
448 1775. M (H'U R S , Ü S A G E S , &c.
L’ excès de là chaleur produit sur les Javans , le même effet
que sur les autres Indiens ; ils ont la tete foible et h esprit
moins inventif et moins subtil que les Européens. Je ne leur
refuserai point la faculté de penser , mais, peu profondément5
aussi, leur conversation n’est-elle pas très-intéressante : ils sont
en général lourds , indolens et superstitieux; et l’on peut assurer
, sans craindre de porter un jugement injuste , qu’il y a autant
de différence^ entre un Européen- et un Indien au teint
brun foncé , qu’entré celui-ci et un singe.
Ils sont d’autant plus à plaindre de cette ineptie, qu’elle-est
l’ effet du climat sous- lequel ils sont nés ; il influe même sur
les Européens qui, par la suite du tems , deviennent lourds,
fàinéans , et perdent cette activité qui leur est naturelle dans
les pays froids ou tempérés : l’homme du monde le plus vif se
•livre ici malgré lui à la paresse et à la nonchalance. Le plus
grand amusement des Javans consiste dans la danse- et dans
la musique.
Leurs danses s’exécutent par les mouvemens du corps, et
principalement par ceux des bras et des pieds c ces danses, se
nomment rongue (1) dans la langue, de Java et tantale en malai :
(1) Ou ronguing, selon les savans
auteurs de la description de Jaccatra ,
qui donnent aussi une notice des jeux
des Javans, ainsi que de leur pitchatch a
ou chant, de leur toping ou comédie ,
jouée par des acteurs "masqués , leur
vayang couly, que' l’on joue derrière
du papier huilé avec des marionnettes
de peau de buffles découpée et peinte ;
c’ est ce que nous appelions ombres chinoises.
Les femmes de Java ont une
^espèce de jeu de dames qu’ elles nom-
pxQiit papan-djoko. Leur tabla consistç
en une petité table avec des ,dames
rondes. Le poutches se joue sur un
tapis de velours brodé avec une poupée
de bois. Bougainville parle aussi
des comédies chinoises qu’il a vues à
Batavia sur le grand théâtre chinois de
cette v ille , et des farces qui se représentent
tous les soirs sur les tréteaux
des différens carrefours du quartier
chinois. Ce sont des femmes qui jouent
les rôles d’hommes, et l’on n’y est pas
avare de coups de bâton. Voyez le
Foyagt autour du monde, t. I I , p- 347 ,
p ’çsfc
D E S J A V A N S . 44g.
C est toujours la même femme , bien parée , qui ouvre le b a l,
et danse successivement avec tous les tommes de la compagnie,
■ qui lui mettent chacun quelques pièces de monnoie dans la
ntarn- avant de quitter la partie. Cette danseuse ,se nomme ron-
gwnj elle partage avec les musiciens la somme qu’elle a ramassée..
•
L’orchestre est composé de plusieurs instrumens, lesquels
entendus à quelque distance, produisent une harmonieassez
agréable : on distingue parmi ces instrumens une espèce de
Violon à deux cordes (1) , un tambour (a) , sur les extrémités'
duquel on frappe avec les doigts ; une orgue composée de tuyaux
en bois de différentes grandeurs, suivant la différence des sons,
et posée sur un morceau de bois creux ; oh frappe avec un
petit marteau de bois sur les tuyaux comme sur un tympanon •
ils frappent aussi’sur un chaudron suspendu : leurs cymballes
ressemblent aux nôtres ', ce sont deux plats de métal que l’on
heurte l’un contre l’autre (3).
Leur industrie est aussi bornée que leurs besoins ; le bois de
bambou leur sert, ainsi qu’aux autres Indiens,.à une foule
et Verhandelingenvanhet Bataviaasch.
(Mémoires de la société de Batavia),
t. I , p. 3q , 4o et 4i . Note du rédacteur^
j
(1) C’est un diminutif de Vou’ d des
Persans. Rêd.
(2) C’esf ce tambour étranger que
les Persans , selon Koempfer, ont reçu
■ des habitans de Moultân. Red.
(3) La musique et les instrumens
des Javans, ressemblent à ceux des
Persans, comme l ’a très-bien remarqué
Josuat-van-Iperen, dans son Bégin
van Javansche historié, p. i 64 du 1.1
Tome I.
des Verhandelingen van het Bataviaasch
genootschap. &c. (pu Mémoires de-la
société de Batavia). Consultez, sur
la musique des Persans et des Indiens,
les Amoenitates exoticoe de Koempfer,
p. 740 ; le Voyage du docteur Shatv ,
tome I , p. 3a5 ; celui de Sonnerat,
t. I , p. 101 et suiv. édit, in-4°. de
Niebuhr, tome I , p. 1 15, et les Asia-
tich researches , ou Transactions of the
society etablished in Bengal, &c. Calcutta,
1788 , tome I , p. 5.QO. Note du
rédacteur.
LU