal continuellement soulevé par
les vagues-, se tournoit à droite et à gauche; mais je me.tenois
ferme sur la selle. Arrivé à l’autre bord, j’ eus le bonheur d’en
sortir , quoique le rivage soit ordinairement escarpé et qu’on
ait beaucoup de peine à y prendre,pied (~z). Les hyppopotames
creusent beaucoup de ces trous dans les rivières .pour s’y loger 5
mais ils les quittent souvent pour des endroits plus écartés, ou
bien ils sont tués par des chasseurs : voilà pourquoi la plupart
de ces trous sont vuides.
Mes compagnons de voyage épouvantés de mon escapade,
étoient restés de l’autre côté et hésitoient à suivre mou exemple :
cependant après être descendu de cheval, et avoir un peu laissé
égoutter l’eau dont j’étois inondé, j’ordonnai à mes Hottentots
de repasser la rivière'; et quand nous eûmes pris de meilleurs
renseignemens, mes compagnons les suivirent.
(1) On nomme ces gués dvift, mot
hollandois qui signifie courant..
(2) C’étoit positivement le jour de
mon anniversaire et la trentième an-
née de ma v ie , que j ’eus le bonheur
d’échapper à eet imminent danger,
Mm 2