
IV P R É F A C E DU R É D A C T E U R ,
faits meme qui auraient pu me paraître les plus nidifie-
rens. Cette scrupuleuse fidélité que je me suis prescrite,-
et dont je ne crois pas m’être écarté, m’a coûté d’autant
moins , que je me suis permis tantôt de suppléer au laconisme
de mon auteur, tantôt de le contredire dans des
additions et dans des notes, qu’on distinguera aisément de
son texte} il ne seroit pas juste de le rendre responsable
de mes erreurs littéraires et théologiques. J’ignore, par
exemple, quel jugement il portera sur l’identité que j ’ai
cru remarquer entré les cultes anciens et modernes de
l’Asie et de l’Europe.
Je ne crains pourtant pas d’avancer que c’est après une
étude particulière des religions du Tibet, de l’Inde , de la
Chine , de l’Egypte, &c. que frappé de leurs conformités ,
je me suis convaincu qu’elles- avoient pour origine ou
base commune, l’adoration du ciel et des étoiles,
Ces filles , du Très-Haut, objets religieux,
Du culte Sabéen si cher à nos aïeux,
Dans qui l ’on contemploit la majesté suprême
Du Dieu qui de sa main les alluma lui-même.
^BUFjn , acte I , scène I I I (1). L
(1) Ces beaux vers caractérisent parfaitement
le culte des anciens Arabes,
•chez qui le chamanisme n’a cédé qu’à
l’islamisme. Ils adoroient particulièrement
la lune, comme l ’indique le nom
de leurs principales villes. Mèdyne .
P R É F A C E D U R É D A C T E U R . V
Bn effet , la connoissance des révolutions célestes et de
l’influence dés astres a dû inspirer à l’homme l’idée sublime
et consolante d’un Être suprême, d’une intelligence universellement
répandue, qui se manifeste par-tout, et qu’on
ne voit nulle part.
Jupiter, est quodcumque vides, quodcumquë moveris.
Ses attributs personnifiés ont produit ces incarnations
si multipliées dans les religions de Boudha, de Brahma, &c.
ces tritinités et tout ce polythéisme des sectes qui leur sont
suivant Mohhammed Mohhsyn, auteur
du Dâbistân, signifie religion de la Lune,
de mâh ’( bine ) eu persan, et dyn ( religion)
en arabe et en persan. Il donne
une étymologie semblable au nom de la
M e t t e , qu’il explique par ces deux
mots persans, mâh (luné) , et hàh ou
gâh (lieu), pays ou- lieu delà lune. La
Ka’abah où les Arabes alloient en pèlerinage
avaiit Mohhammed, étoit un
temple consacré à la lune, et renfer-
moit une belle statue de cette plané te;.la
pierre noire que les Musulmans baisent
aujourd’hui avec tant de dévotion, étoit
autrefois une statue de Saturne. L ’étymologie
persane de ces noms de villes
arabes, indique que ce sont probablement
les anciens Persans ignicoles qui
ont introduit le chamanisme en Arabie.
Khodjah A ’bdoul-terym , pèlerin musulman
, qui a écrit sa relation d’un
style peu commun parmi les musulmans
et les pèlerins, a observé que les murailles
de la grande mosquée de Kou*
fah , dont la fondation est antérieure à
l ’islamisme , sont chargées de figures
de planètes ^artistement sculptées, et
recouvertes maintenant d’un crépi qui
s’écaille en plusieurs endroits. Ce témoignage
est parfaitement conforme
avec celui de Mohhammed Mohhsyn ,
qui nous apprend que la mosquée de
Koufah est bâtie sur les fondemens d’un
ancien temple du feu. — Je terminerai
cette no te en observant que j ’ai consigné
déjà , bien rapidement à la v érité, mais
d’une manière très-précise , mes idées
sur le chamanisme ou sabéisme, dans
les Détails typographiques et littéraires
sur Védition du Dictionnaire et des Grammaires
iartares-mantchoux, publiés en
1 790 , à la tête du troisième volume dji
même Dictionnaire.