
partent et arrivent régulièrement, comme celles de terre, à
certaines heures, et ont une destination marquée. Au milieu de
la barque s’élève un mât où l’on attache une corde tirée par un
cheval. Quand le vent, est favorable on hisse la voile et on se
dirige avec le gouvernail. Les passagers ont droit de prëndre
avec eux autant d’effets qu’ils peuvent en porter, sans en payer
le port. Dès que le bateau.] de poste est en chemin, chacun
compte le modique prix de sa place. Cette manière de voyager
n’ est pas plus .dispendieuse que fatigante.
En débarquant àLeyde le 16 octobre, mon premier soin fut de
me rendre chez le professeur David-van-Royen, qui eut la complaisance
de me montrer son herbier, un autre qui lui avoit
été nouvellement envoyé de l’île de Ceylan, et le cabinet d’histoire
naturelle confié à la garde du professeur Allamand. Je
me promenai dans le jardin botanique, où je rassemblai plusieurs
plantes rares pour mon herbier, ainsi que des graines , oignons
et racines pour le. jardin botanique d’Upsal; Celui de Leyde
est environné de trois'côtés par les bâtimens de l’académie , les
logemens des professeurs , celui du jardinier , le cabinet d’histoire
naturelle et d’autres bâtimens nécessaires. Le côté où l’on
n’a pas construit d’édifices est ceint d’une muraille. Je remarquai
, entre autres choses, un herbier qui servoit pour les leçons ,
et qui avoit éjé recueilli de toutes les plantes élevées dans'le
jardin ; preuve non équiveque du zèle du professeur pour la
science qu’il cultive, et pour l’avancement des élèves dont il
est chargé. Le jardinier, nommé Nicolas Meerburg, me montra
d’ excellentes collections' qui lui appartenoient, telles que des
plantes, des animaux conservés dans l’esprit-de-vin, et des
insectes, Je lui achetai ou je troquai avec lui dès papillons des
Indes orientales et occidenales.
L ’université est divisée en plusieurs salles-ou classes ; les
chaires sont.petites etles banquettes des auditeurs garnies d’un
pupitre sur le côte. La bibliothèque , quoique belle, ne me parut
1770. S É J O U R EN H O L L A N D E . i 5
ni grande, ni magnifique. Il y a un catalogue imprimé (1) ; au-
dessous" est situé le cabinet cl7anatomie.
Je rendis une trop courte visite au bibliothécaire Gronovius ,
homme profondément savant, mais malheureusement un peu
avancé en âge. Je ne saurois trop me louer de P accueil flatteur
dont il m’honora 5 il me fit le plus pompeux éloge du savant assesseur
Swedenborg, qui, quelques semaines auparavant, avoit
passé par la Hollande pour aller en Angleterre.
Je me rendis ensuite chez le conseiller Scabinus Gronovius,
personnage aussi gai que savant. Ses occupations ne l’empêchèrent
pas de me montrer ses estimables collections de coraux, de
poissons, d’amphibies, de vers , d’insectes, de pierres , de plantes
et de livres. Les flacons qui renfermoiënt les animaux conservés
dans l’espnt-de-vin, étoi’ent couverts d’une plaque* de verre ,
scellée d’une cire rouge dont il me donna la composition j elle
est si bonne , que depuis sept ans que ces flacons n’avoient pas
été remplis , l’ esprit-de-vin ne paroissoit pas avoir souffert une
évaporation considérable. Il faut faire l’opération du remplissage
dans l ’été, et non pas au printemps, afin .que l’air ne fasse pas
Casser la plaque de verre. Je retrouvai, dans sa* collection dë
minéraux , ceux que M. Gother lui avoit envoyés de Suède. En
parlant des minerais de fer , il me dit qu’il regardoit comme fer
natif tout celui qui étoit sensible à l’aimant.
Les maisons de Leyde ressemblent à celles d’Amsterdam, avec
(1) En 1716 , et augmenté d’un supplément
en 17 4 1, in-fol; 1 vol. Cette
bibliothèque est enrichie des manuscrits
orientaux de Scaliger , d’Erpe-
nius, de Golius, de Warnier, et de
plusieurs autres saVans orientalistes
qui ont légué leurs bibliothèques à
l ’université de Leyde. Ces manuscrits
sont d’autant plus précieux, que la plupart
ont été compulsés et chargés de
notes marginales par les propriétaires
même. J’observerai en passant, que les
notices des manuscrits persans ne sont
pas 3 à beaucoup près , aussi bien faites
que celles des autres manuscrits orientaux.
Il y a des bévues qui prouvent
que l’auteur n’avoit pas les premières
notions de la littérature , n i . même de
là langue persane. Note du rédacteur.