
à ceux de la Compagnie des Indes. Il régaloit aussi de liqueurs
et de bière.
Tous les officiers des deux navires avoient un ou plusieurs
esclaves pour les servir à bord et pendant leur séjour au Japon,
qui ne devoit pas durer moins d’un an. Les Japonois
leur ont accordé cette permission depuis plus de cent ans ; mais
il est défendu aux esclaves de sortir de la factorerie hollan-
doise , ou au plus de la yille de Nagasaki, où est située cette
factorerie.
Le 21 juin, à dix heures du matin, nous levâmes l’ancre ;
nous tirâmes le canon et sortîmes à la voile de la rade de
Batavia : mais nous ne tardâmes pas à mouiller hors de cette
rade. Nous y passâmes le reste de la journée et la suivante , à
mettre en ordre tout ce qui étoit nécessaire pour le voyage. -
Le 26 au matin , lé vent et la marée nous'conduisirent dans le
détroit deBanca (1) , qui est presque aussi large que celui-de
la Manche qui sépare l’Angleterre de la France. A gauche
nous avions les terres de Sumatra, qui sont unies et basses -;
à droite , celles de Java. Les rivages de -ces deux îles sont
également garnis de bois. ‘
Le 27 , nous mouillâmes pour attendre l’autre navire qui
voguoit moins vîte que le nôtre, et que nous avions conséquemment
laissé en arrière.
Le 28 , nous levâmes l’ancre et continuâmes notre route.
Le 3o,nous débouquâroes heureusement le canal et entrâmes
en pleine mer. Le Bleyemburg nous salua de plusieurs coups
de canon, et nous lui rendîmes son salut; les officiers se
souhaitèrent réciproquement un bon voyage.
Le 3 juillet nous passâmes la ligne; -
Nous apperçûmes le 8, le rocherPoz/Jo Sapato , qui ressemble
de loin à un vaisseau , e t , vu de -prés , il a la forme d’un -sou-
(1) Straat Banca.
lier ceupé par le bout : cette forme lui a valu le nom qu’il
porte HjSj'ï;
Le 10, nous découvrîmes les'terres de la Chine, que les
navigateurs qui vont au Japon ont tant de plaisir à voir , parce
qu’elles leur indiquent à quel point ils en sont de leur traversée.
Le 12 , nous essuyâmes une de ces tempêtes si fréquentes
à la hauteur où nous nous trouvions. Le capitaine , marin sage
et expérimenté , fit à l’instant carguer une partie des voiles ,
baisser les hauts mâts et amener les vergues. Cette précaution
fut répétée durant tout notre trajet, autant de fois que nous
fûmes menacés de tempête. Le succès en prouva la sagesse
et l’utilité. Le Bleyemburg, très-mauvais voilier, restoit toujours
derrière nous : quoiqu’il fit continuellement force de
voile., il eut d’abord le sommet de ses mâts rompu pendant
la tempête, et les perdit même l’un après l’autre. Enfin , il
souffrit tant du roulis/; et fit tant d’eau, qu’il s’en fallut de
bien peu qu’il ne coulât bas avant d’arriver à Macao. De-là on
le conduisit à Canton pour y être radoubé ; de manière qu’il
. ne put continuer sa route vers le Japon : la majeure partie
de sa cargaison, qui consistoit en .cassonnade, fut gâtée.
Le i 7 , nous essuyâmes un orage terrible accompagné de
coups, de vent et de pluie , mais sans tonnerre. Il dura deux
jours entiers.
Le 20-, la tempête étant appaisée , nous apperçûmes une
barque de pêcheurs Chinois renversée en pleine mer. Selon
toutes les apparences , les pêcheurs étoient péris.
Le 22, nous découvrîmes de nouveau les côtes de la Chine ,
(j) Les Espagnols écrivent poulo
zapata ':( isle du soulier ). Sapato , en
1 portugais j signifie un soulier . et poulo
une île en langue malaise. Voyez ci-
dessus , le Vocabulaire malai, p. 4o.3.
On voit que ce nom est composé dé-
deux: mots, qui , par l ’éloignement
des contrées d’où ils sont originaires T
doivent être -étonnés de se trouyer
réunis.