
découvrir quelques plantes rares sur lés bords : ayant ôté mes
souliers et mes bas, j ’y parvins assez heureusement pieds nuds;
mais j’eus bien plus de peine à descendre, en me laissant glisser
sur le derrière; car je n’avois pas d’autre moyen. Je ne trouvai
d’autre singularité dans cette grotte que sa forme et la difficulté
de son entrée. Elle a deux brasses de largeur, sur autant de
hauteur, et se trouve dans le milieu du rocher à vingt aunes
suédoises de sa base. Il n’y avoit dans l’intérieur qu’une hirondelle
morte.
Les autruches sont assez communes dans les environs : on dit
qu’un mâle fait-son nid avec trois ou quatre' femelles à la' fois,
lesquelles pondent ensemble vingt ou trente oeufs : elles les
couvent tour-à-tour dans un nid qu’celles creusent en grattant
dànsle sable ; mais si quelqu’un met la main dans leur nid, elles
s’en apperçoivent à l’odeur, et vont pondre ailleurs : elles cassent
même, avec leurs pieds, les oeufs qu’on peut y avoir
laissés, —
Les plaines sablonneuses et basses ne sont ornées de fleurs
qu’au printems et au commencement de l ’été. Elles montent
en graines, dès que la sécheresse et les vents du sud-est se
font ressentir. La graine se trouve’dispersée , ’ avant d’être
parvenue à sa pleine maturité; et j’ai été plus d’une fois oblige
d’en ramasser de semblable pour les jardins botaniques d’Europe,
sur-tout celles des plantes éphémères : il falloit alors les faire
mûrir et sécher sur du papier.
Le 3o , nous remontâmes à cheval pour aller à Honing-Klip (1 ),
ferme qui appartient à Nicolas Klein.
Nous vîmes ici les choucas ou corneilles (2), perchées sur
le dos des vaches, et leur chercher lesunites (3) , qui les incom(
3) Rocher à miel.
(2) C o r v u s H o t te n to tu s .
(3) A c a r i .
modent beaucoup. Elles ont la fâcheuse habitude de manger le
froment dès qu’il est semé.
On avoit "apprivoisé dans cette ferme , une gazelle grise (1),
à-peu-près de la taille et de la .'force . d’un agneau médiocre ;
elle avoit été prise dans la plaine de sable. On prétend que
quand ces gazelles sont poursuivies , elles cachent leur tête ,
et croient n’être plus vues. C’est pourquoi elles ne Sortent pas
volontiers de leur buisson, à moins qu’on n’ en approche de très-
près.?;'
Les buissons de ces plaines de sable sont petits, et composés
déplantés déliées, hautes 'au plus de deux aunes suédoises.
Leur tige est quelquefois, si mince et leurs branches si menues ,
qu’elles ne peuvent servir pour le chauffage. Cependant ils offrent
un asyie au gibier, et m’ont donné souvent de la mauvaise
humeur , parce.que je ne pouvois y retrouver les oiseaux que
j’avois tirés sur leurs branches vacillantes.
Nous, continuâmes notre voyage , en passant près de Patris-
berg , pour aller à la ferme de Péterlospers nommée Ro.
séndal.
Le premier octobre , nous descendîmes dans la ferme d’un
colon du même nom que le précédent. Toute la plaine est renfermée
entre la-baie de Saidanha, et. celle de Sainte-Hélène,
non loin du rivage de lamer. Il est ici bas , rempli de dunes
et de marais (2) , qui se trouvent submergés par les pluies de
l’hiver,, et par les inondations de Berg-rivier (3). :
Nous espérions bien nous rendre le 2 , sur le bord de cette
rivière; il n’y eut pas moyen, à cause de la grande quantité
d’eau répandue .dans ces marais ou vallées : nous ne pûmes pas
non plus aller à la ferme de Melks, parce qu’il faut traverser
la rivière en bateau. Nous nous déterminâmes donc à aller à la
(1) C a p ra y ^ g r e is b o c k }.
(a) Walîey.
(3) Rivière de la montagne,