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deux ou trois cents soldats.- Deux'ou trois jours avant Eembarquement
de-l’équipage, on annonce au son de la-caisse , le
jour où il doit se rendre à bord. Si quelque officier reste chez
lui , 011 lui fait l’honneur de battre la caisse à sa porte , pendant
un certain teins. Cette cérémonie lui coûte quelque argent, et
attire tous les passans devant sa maison.
Le to décembre , je suivis, dans le yacht de la compagnie des
Indes orientales , le directeur Beaumont, qui alloit au .Texel,
ou il y avoit plusieurs vaisseaux de la compagnie , qui, pour
mettre à la voile , n’attendoient que la revue et le vent. J’élois
abondamment pourvu de lettres de recommandation pour
M. Tulbagh, gouverneur du Cap de Bonne-Espérance, de la
part de Rheede-van-Oudshorn , qui de'yoit partir à Pâques,
pour, le. Cap , en qualité de vice-gouverneur; du .bourgmestre
Temming, ainsi que , du professeur Burmann, et de sa belle-
mère , au conseiller politiquè B e ry , et.de M. Nethling , secrétaire
de justice.
Nous arrivâmes le 11, au Texel. .
Le i 4 , j’eus le plaisir de voir la revue sur le Nieuwroon }
vaisseau de la compagnie des. Indes orientales. Aussi-tôt que
les officiers eurent, été appellés , ils reçurent leurs instructions,
Qn distribua les chambres et les cabinets, et le.conseil du
vaisseau s’établit. Ensuite lès soldats et les matelots passèrent,
la revue , furent examinés de nouveau , quoiqu’ils l’ eussent
déjà été à Amsterdam , pour s’assurer de leur capacité , qu’on
jugeoit en général, par l’extérieur ou par la mauvaise volonté
d’un capitaine, qui diminuoit souvent, en dépit de la justice
et de la raison, un o u . plusieurs florins sur la paie de chaque
mois. Après que le directeur se fut retiré, les gens de l’équipage
montèrent aux mâts, et agitant leurs chapeaux; et leurs bonnets ,
firent trois fois retentir Pair de leurs cris d’allégresse ; ceux de
l’yacht leur répondirent autant dç fois, et l’on tira les canons
4e ces deux bâtimens,1 .
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Le soir même, un soldat du navire sur lequel je dey ois monter,
eut le/pied gauche pris dans une .corde du tourniquet, et se déchira,
de manière que l’os delà jambe fut séparé de son'articulation
, et que les nerfs qui correspondent de la jambe au p ied,
étoient rompus ,' et il ne tenoit plus que par le tendon d’achille.
Ce triste événement me priva du plaisir dé passer mon temps sur
l’yacht du directeur Beaumont, où j’aurois. attendu que la
revue ait été faite sur tous les vaisseaux ; mais le lendemain matin
il fallut , en qualité de chirurgien, me rendre à bord du
Schoonzigt. Le blessé étoit déjà pansé, sans que l’on ait pu trouver
l’artère pour la lier. Tandis .que l ’on se disposoit, à lui
amputer.la jambe , il vint dés ordres pour le transporter à l’hôpital
d’Amsterdam.
Nous attendîmes encore quinze jours un vent favorable pour
mettre à la voile, Ce délai me laissa le tems de m’instruire du
régime intérieur d’un vaisseau , tant pour les g'eris bien portais,
que. pour les malades. Chacun sé choisit un camarade pour le
voyage , et lui accorde toute sa confiance. On distribue les plats
pour des tables de sept personnes ;. un convive, nommé maître
de la table (1), est chargé d ’y présider. On distribue aux soldats
et aux matelots, des écuelles de bois aussi fragiles que celles de
terre.
Comme il n’y avoit pas plus de huit jours que l’équipage étoit
embarqué , je ne m’attendois pas à trouver des malades à mon
arrivée, mais il y en avoit déjà plusieurs; en outre., lés vaisseaux
en rade dèvant le T ex e l, depuis le mois de septembre, avoient
un si grand nombre de malades et de morts , qu’après avoir gagné
au large avec un bon v en t, quatre bâtimens (2) furent obligés
de virer de bord, pour prendre des hommes frais et bien portans,
quoique leur équipage fût de plus de trois cents hommes. 1 2
(1) Bach mester,
(2) Le Groenendal, le Huyster-mey, le Kronebourg , et le Hoenhoop,
Tome I . H